« La Grande-Bretagne n'est pas un Etat qui essaie de chercher les emails de tout le monde et viole leur vie privée », affirme David Cameron. Des propos qui contrastent fortement avec les révélations d'Edward Snowden, ancien analyste à la NSA. En décembre 2013, nous apprenions que la GCHQ (Government Communications Headquarters, services de renseignements britanniques), accompagnés par la NSA, se sont infiltrés sur différentes plateformes de jeu en ligne dont World of Warcraft, Second Life, ou encore le Xbox Live. En février dernier, un document révélait que les deux agences avaient pénétré les réseaux informatiques du premier fabricant de cartes SIM dans le monde, Gemalto, en s'offrant un accès aux clients de 450 opérateurs. La GCHQ a également pris part au reverse engineering des logiciels antivirus.
La question du terrorisme est bien entendu soulevée à nouveau et le magazine Politics.co.uk rapporte les propos de David Cameron, qui affirme ainsi : « Nous souhaitons simplement nous assurer que les terroristes n'aient pas de lieux sûrs au sein desquels ils peuvent communiquer ». L'homme explique que les services Internet, tels que réseaux communautaires, les fournisseurs de messagerie ou d'espace de stockage doivent donner accès aux données de l'utilisateur en clair dans le cadre d'une enquête.
Cela signifie que les grandes sociétés high tech, qu'il s'agisse de Facebook, Apple, Google, ou WhatsApp, devront donc laisser une porte d'accès aux autorités. Le débat n'est pas nouveau puisqu'il a actuellement lieu aux États-Unis. La société Yahoo! s'y était publiquement opposée. Alex Stamos, anciennement responsable de la sécurité de la société expliquait que si une porte d'accès devait être mise en place pour le gouvernement américain, il pourrait très bien en mettre une pour la Chine, la Russie ou l'Arabie Saoudite.
En France, le projet de loi sur le renseignement a été adopté par l'Assemblée Nationale et une nouvelle fois, pour le Premier ministre Manuel Valls, c'est le terrorisme qui justifie la mise en place d'une plus grande flexibilité pour les agences de renseignements. Dans une tribune envoyée à Libération, Edward Snowden affirmait : « Les chefs des services secrets en Australie, au Canada et en France ont exploité des tragédies récentes afin d'essayer d'obtenir de nouveaux pouvoirs intrusifs, malgré des preuves éclatantes que ceux-ci n'auraient pas permis d'empêcher ces attaques. »
Interrogé à ce sujet par nos soins en mai dernier, Andy Yen, cofondateur de la messagerie sécurisée ProtonMail déclarait pour sa part :
« Que cela plaise ou non, les terroristes utiliseront ces outils comme n'importe qui d'autre. Ce n'est pas parce que les terroristes utilisent le métro que l'on va fermer ce dernier. Si l'on considère la situation de manière rationnelle, les apports du chiffrement pour protéger sa vie privée sont plus importants que le risque qu'un terroriste fasse usage de ProtonMail.
Les terroristes ont utilisé des moyens de communication secrets bien avant l'existence de ProtonMail. Nous n'avons rien changé. En revanche ce que nous avons fait, c'est donner à des millions de gens à travers le monde une manière simple et pratique pour retrouver leur vie privée. »
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