Elon Musk à VivaTech le 16 juin 2023 © Alexandre Boero pour Clubic
Elon Musk à VivaTech le 16 juin 2023 © Alexandre Boero pour Clubic

Elon Musk a fait sensation à VivaTech vendredi, non sans évoquer les activités et l'avenir de ses entreprises, parmi lesquelles Twitter, Tesla, SpaceX, sans oublier un avis bien tranché sur l'intelligence artificielle.

Entrant sur quelques pas de danse et une ambiance digne des grandes heures des keynotes Apple, bottes aux pieds, Elon Musk a fait fureur, vendredi après-midi, sur la scène du Dôme de Paris (le Palais des Sports) à VivaTech. Outre l'aspect exceptionnel de l'évènement, qui aura laissé sur le carreau des centaines de personnes ayant pourtant fait la queue dès le matin sous le feu parisien, Clubic, qui a pu assister à cette conférence en bonne place, a décortiqué à froid quelques-unes des déclarations de l'homme redevenu le plus riche du monde. Morceaux choisis.

Twitter : « c'était cher », et refus de la censure

Elon Musk a racheté Twitter l'an dernier pour la coquette somme de 44 milliards de dollars. « C'était cher », s'est amusé le milliardaire lorsqu'il a été lancé sur le sujet par Maurice Lévy, le grand manitou de Publicis, organisateur de VivaTech. « Si je suis si intelligent, pourquoi ai-je payé aussi cher pour Twitter ? », a-t-il lancé à la foule, avec effet garanti.

Elon Musk à VivaTech le 16 juin 2023 © Alexandre Boero pour Clubic
Elon Musk à VivaTech le 16 juin 2023 © Alexandre Boero pour Clubic

Plus loin dans la conférence, l'homme d'affaires a été questionné sur la modération des contenus et l'intérêt d'une plus forte régulation, qu'il ne souhaite clairement pas, évoquant le fait « qu'il y a déjà beaucoup de réglementation ». M. Musk affirme que Twitter a supprimé 90 % des spams et bots, et 95 % des contenus pornographiques et pédopornographiques.

En outre, il a ajouté avoir voulu racheter Twitter car il estimait que le réseau social avait une « influence négative sur la société civile, et tout ce qui met à mal la civilisation est mauvais. Il fallait changer le cap, et faire en sorte que Twitter soit une force positive », provoquant alors les applaudissements d'un public visiblement conquis.

Faisant le lien entre le présent et l'avenir, le patron de Twitter s'est dit confiant sur l'avenir de la plateforme, évoquant une croissance du nombre d'utilisateurs « de semaine en semaine » et confirmant un retour des annonceurs. Face à Christel Heydemann, la patronne d'Orange, il a rappelé son souhait de préserver la liberté d'expression : « si seulement on peut dire des choses qui dérangent, car sinon il n'y a pas d'intérêt à promouvoir la liberté d'expression. L'inverse ? Ça s'appelle la censure ».

Tesla : une success story que Musk ne soupçonnait pas

EV1 fut la première voiture électrique créée par General Motors et commercialisée fin 1996. « Je pensais que ce n'était qu'un début et qu'il y aurait d'autres séries, mais pour des raisons que je ne comprends pas, GM a rappelé toutes ses voitures », rappelle Elon Musk, « estomaqué » par cette situation à l'époque.

L'entrepreneur a par ailleurs confié qu'il avait estimé au départ à « 10 % » seulement les chances de succès de Tesla et de Space X. « Au moment où nous avons lancé Tesla, il n'y avait pas d'entreprise dans ce secteur, aucune start-up pour travailler sur cette technologie du véhicule électrique ». Il ne s'attendait d'ailleurs pas non plus à une telle valorisation boursière de Tesla.

SpaceX : une conquête spatiale assumée

Concernant Space X, Elon Musk a rappelé sa volonté de créer une vie « multi-planétaire », autrement dit d'avoir une vie au-delà de notre planète. À ce sujet, il a plutôt eu une réflexion intéressante, presque spirituelle. « Je pense que nous sommes les seuls êtres conscients de cette galaxie, ce qui donne à penser que cette lumière de conscience représente une petite bougie dans un noir assez vaste, et que nous devons tout faire pour éviter de l'éteindre. Nous devons agir afin que notre planète reste saine, et essayer la vie ailleurs. »

Elon Musk a aussi évoqué les négociations menées avec la Russie en 2001 pour racheter deux de leurs plus grands missiles, avec sa volonté d'améliorer les méthodes utilisées pour faire baisser les coûts des fusées. Un projet qui est, lentement mais sûrement, en train de devenir une possible réalité.

IA, OpenAI et régulation : Elon Musk clarifie ses propos

« Je pense qu'on devrait interrompre les événements », confie Elon Musk au sujet de l'IA, lui qui fut l'un des cofondateurs d'OpenAI, devenu un acteur de référence de l'intelligence artificielle générative, avec son modèle GPT. « Il y a danger avec la super intelligence, avec de potentielles conséquences terribles », ajoute-t-il, appelant une nouvelle fois à une régulation de l'IA, « ce en quoi je crois ». Et Musk de terminer, « parce que l'IA est un risque, il faut un arbitre : les autorités de réglementation ». Le message est passé.

Entre Starlink, Neuralink et petites phrases

Interrogé sur le conflit en Ukraine, Elon Musk a évoqué une « situation très complexe », précisant que Starlink et ses antennes ont joué un rôle crucial dans le pays, en étant devenu aujourd'hui « la colonne vertébrale du système de communication ukrainien ».

Sur les puces Neuralink, destinées à être implantées sur des patients humains pour soigner certaines pathologies et qui ont récemment reçu l'autorisation des autorités américaines, Elon Musk a parlé d'un déploiement lent et progressif. « Cette année, nous mènerons notre première implantation sur une personne tétraplégique ».

Quelques petites phrases tirées de la conférence, pour finir en beauté :

Elon Musk et Maurice Lévy © Alexandre Boero pour Clubic
  • « Zut alors ! », sont les premiers mots lâchés en français par Elon Musk sur cette heure de conférence.
  • « Je ne suis définitivement pas méchant, je ne suis pas le mal », a-t-il répondu, sur le phénomène qu'il est devenu et les critiques dont il fait l'objet.
  • « Mon inspiration ? La méthamphétamine. Ça me motive, ça donne des ailes ». Évidemment, il n'a pas manqué de préciser qu'il s'agissait d'une « blague ». Histoire d'éviter une suite à l'épisode du joint de cannabis fumé en pleine interview.

Elon Musk est définitivement un personnage à part. Souvent à l'aise durant cette conférence, il a aussi systématiquement pris son temps pour répondre aux questions posées, hésitant parfois, donnant même l'impression de contrôler un maximum sa pensée. Sur le fond cette fois, Musk a fait du Musk, défendant corps et âme un Twitter sous le feu des critiques comme jamais, ou faisant preuve d'une certaine lucidité sur des sujets comme l'intelligence artificielle.

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