Quand Julian Assange fait un communiqué de presse pour annoncer sa reddition en cas de rejet de sa plainte (voir Julian Assange se rendra si l'ONU ne lui donne pas raison), il y a fort à parier qu'il connaissait à l'avance les conclusions du groupe de travail de l'ONU. C'était sans doute le cas, puisque les experts ont rendu leur « verdict » le 22 janvier dernier.
Ce groupe de travail déclare la détention d'Assange illégale, estimant qu'il avait été « arbitrairement détenu ». Ce comité demande aux autorités suédoises et britanniques de mettre fin à sa détention et de respecter son droit à être indemnisé.
Ces conclusions devaient être rendues publiques ce matin, mais le ministère des Affaires étrangères de Suède a devancé l'annonce officielle, reprenant ainsi la main dans cette bataille de communication.
Julian Assange n'espérait en effet certainement pas être libéré en déposant cette plainte : le groupe de travail de l'ONU n'a aucun pouvoir contraignant, et ne peut rien imposer à la Grande-Bretagne ou à la Suède, visés par la plainte. En revanche, Assange a désormais pour lui ce qu'il désignera sans doute comme un soutien de la part de l'ONU, et plus précisément de la partie de l'institution mondiale qui est en charge des droits de l'homme. Ce qui renforce indéniablement le statut de victime que lui et ses avocats font valoir depuis presque quatre ans.
Son communiqué de presse d'hier était d'ailleurs tout à fait calculé : en affirmant qu'il était disposé à se rendre en cas de rejet de sa plainte (ce qui n'était pas le cas, et il le savait sans doute), en réclamant son passeport, il a essayé de donner un poids très officiel au rapport du groupe de travail de l'ONU, mettant ainsi encore davantage en avant son statut de victime.
Le communiqué de presse de Wikileaks, qui indiquait que le groupe de travail « ordonnera qu'il soit libéré immédiatement et reçoive un dédommagement », jouait sur les mêmes artifices rhétoriques.
Finalement, si Assange remporte ici une victoire diplomatique et profite d'un coup de communication bien ficelé, il restera pourtant bel et bien à l'ambassade d'Équateur jusqu'à un réel dénouement. Bien malin celui qui peut dire si et quand cela arrivera.