La compagnie aérienne, la start-up et leurs partenaires travaillent à la mise en service de l'appareil d'ici la fin de la prochaine décennie.
La course à l'avion électrique est lancée. Le projet commun d'easyJet et de Wright Electric consiste à produire un appareil électrique qui serait capable d'accomplir, dans un premier temps, des trajets courts d'une à deux heures de vol, avec un rythme important grâce au développement d'une batterie à charge rapide. Pour en parler, Clubic est allé à la rencontre de Jeffrey Engler, en anglais dans le texte, CEO de la start-up américaine Wright Electric, au Salon du Bourget ce lundi 17 juin.
Interview de Jeffrey Engler :
Clubic : Pouvez-vous nous présenter le projet d'avion électrique et nous expliquer comment easyJet et Wright Electric ont décidé de collaborer sur ce projet ?Jeffrey Engler : Notre société est en train de construire un avion à faibles émissions sur le principe du fonctionnement électrique. La compagnie easyJet nous aide à concevoir l'avion en nous donnant la perspective dont a besoin un tel opérateur aérien.
Le groupe easyJet a creusé ses pertes au dernier semestre... il y a aussi le problème du Brexit : la conjoncture économique actuelle peut-elle ralentir le développement de la technologie électrique ?
Nous pensons qu'il y a beaucoup de travaux en cours dans le développement de projets électriques, des fabricants d'avions aux gouvernements, qui avancent à vive allure. Donc, à notre niveau, c'est ce qui reste le plus important.
Quand l'avion électrique pourra-t-il potentiellement être présenté ?
Notre objectif, aujourd'hui, est de mettre en service notre appareil électrique d'ici la fin de la prochaine décennie, en 2030.
« Le financement ? Des fonds publics, et des fonds privés »
Aujourd'hui, est-ce que le développement d'un appareil électrique est franchement compliqué ?
Oui, en effet, c'est très difficile, il y a beaucoup de marches à franchir. Nous savons que nous devons aller lentement.
Quel est le coût de développement d'un tel appareil ?
Il est très compliqué de donner les coûts de développement. Ce que je peux vous dire, c'est qu'une partie du financement proviendra de fonds publics, l'autre de fonds privés. Mais c'est très cher (rires).
L'objectif de Wright Electric est que chaque vol "court" soit à zéro émission d'ici 20 ans. Que signifie vol "court" selon vous, si vous aviez un exemple à nous donner ?
Un vol court, cela vaut pour des trajets d'une à deux heures. Le vol Londres-Paris est un exemple classique que je peux vous donner. Notre but est de réduire les émissions de CO2 pour ces vols.
« Des appareils capables d'atterrir et de redécoller en 30 minutes »
Votre volonté est, même si l'on se projette davantage, d'élargir la distance couverte par un avion électrique ?
Oui, tout à fait, l'intérêt est que l'avion gagne des heures supplémentaires de vol avec un fonctionnement électrique.
Quid des batteries ?
Nous étudions différentes technologies de batterie, du lithium-ion au lithium-soufre en passant par le lithium-métal. Nous travaillons également sur des piles à combustible et sur un système hybride qui utiliserait le carburant comme un supplément de puissance.
Vous évoquez notamment des batteries à recharge rapide...
Les compagnies aériennes comme easyJet ont besoin d'avoir des appareils capables d'atterrir et de redécoller dans les 30 minutes. Or, il faut plus de 30 minutes pour les charger. En utilisant des batteries à charge rapide, cela leur permettrait de rester dans les standards fixés.
Pour simplifier les choses pour nos lecteurs, quels seraient les trois principaux avantages de l'avion électrique ?
Des tous les avantages qui nous poussent à vouloir exploiter un appareil électrique, le numéro un consiste en la réduction des coûts, avec une logique diminution de carburant. Le second résulte du premier : moins d'émissions de gaz à effet de serre. Les deux sont liés. Enfin, le troisième est que l'avion électrique est moins bruyant, plus calme.
Et à l'inverse, quels seraient les principaux freins au développement de cette technologie ?
Les plus gros challenges se situent au niveau technologique et concernent notamment les batteries, les moteurs, ainsi que la répartition de la puissance.
« Il y a un vrai effort collectif »
À quel point ce projet d'avion électrique est-il important pour easyJet et Wright Electric ?
Je vis dans une petite maison et monte sur mon vélo quand je vais en ville. Voler constitue une grande partie de ma propre empreinte carbone, donc je cherche toujours des possibilités pour la réduire, et c'est super, parce que lorsque vous réduisez l'empreinte carbone d'une compagnie aérienne, vous réduisez la sienne mais aussi celle des consommateurs. C'est gratifiant.
Espérez-vous une aide des autorités pour accélérer le développement du transport aérien électrique ?
Nous avons annoncé ce lundi 17 juin que nous travaillons avec BAE Systems, une entreprise britannique, et l'une des plus grandes du monde issue des secteurs de la défense et de l'aérospatial. Nous travaillons avec eux sur les batteries et sur les systèmes de contrôle. Nous collaborons également avec plusieurs autres sociétés, car c'est un projet qui ne se limite pas à nous mais qui englobe à la fois easyJet et nos fournisseurs. Il y a un vrai effort collectif.
Des membres du parlement français ont récemment proposé de supprimer les vols courts, comme Paris-Marseille par exemple, pour diminuer la pollution, sous prétexte que les mêmes trajets existent en train. Que pensez-vous de cela ? Est-ce que cela vous inquiète ? Ou est-ce que cela vous convainc à développer l'aéronautique électrique ?
Vous savez, je ne comprends et ne connais pas assez bien la politique locale. Ce que je peux vous dire, c'est que beaucoup de gens travaillent sur des technologies pour réduire l'empreinte carbone dans le secteur du transport mais aussi dans ceux de la nourriture, de la maison, des villes, etc. Il existe tout autant de possibilités de réduire la consommation de carbone dans le monde entier.
Merci Jeffrey pour votre temps. On vous souhaite une bonne continuation.
Merci beaucoup.