Après la naissance d'une polémique au sujet de l'utilisation de photos publiques par IBM pour ses algorithmes de reconnaissance faciale, l'association Creative Commons a réagi. Selon elle, le droit d'auteur ne protège ni les photographes, ni les modèles, contre ce type d'usage. L'organisation appelle les pouvoirs publics à agir dans ce domaine.
Il y a quelques jours, NBC a révélé qu'IBM avait recours à des millions de photos issues de collections publiques. Et ce, pour entraîner ses algorithmes d'intelligence artificielle, dédiés à la reconnaissance faciale. Une pratique qui a fait grincer des dents, mais qui n'enfreindrait aucune règle en matière de copyright.
Le copyright ne protège pas la vie privée
En effet, les photos exploitées sont protégées par une licence « Creative Commons ». De façon générale, ce dispositif a été créé pour permettre à des ayants droit de libérer leurs œuvres des contraintes associées à la propriété intellectuelle. On retrouve notamment ces licences sur de multiples photos présentes sur Wikipedia. Dans de nombreux cas, elles permettent de réutiliser ces images, en créditant leur auteur et en ajoutant un lien vers la licence.Se posait donc la question de savoir si l'exploitation de ces millions de photos par IBM pouvait représenter une atteinte à ces règles. Mais ce n'est pas le cas, d'après Ryan Merkley, Directeur de l'association Creative Commons, qui régit ces licences. Selon lui, « le droit d'auteur n'est pas un bon outil pour protéger la vie privée des individus ». Il n'y a donc pas de violation des licences Creative Commons, dans la mesure où les questions soulevées ici appartiennent à une autre sphère.
Une question d'ordre politique
Merkley ajoute même que les règles éditées par son association ne dépendent aucunement de la technologie ou de la finalité de l'utilisation. La licence Creative Commons ne s'applique donc pas différemment pour de la reconnaissance faciale.Par conséquent, cela laisse peu de recours à des personnes s'estimant lésées de voir leurs photos utilisées par IBM. Et cela concerne aussi bien les auteurs des clichés que les individus y apparaissant. À moins qu'une nouvelle loi concernant l'intelligence artificielle ne vienne limiter cet usage.
C'est justement ce qu'appelle Ryan Merkley de ses vœux, en estimant que « ces problématiques appartiennent au domaine de compétences des pouvoirs publics ». En attendant, IBM laisse tout de même la possibilité aux photographes qui le souhaitent de voir leurs œuvres supprimées des bases de données exploitées par l'entreprise.
Source : The Verge