Lors de la fermeture de Megaupload en janvier 2012, les 1 103 serveurs américains de Carpathia Hosting n'ont pas été les seuls à être mis hors services : 32 serveurs présents dans un datacenter d'Equinix, au Canada, ont également fait les frais de la fin du service de stockage. Jusque-là laissé de côté par les autorités américaines, ces quelques dizaines de serveurs sont aujourd'hui l'objet de convoitises à l'approche de la tenue d'un procès aux Etats-Unis.
Les autorités américaines ont, par conséquent, demandé à leurs homologues canadiens à récupérer les 32 serveurs pour en étudier le contenu : une requête à laquelle se sont opposés les représentants de Megauplad, l'avocat Ira Rothken en tête. Selon lui, les serveurs contiennent principalement les fichiers stockés par les utilisateurs, et les consulter constitue une violation de la vie privée.
Une réflexion que partage visiblement le tribunal de l'Ontario, puisque ce dernier a finalement refusé d'envoyer les serveurs aux Etats-Unis, avant de déterminer ce qu'ils contiennent. « Le juste équilibre de l'intérêt de l'Etat dans la collecte des preuves et des intérêts de la protection des informations privées peut être brisé par une ordonnance permettant l'envoi des serveurs au tribunal [...] Pour que le tribunal décide s'il peut rendre ou non une ordonnance, il doit définir ce qui peut être envoyé » explique un document publié par la Cour.
Un expert indépendant sera donc prochainement nommé par les autorités canadiennes, en vue de déterminer si le contenu des serveurs peut être utile dans le cadre de l'enquête américaine. « Nous sommes heureux que la Cour canadienne ait rendu une décision qui protège la vie privée des utilisateurs de Megaupload » a commenté l'avocat Ira Rothken à TorrentFreak. Ce dernier met en garde les utilisateurs de services dans le cloud, leur conseillant de systématiquement chiffrer leurs données. Un conseil qui tombe plutôt bien puisque c'est ce que Mega, l'héritier de Megaupload, proposera dans quelques jours... pendant ce temps-là, les données des utilisateurs du service, mis hors ligne le 19 janvier 2012, dorment toujours sur des centaines de serveurs.