Marie-Françoise Marais, la présidente de l'Hadopi, a profité de la réunion de présentation de la future campagne de publicité de son organisation pour répondre à une question de la Tribune, portant sur les chiffres de la Commission de protection des droits (CDP), l'organe que les ayants-droits peuvent saisir pour déclarer une infraction.
L'Hadopi avait mis du temps à démarrer, selon sa présidente, qui déclare avoir réalisé « 18 mois de travail acharné, » entre publication des décrets, recrutements, mise en place des dispositifs de surveillance, de promotion de la création, et du système de répression. Mais alors que 70 000 emails seulement avaient été envoyés en janvier dernier, le nombre de "recommandations" adressées par voie électronique ont fait un bond depuis, atteignant les 400 000 pour le premier envoi.
Les relances par lettre recommandée sont beaucoup moins élevées, selon l'Hadopi, avec 4 500 courriers adressés. On reste dans tous les cas assez loin des 10 000 emails quotidiens annoncés d'ici la fin du mois de juin. Marie-Françoise Marais, sur la défensive quand il s'agit d'évoquer le volet répressif de l'Hadopi, est assez rapidement passée sur ces chiffres. Il faut dire qu'à la réunion d'hier soir, la volonté était de donner une image plus positive de la haute autorité, et donc d'insister sur le soutien à la création.
La présidente de l'Hadopi s'est d'ailleurs voulue très claire sur les suites apportées à ces lettres recommandées : si plusieurs dizaines de personnes ont fait l'objet d'une troisième détection pour un envoi illégal de fichier, les dossiers, eux, « ne seront pas transmis au juge. » La loi prévoit pourtant que les personnes attrapées une troisième fois soient convoquées en justice pour une éventuelle suspension de ligne ou amende. Selon le Figaro, qui révélait la veille des chiffres un peu différents, la décision de ne pas donner suite en justice a été prise pour permettre d'entendre les mis en cause. En cause : plusieurs personnes auraient partagé des fichiers illégalement sans le savoir, parce qu'ils n'avaient pas été supprimés de leur disque et étaient envoyés automatiquement au lancement d'un logiciel de peer-to-peer.