1 - La 4G, pourquoi, comment ?
2 - Quels sont les acteurs de la 4G en France ?
3 - Où en profiter ?
4 - Quelles sont les performances de la 4G ?
5 - Que va vous apporter la 4G en pratique ?
6 - La 4G, à quels prix ?
7 - Quel matériel compatible ?
Pour bâtir ce réseau, les opérateurs ont fait évoluer leurs infrastructures et installé de nouveaux équipements. Les quatre acteurs du marché français ont donc investi des sommes très importantes : près de 14,5 milliards d'euros sur les deux années précédentes, et plus de 18 milliards d'euros si l'on compte l'argent dépensé pour l'acquisition des licences.
Les attentes sont donc importantes et la communication omniprésente, afin de rentabiliser le plus rapidement possible les sommes mises en jeu. Nouvelle arme commerciale, la 4G doit relancer un marché secoué par l'arrivée de Free Mobile l'an dernier.
Fin 2011, l'Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes a attribué des licences aux opérateurs via un système de vente aux enchères. Ces licences donnent accès à certaines fréquences que Bouygues, Free, Orange et SFR peuvent utiliser pour développer leurs réseaux.
Ces fréquences constituent une grande partie de la bataille qui anime les opérateurs. « Il y aura 4G et 4G, la qualité ne sera pas la même » a déclaré SFR. À grands coups de communication et de quialameilleure4G.com, les opérateurs tentent de convaincre que leurs réseaux seront les meilleurs. A l'image de la grande distribution, les opérateurs sont prêts à en découdre, chacun tirant la couverture à lui, quitte à se confondre en détails techniques. Détails que nous expliquons ici.
En France, la 4G circule sur trois bandes de fréquences :
- La bande des 800 MHz (bande LTE numéro 20), pour laquelle seuls Bouygues, Orange et SFR bénéficient d'une bande de 10 MHz chacun, Free n'ayant pas été retenu à cause d'une enchère jugée insuffisante.
Sachez toutefois que dès que Free couvrira avec son propre réseau 25% de la population française, il bénéficiera d'un droit d'itinérance sur les fréquences de SFR. Une itinérance qui sera probablement proposée à un prix prohibitif au quatrième opérateur et qui ne concerne que les zones prioritaires (peu habitées) qui ne sont pas les plus intéressantes. Pour bénéficier de la bande à 800 MHz, Free devra probablement s'arranger avec Orange, comme il le fait déjà en 3G.
L'enjeu est en effet d'importance, car la bande des 800 MHz est particulièrement intéressante : elle bénéficie en effet d'une atténuation moins marquée et porte donc plus loin, limitant ainsi le nombre de relais et les coûts de déploiement. C'est pourquoi elles sont souvent appelées « fréquences en or ». Sachez toutefois qu'elles font assez mauvais ménage avec la TNT pour certaines d'entre elles (voir Brouillages de la TNT par la 4G : chaînes et opérateurs ne sont pas sur la même fréquence) et que rien n'a jamais montré de manière très claire que cette fréquence était plus intéressante pour couvrir au sein de bâtiments (pour ceux que ça intéresse, vous pouvez vous attelez à cette lecture).
- La bande des 2 600 MHz (bande LTE numéro 7) est destinée à être utilisée dans les villes et les zones urbaines. Son intérêt est moindre puisque son atténuation plus importante, mais les fréquences dans cette zone du spectre sont plus nombreuses.
- La bande des 1 800 MHz (bande LTE numéro 3) enfin, initialement utilisée pour la 2G. Ces fréquences sont hautement stratégiques pour deux raisons. D'une part, nous le verrons plus loin, les smartphones compatibles avec les bandes 800 MHz et 2 600 MHz sont encore peu nombreux (voir plus bas). En revanche, la très grande majorité d'entre eux sont compatibles avec la bande des 1 800 MHz.
D'autre part, il suffit de réutiliser l'infrastructure existante pour utiliser cette fréquence, ce qui donne un avantage à la fois en matière de vitesse de déploiement, mais aussi du point de vue du coût.
Bouygues a obtenu de l'Arcep la réaffectation d'une partie de cette bande (21,6 voire 23,8 MHz) pour déployer la 4G, ce qu'il fera dès le 1er octobre prochain, améliorant ainsi la couverture de sa 4G de manière spectaculaire.
Les licences obtenues par les quatre opérateurs français les contraignent à proposer des taux de couvertures supérieurs ou égaux à 25 % de la population d'ici fin 2015, 60 % d'ici fin 2019 et 75 % d'ici fin 2023. L'Arcep a vu large. En réalité, le déploiement est bien plus rapide.
Depuis fin novembre dernier et l'ouverture de son réseau à Lyon, SFR a équipé 6 nouvelles agglomérations. L'opérateur promet que 48 autres le seront avant la fin de l'année, pour une couverture nationale approchant les 35%.
Orange revendique quant à lui 70 agglomérations, soit plus de 500 communes. D'ici à fin 2013, la couverture de l'opérateur atteindra 40% de la population selon ses dires.
Un chiffre que Bouygues dépasse largement : fort de l'utilisation de la bande des 1 800 MHz, l'opérateur vient d'annoncer qu'il couvrira, au 1er octobre, pas moins de 63% de la population.
Au total et au 1er septembre dernier, ce sont donc environ 8 000 antennes qui ont été installées / équipées par les opérateurs, pour un peu moins de 3 000 mises en service.
Si les perspectives sont relativement claires pour la fin de l'année, que va-t-il se passer au-delà de cette date ? Chez Orange, on est plutôt confiant : « nous avons des équipes chez Orange qui sont capables de déployer un réseau 4G deux fois plus vite qu'elles n'ont déployé un réseau 3G » a déclaré Delphine Ernotte Cunci, la directrice exécutive d'Orange France, à BFM Business. Le directeur technique réseau d'Orange, Jean-Luc Vuillemin, n'est pas moins optimiste, puisqu'il estime que l'opérateur couvrira « la totalité des grandes agglomérations à horizon 2015/2016 ».
Au-delà de ces déclarations d'intentions, un autre facteur pourrait accélérer de façon conséquente le déploiement de la 4G en France. SFR et Bouygues évoquent la possibilité de mutualiser leurs efforts pour abaisser les coûts de déploiement, alors que chez Orange, on n'exclut pas un rapprochement vers Free avec lequel il partage déjà un contrat d'itinérance sur la 3G.
Dans leur communication, les opérateurs sont assez abstraits en la matière : « Le progrès vous appartient » pour Bouygues, téléportation et vitesse absolue pour SFR, « Vivons en très haut débit » pour Orange... On ne peut pas dire que la publicité nous renseigne vraiment sur ce qu'est la 4G. Et pourtant, les informations ne manquent pas.
Sachez tout d'abord que la 4G comme on nous la présente n'est qu'une appellation commerciale qui englobe un certain nombre de normes. En France, les opérateurs ne proposent en effet pour le moment que de la 3,9G, ou LTE, dont les débits grimpent en théorie jusqu'à 300 Mbps en téléchargement.
Des débits qui sont également soumis à d'autres facteurs. Orange, qui utilise un réseau entièrement fibré pour relier ses antennes et qui dispose d'un spectre légèrement plus important avance par exemple que son réseau pourra atteindre 150 Mbps, contre 115 Mbps pour ses concurrents. Sur la bande des 2 600 MHz, Free dispose par ailleurs du même avantage.
Cependant, l'opérateur n'est pas le seul responsable des débits atteints : les appareils mobiles constituent un des maillons de la chaîne. Seuls certains smartphones pourront grimper jusqu'à ces 150 Mbps, en fonction de la largeur de bande utilisée et de sa catégorie. Par exemple, il vous faudra un mobile de catégorie 4 pour surfer à pleine vitesse sur une bande de 20 MHz, et un modèle de catégorie 5 pour profiter au mieux d'une bande de 10 MHz. Un modèle qui, pour le moment, n'est pas disponible sur le marché.
Sur une bande de 20 MHz | |||||
Catégorie | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 |
Débit descendant (Mb/s) | 10 | 50 | 100 | 150 | 300 |
Débit montant (Mb/s) | 5 | 25 | 50 | 50 | 75 |
Sur une bande de 15 MHz | |||||
Catégorie | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 |
Débit descendant (Mb/s) | 7,5 | 37,5 | 75 | 112,5 | 225 |
Débit montant (Mb/s) | 3,75 | 18,75 | 37,5 | 37,5 | 56,25 |
Sur une bande de 10 MHz | |||||
Catégorie | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 |
Débit descendant (Mb/s) | 5 | 25 | 50 | 75 | 150 |
Débit montant (Mb/s) | 2,5 | 12,5 | 25 | 25 | 37,5 |
Enfin, ces débits restent théoriques et sont évidemment variables en fonction du nombre de connectés partageant la bande passante, de la distance en émetteur (l'antenne) et le récepteur (votre téléphone) et votre vitesse de déplacement, notamment.
Au final, au lieu des 1 000 Mbps de la 4G LTE Advanced (la « vraie » 4G), on devrait plutôt observer des débits tournant autour de 30 Mbps, et parfois moins quand les conditions sont moins favorables (voir nos différents tests ou encore cette vidéo).
Il n'en reste pas moins que la 4G offre des débits plus importants que la 3G, même si les 3G+, H+ et H+ Dual Carrier ont progressivement fait grimper les performances de la 3G jusqu'à 42 Mbps théoriques.
La 4G, nous l'avons vu, ce sont surtout des débits plus conséquents. Mais pour quoi faire ? Le chargement de pages Internet destinées au mobile ne prend souvent que quelques fractions de seconde, alors à quoi vont servir de tels débits ?
Le premier usage qui est mis en avant par les opérateurs est évidemment celui de la lecture de vidéo : la 4G doit offrir la possibilité de visionner une séquence HD avec un temps de chargement minime et un confort de lecture accru.
Le jeu vidéo est également un candidat potentiel pour profiter des débits de la 4G via des plates-formes de « cloud gaming » telles que Onlive ou Gaikai, une société récemment rachetée par Sony.
Les dispositifs de visioconférence, comme le Facetime d'Apple, gagneront également à être utilisés en 4G, puisque l'image et le son véhiculés devraient, en principe, croître en qualité.
Enfin, les performances de la 4G sont meilleures que celles de la 3G en débit descendant, mais l'écart est encore plus important, en théorie, en débit ascendant. L'envoi, sur des sites de partage comme Youtube, de vidéos HD réalisées avec son smartphone devient envisageable dans un temps raisonnable.
Évidemment, tout cela est soumis aux aléas du réseau, au choix de votre smartphone et de votre opérateur, et si vous n'êtes pas friands de ce genre d'usages, la 4G n'est probablement pas faite pour vous.
De plus, ces nouveaux usages permis par ces débits améliorés impliquent une utilisation de bande passante accrue. Or les offres des opérateurs comportent toujours des limites en data trop faibles : les 2 Go de données parfois proposés risque de s'évaporer rapidement, d'autant que réception et émission sont pris en compte dans le calcul. Il faudra également être attentif aux vitesses proposées par les différents opérateurs en cas de dépassement de ces limites.
Sur le marché de la téléphonie mobile actuelle, le prix n'est plus l'élément différenciant. Bouygues, Orange et SFR comptent sur la 4G pour se distinguer. Sans pour autant que l'abonné le paie au prix fort.
Si l'on prend un forfait avec abonnement offrant la même quantité de data (3 ou 4 Go), la différence de prix entre la 3G et la 4G est en effet assez ténue, quel que soit l'opérateur. Chez Orange, l'écart de tarifs n'est que de un euro (en cette période de promotions), et n'excède pas 3 euros chez SFR, qui inclus dans le forfait un de ses « extras » (voir SFR officialise sa nouvelle offre 4G : services multimédias et jusqu'à 4 SIM incluses). Quant à Bouygues, les offres 3G laissent tout simplement place aux offres 4G, pour des tarifs globalement similaires.
Orange | SFR | Bouygues | ||||||
Volume de data (Go) | 2 | 4 | 6 | 3 | 5 | 3 | 8 | 16 |
Tarif mensuel sans mobile | 30,99 ? | 40,99 ? | 59,99 ? | 30,99 ? | 40,99 ? | 29,99 ? * | 39,99 ? * | 59,99 ? * |
Tarif mensuel avec mobile | 40,99 ? | 50,99 ? | 79,99 ? | 42,99 ? | 52,99 ? | 34,99 ? | 44,99 ? | 69,99 ? |
* : offre sans engagement
Pour le moment, les Sosh, Red et B&You sont exclus de la 4G. En dehors des 4 opérateurs, seul Virgin Mobile devrait se joindre à la lutte, en s'appuyant sur le réseau Bouygues. Toutefois, rien ne vous empêche de prendre un forfait sans engagement... du moins chez SFR et Bouygues, car Orange ne le permet pas pour l'instant.
Évidemment, Xavier Niel ne s'est pas privé de placer une petite phrase dont il a le secret : « Etes-vous prêt à payer plus cher, alors qu'ailleurs c'est au même prix pour la même chose ? Non ! ». Et d'ajouter vouloir réserver une surprise pour la 4G.
La réaction de Free n'est pas anodine, car c'est probablement le tarif pratiqué le quatrième opérateur qui lancera la bataille des prix et l'éventuelle arrivée de la 4G sur les offres dites « low-cost ».
Nous l'avons évoqué plus haut, la 4G en France n'est véhiculée que sur certaines fréquences. Bouygues, Orange et SFR bénéficient de bandes autour de 800 et 2 600 MHz. Or, les smartphones compatibles avec ces deux bandes de fréquences sont encore peu nombreux par rapport à l'offre pléthorique du marché actuel. Suffisamment en tous cas pour que nous puissions en dresser une liste exhaustive.
Les smartphones 4G | |
Marque | Modèle |
Apple | iPhone 5C |
iPhone 5S | |
Asus | Padfone Infinity |
BlackBerry | Q5 |
Q10 | |
Z10 | |
HTC | One |
One Mini | |
One SV | |
One XL | |
Huawei | Ascend P2 |
LG | Optimus F5 |
Optimus G | |
Optimus G Pro | |
Motorola | Razr HD |
Nokia | Lumia 625 |
Lumia 820 | |
Lumia 920 | |
Lumia 925 | |
Lumia 1020 | |
Samsung | Galaxy S3 4G |
Galaxy S4 | |
Galaxy S4 Mini | |
Galaxy Express | |
Galaxy Mega | |
Galaxy Note 2 4G | |
Sony | Xperia SP |
Xperia V | |
Xperia Z |
La liste des tablettes compatibles est beaucoup plus rapide à lire, puisqu'à l'heure où nous écrivons ces lignes, seuls 5 modèles supportent les bandes des 800 et 2 600 MHz :
- Sony XPeria Tablet Z
- Samsung Galaxy Note 8, en version LTE (GT-N5120)
- Samsung Galaxy Tab 3 8, version LTE (SM-T3150)
- Samsung Galaxy Tab 3 10.1, version 4G (GT-P5220)
- Nexus 7 édition 2013, en version 4G LTE
Pour aller plus loin sur le sujet, suivez notre débat du jour : qu'attendez-vous de la 4G ?