Le cas d'un utilisateur américain de Megaupload désireux de récupérer ses données stockées sur les serveurs de Carpathia Hosting soulève aujourd'hui une question auprès de la justice américaine : celle du coût financier de la récupération des fichiers légaux par leurs propriétaires. Qui devrait supporter le prix d'une telle opération ?
En fin de semaine dernière, les procureurs fédéraux américains ont répondu à une motion déposée en mars dernier par l'Electronic Frontier Foundation au nom de Kyle Goodwin, un blogueur sportif ayant perdu énormément de ses vidéos stockées sur Megaupload. Pour les autorités américaines, « L'accès aux fichiers n'est pas la question ». « Le problème, c'est que le processus d'identification, la copie et l'envoi des données à M. Goodwin serait excessivement coûteux, et M. Goodwin demande au gouvernement, à Megaupload, à Carpathia, ou quelqu'un d'autre que lui-même, de supporter ce coût. »
En somme, si permettre aux utilisateurs de Megaupload de récupérer leurs fichiers est une possibilité de plus en plus évoquée - et autorisée par la MPAA, jusque-là réticente - c'est l'aspect financier d'une telle démarche qui est aujourd'hui en suspens. Les autorités américaines ne souhaitent visiblement pas payer pour proposer un tel service, et estiment, par ailleurs, que la perte des fichiers de Kyle Goodwin n'est pas un « préjudice irréparable », financièrement parlant.
« La raison pour laquelle la perte financière ne constitue pas un préjudice irréparable, c'est que M. Goodwin a un recours juridique pour les récupérer » explique Neil MacBride, le procureur général en charge du dossier. « Si MegaUpload (en ne préservant pas les données sur les serveurs loués) ou Carphathia (en mettant fin à la location et en choisissant de bloquer l'accès aux serveurs) n'ont pas respecté leurs contrats avec M. Goodwin, il peut les poursuivre pour obtenir compensation. »
En d'autres termes, les autorités américaines encouragent les utilisateurs de Megaupload à poursuivre le service ou son hébergeur en justice pour demander réparation, car elles estiment qu'ils sont fautifs dans l'affaire, et pas le FBI qui a stoppé le fonctionnement du service.
Si elle était validée par la justice américaine, cette proposition permettrait aux autorités du pays de s'éviter de coûteux frais et sans doute un bon nombre de poursuites judiciaires, alors que Megaupload et Carpathia pourraient de leur côté en payer les pots cassés. Rappelons que le service d'hébergement débourse actuellement 9000 dollars par jour pour préserver les 25 pétaoctets de données de Megaupload, qui n'a, de son côté, plus les fonds nécessaires pour racheter les 1 103 serveurs sur lesquels elles sont stockés. Un cercle vicieux qui dure depuis déjà 6 mois.