Voici pourquoi Zynga ferme ses data centers et bascule sur Amazon

Anicet Mbida
Publié le 11 mai 2015 à 18h17
Plusieurs startups abandonnent les services cloud d'Amazon, pratiques mais chers à l'usage. S'appuyer sur sa propre infrastructure serait bien plus économique... ou pas.

La volte-face a de quoi surprendre. En 2009, l'éditeur Zynga s'affichait comme l'un des principaux clients des services cloud d'Amazon. Deux ans plus tard, il investit 100 million de dollars dans la construction de ses propres data center. Objectif : s'affranchir d'Amazon et réduire ses coûts. Mais en début de mois, patatras ! Le créateur de Farmville ferme ses data centers et annonce un retour sur Amazon.

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La raison de ce retour en arrière ? Une fois de plus, la réduction des coûts. Zynga multiplie les pertes ces derniers temps. Sa croissance, phénoménale à l'époque des jeux Facebook, plafonne depuis le passage au jeu sur mobile. Pour se relancer, il a récemment présenté un plan d'économies. Or la gestion d'un data center coute cher. Elle demande du personnel qualifié et de gros investissements en capital. Aujourd'hui, cette activité n'est plus jugée stratégique par ses dirigeants. « Nous ne réaliserons jamais les économies d'échelles d'un Amazon » explique, sommairement, Mark Pincus PDG de Zynga.

Dans le même temps, plusieurs jeunes pousses quittent les services cloud d'Amazon jugés trop chers, et privilégient des data centers privés. PictureLife, le service de stockage de photos, par exemple. Son fondateur Nate Westheimer, assure avoir payé près d'un million de dollars en stockage sur l'année 2014. Une somme difficile à assumer pour une startup d'à peine 3 ans. On se souvient qu'Everpix, un autre acteur du stockage de photos, s'était fait hara-kiri fin 2013, incapable de payer ses 35.000 dollars de stockage mensuels.

Aubaine ou handicap pour les startup ?

Alors après avoir dépensé « plusieurs dizaines de millions » par mois en optimisation du stockage, PictureLife, étranglé, finit par jeter l'éponge. En janvier 2015, la société est revendue à StreamNation. La première décision sera de basculer l'ensemble des données sur le cloud de StreamNation. « Quelques mois après, on constate déjà une baisse notable de nos coûts » se réjouit PictureLife dans un communiqué.

Qu'en déduire ? Les services cloud de type Amazon, Google Cloud ou Microsoft Azure sont-ils une aubaine ou un handicap pour les jeunes pousses ? Difficile de trancher. Sans le stockage Amazon S3, par exemple, Dropbox n'aurait probablement jamais vu le jour. Toutefois, une chose est sûre : les prix de ces services ne baissent pas aussi rapidement que celui des technologies sur lesquelles ils sont bâtis.

La concurrence aidant, les particuliers ont bénéficié d'une chute régulièrement du prix du stockage en ligne. Mais côté entreprises, les services d'Amazon sont longtemps restés inégalés. Il aura fallu attendre le printemps 2014 et une guerre des prix initiée par Google, pour voir enfin les factures baisser. Une véritable aubaine pour les startups en manque de capital. Elles peuvent se concentrer sur leur croissance sans s'embarrasser de la gestion de data centers.

Au-delà d'une certaine échelle néanmoins, transférer tout ou partie sur des data centers privés devient plus économique. L'exemple de Dropbox est éloquent. Sa baisse de tarifs lors de l'été 2014, n'était envisageable qu'après un changement d'infrastructure. Au départ, l'ensemble de son stockage reposait sur Amazon S3, depuis il s'appuie sur « un prestataire de services », dont le nom n'est plus précisé.

Où Dropbox stocke les données ? La page au printemps 2014... la même quelques mois plus tard.
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Dropbox aurait ainsi basculé sur une approche hybride, mélangeant l'offre cloud publique d'Amazon et des serveurs gérés en propre. Box et d'autres gros consommateurs suivent aujourd'hui une approche similaire. Ils sont évidemment poussés par Microsoft, IBM et Google pour qui le cloud hybride et la guerre des prix sont les meilleurs leviers pour gagner des parts de marché sur Amazon.

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Anicet Mbida
Par Anicet Mbida

On me présente souvent comme le vétéran de l'informatique et des nouvelles technologies. Ma plus grande fierté ? Avoir gagné le concours des "Deux Lignes" d'Hebdogiciel dans les années 1980 et d’avoir développé des jeux pour UbiSoft quand ils étaient encore installés à Créteil dans le Val de Marne. C’est totalement par hasard que j’ai bifurqué journaliste informatique en 1994, dans un titre de presse professionnelle qui plus est (01 Informatique). Une formidable expérience qui m’a permis de commenter toutes les transformations de ces vingt dernières années et d’interviewer les plus grands : Steve Jobs, Bill Gates, Andy Grove, John Chambers, Larry Ellisson, etc. Ce qui me passionne ? L’impact social des technologies : la façon dont Internet a changé notre façon de draguer, d’acheter, de s’informer ou de se distraire. Ce portable, dernier objet que l'on regarde avant de se coucher, le premier au réveil. C’est probablement pourquoi j’ai créé la chronique Culture Geek sur BFM TV en 2009. Et même si certains ne me connaissent aujourd'hui qu'à travers ce miroir grossissant de la télévision, l’essentiel de mon métier, de mon ADN, a toujours été lié à la presse écrite. Hier comme rédacteur en chef adjoint de 01Net et de 01 Business et Technologies, aujourd'hui comme Rédacteur en Chef de Clubic Pro. N’hésitez pas à me contacter. J’essaie, dans la mesure du possible, de répondre à tout le monde.

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