Cette fois-ci, c'est l'Anti-Defamation League (ADL), une organisation de lutte contre l'antisémitisme, qui se retrouve dans le collimateur de l'homme d'affaires. Celui-ci accuse l'association d'avoir fait fuir les annonceurs de Twitter depuis son acquisition du réseau social.
L'ADL est une organisation d'envergure : 29 antennes réparties aux États-Unis et 3 dans d'autres pays. Sa mission principale est de proposer un soutien aux Juifs contre l'antisémitisme ou toute autre forme de discrimination. Historiquement, elle a combattu fermement de nombreuses organisations politiques ayant menacé les Juifs. De manière plus contemporaine, elle lutte contre les courants extrémistes qui subsistent encore. Après avoir menacé Microsoft, c'est le 4 septembre qu'Elon Musk a annoncé sur X.com (anciennement Twitter) qu'il songeait à déposer une plainte contre l'ADL. La raison ? Il la tient responsable de la fuite des annonceurs sur le réseau social X.com.
Des préoccupations concernant la modération des propos antisémites sur X.com
L'ADL regarde le réseau social d'un mauvais œil depuis un bon moment. L'organisation considère que la modération des contenus antisémites sur la plateforme est largement insuffisante. Pour appuyer ses propos, elle avait organisé un test en 2016 pour démontrer que les messages antisémites faisaient preuve d'une modération vraiment (trop) légère. Début 2023, elle a établi un rapport qui révélait que sur la totalité des messages signalés pour antisémitisme, moins d'un tiers étaient correctement modérés.
Toutefois, Jonathan Greenblatt, directeur de l'ADL assure s'être entretenu la veille du tweet d'Elon Musk avec Linda Yaccarino, directrice générale de X.com. Il déclare avoir eu une discussion « franche et constructive » avec elle, et avoir exprimé sa bonne volonté de donner une chance à Musk et à Yaccarino si la situation s'améliorait. Il se réserve néanmoins le droit de les critiquer si celle-ci n'évoluait pas dans le bon sens.
Les raisons de la baisse des revenus publicitaires sur X.com
Elon Musk, comme à son habitude, ne mâche pas ses mots et a soutenu une campagne anti-ADL sur X.com, lancée par certains activistes de l'alt-right américaine qui ont vu leur compte sur le réseau social réactivé. Ainsi, le mot-clé « #bantheADL » a été lancé, et plusieurs messages de différents suprémacistes américains ont été likés par Musk. Ce dernier a affirmé à l'écrit que « l'ADL a tenté d'étrangler X/Twitter » tout en exprimant trois jours plus tard « être pour la liberté d'expression, mais contre l'antisémitisme sous toutes ses formes ». Selon lui, une baisse de 60 % des revenus publicitaires aux États-Unis est observable, et l'ADL en serait la directe responsable.
Le son de cloche est évidemment tout autre du côté de l'ADL, qui assure de son côté que la baisse des revenus aurait eu lieu plusieurs mois avant l'établissement du rapport de l'ONG. Elle explique cette décroissance par le départ des gros annonceurs, lassés du relâchement des règlements encadrant la modération. Elle pointe aussi du doigt les déclarations fantaisistes régulières de Musk et la trop grande mise en avant du service d'abonnement payant Twitter Blue. Ce sera donc à la justice de trancher si la procédure venait à se déclencher.
- Instantané dans l'information
- Messages courts
- Hashtags, tendances, tweet et retweet
Source : Le Monde