Face au possible regroupement de France Télévisions, de Radio France, de l'INA, de France Médias Monde et d'Arte en holding, la chaîne franco-allemande affirme sa position.
Le joyeux monde de la télévision publique tel qu'on le connaît affronte de sérieuses turbulences. Outre la suppression de redevance audiovisuelle potentielle, proposée par le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin au président de la République et au Premier ministre, une grande réforme se prépare : celle de l'audiovisuel public. Cette dernière, qui sera probablement présentée en juillet par le ministre de la Culture Franck Riester en Conseil des ministres, suscite la vive inquiétude de la chaîne culturelle Arte.
Une réforme économique
Le gouvernement étudierait la possibilité de réunir l'ensemble des entreprises de l'audiovisuel public, c'est-à-dire France Télévisions, Radio France, l'INA, France Médias Monde et Arte, sous un holding qui permettrait à l'État de réaliser de nouvelles économies. Cela aurait pour conséquence la création d'un conseil d'administration, lui aussi commun, qui aurait tout pouvoir pour nommer les dirigeants de chacune de ces entreprises et pour décider de la répartition des différents budgets.Cette option n'est tout bonnement pas privilégiée par Arte. Nos confrères des Échos nous apprennent en effet que Peter Boudgoust, le président d'Arte GEIE (Groupement Européen d'Intérêt Économique, détenu par Arte France et Arte Deutschland) a pris sa plume pour écrire à Franck Riester le mois dernier. Pour lui, il y aurait une incompatibilité avec les dispositions du traité fondateur de la chaîne franco-allemande.
Arte redoute que son indépendance soit mise à mal
Le principe même du holding pourrait en effet remettre en cause l'indépendance statutaire et éditoriale de la chaîne, qui est selon son propre traité responsable de la « réalisation des programmes [...], la gestion du budget [...], sous la surveillance et le contrôle » d'Arte France et Arte Deutschland. « La direction et la gestion [...] des sociétaires relèvent de leur seule responsabilité », peut-on lire.Du côté de la chaîne, on craint aussi de mettre en péril son avenir au cas où Arte serait intégrée aux autres groupes. Ce n'est pas la première fois qu'Arte fait face à un projet d'intégration. En 2000, la chaîne était parvenue à obtenir gain de cause, alors qu'un projet voulait l'incorporer au groupe France Télévisions. Du côté du ministère de la Culture, le principe d'un holding ne serait « pas acté ».