La remontée d'AMD dans les charts n'est pas passée inaperçue ces deux dernières années. Preuve que la vapeur tend à s'inverser entre un Intel tout-puissant il y a encore trois ans, et un AMD désormais regonflé à bloc par le succès de ses nouveaux processeurs, la firme de Lisa Su affiche une progression notable sur tous les segments du marché CPU.
C'est ce que pointent aujourd'hui les données publiées par Mercury Research, une société spécialisée dans l'étude et l'analyse du marché des processeurs. Si ces chiffres ne spécifient pas encore les retombées précises des ventes de puces Ryzen de troisième génération, note Tom's Hardware, ils illustrent une nette progression d'AMD (en parts de marché) dans les domaines des CPUs pour PC de bureau, pour serveurs, mais aussi sur le segment des puces à vocation mobile.
De manière concrète, l'offre 7 nm et les processeurs Ryzen 3XXX ont permis à AMD de rattraper une partie de son retard face à Intel, et ce, à tous les niveaux sur le marché global du CPU x86. Une performance explicable - et expliquée - par le positionnement tarifaire et technologique des gammes de puces AMD face aux processeurs 14 nm vieillissants d'Intel. Mais attention, AMD n'est pas encore en position idyllique face à son rival historique.
AMD souffre de son succès...
Principal argument d'AMD depuis des mois : sa politique tarifaire raisonnable. Une approche qui a fait mouche en juillet, avec des processeurs Ryzen 3XXX au niveau de l'offre d'Intel pour des tarifs plus abordables, mais qui a aussi placé AMD dans un contexte de forte demande que le groupe a depuis du mal à gérer. Un début de pénurie, observé notamment sur les processeurs Ryzen haut de gamme, qui a contraint AMD à repousser en novembre le lancement de son Ryzen 9 3950X, initialement prévu pour la rentrée.D'après Mark Papermaster, Directeur technique du groupe, la situation va toutefois vers le mieux. Dans une interview accordée ce 6 novembre, l'intéressé a ainsi expliqué qu'AMD avait bel et bien été confronté à une demande plus forte que prévue, mais que la pénurie latente en puces haut de gamme n'était pas liée au supposé retard de production de TSMC (fabricant des puces 7 nm d'AMD). Le problème viendrait simplement d'un problème de « bining ». Autrement dit, AMD rencontrait des difficulté à extraire suffisamment de puces premium de ses wafers pour répondre à la demande. Un souci de « rendement » en cours de résolution, a assuré Papermaster.
AMD pourrait finalement opter pour un tout nouveau socket dédié aux Threadripper de 3e génération
Tandis qu'Intel commence à casser les prix
Reste qu'en face, Intel ne reste pas tout à fait les bras croisés. À défaut de pouvoir immédiatement dégainer son node 10 nm sur l'ensemble des segments (pour l'heure, ces derniers ne sont disponibles que sur laptops au travers des puces Ice Lake-U), les bleus misent sur un positionnement tarifaire revu à la baisse.Conséquence concrète de cette nouvelle posture : la radicale baisse de prix observée sur les nouveaux processeurs HEDT « Cascade Lake-X » de la firme (toujours gravés en 14 nm++). Ces derniers sont jusqu'à 50 % moins chers que les puces HEDT « Skylake-X » d'ancienne génération, elles aussi largement soldées depuis peu. Cette révision des tarifs chez Intel pourrait par ailleurs s'étendre aux processeurs Comet Lake-S, pour ordinateurs de bureau. Attendue en 2020 pour remplacer les actuelles puces Intel Core de neuvième génération, cette nouvelle cuvée pourrait alors gagner sérieusement en compétitivité face à l'offre Ryzen 3XXX d'AMD. D'autant qu'une hausse du nombre de cores et de threads est pressentie.
Pour Tom's Hardware comme pour les analystes de Mercury Research, il en faudrait toutefois plus pour enrailler la dynamique d'AMD.
AMD : des indicateurs dans le vert sur les principaux segments du marché CPU
Et pour cause, sur le marché du processeur de bureau (ces chiffres excluent donc le segment IoT), on apprend qu'AMD détient désormais 18 % de parts de marché, avec une hausse de 0,9 % par rapport au trimestre dernier... et de 5 % vis-à-vis de l'année dernière.Des résultats sur lesquels la firme devrait pouvoir capitaliser avec un Ryzen 9 3900X disponible en plus grande quantité (et donc porteur de croissance pour le trimestre prochain), mais aussi avec l'arrivée imminente du Ryzen 9 3950X et des puces Threadripper de troisième génération. Notons par ailleurs qu'AMD doit aussi renouveler son offre entrée de gamme, avec des processeurs destinés à être vendus en très grands volumes. De quoi titiller Intel pile sur un secteur qui pose problème aux bleus... embourbés depuis des mois dans une pénurie dont on ne voit plus le bout.
Sur le secteur des processeurs pour serveurs, AMD peut aussi se frotter les mains. Le groupe enregistre là aussi une croissance de 0,9 % d'un trimestre sur l'autre et de 2,7 % sur un an. À l'occasion du dernier bilan trimestriel des rouges, Lisa Su (patronne d'AMD), avait par ailleurs indiqué que les expéditions de processeurs EPYC « Rome » (la dernière génération de CPUs pour serveurs, lancée il y a quelques mois, NLDR) avaient abouti à une augmentation de 50 % des ventes trimestrielles. On ignore toutefois quelle portion de ces ventes est prise en compte dans le rapport de Mercury Research
4 % de parts de marché en plus, en un an, pour AMD sur le CPU x86
Sur le troisième trimestre de son année fiscale 2019, AMD rafle enfin 0,7 % de parts de marché supplémentaire en un trimestre sur le secteur des puces mobiles (destinées aux PC portables). Un secteur clé, car permettant des ventes en grands volumes, sur lequel le groupe gagne 3,8 % en un an pour un total de 14,7 % de parts de marché.L'ensemble de ces résultats permet à la firme de Lisa Su de totaliser 15,8 % de parts de marché sur le secteur du processeur grand public et 14,6 % sur le marché global du CPU x86. Cela représente ni plus ni moins qu'une progression de 4,2 et 4 % respectivement.
Source : Tom's Hardware