Test de la Motorola Xoom
Après un lancement en demi-teinte aux états unis le 24 février dernier, Motorola commercialise sa nouvelle tablette Tegra 2 sur l'Hexagone. Précédant l'Acer Iconia Tab A500 de quelques jours, le constructeur est le premier à proposer une tablette Android Honeycomb 3.0 en France. Faut-il craquer, ou attendre la concurrence ?Contrairement au marché américain, dans un premier temps, Motorola commercialise uniquement le modèle Wi-Fi 32 Go (la version 3G devrait sortir dans le courant du mois de mai). Nous profiterons également de ce test pour voir si les défauts qui avaient été pointés du doigt avec les modèles US sont toujours de la partie. Rappelons qu'à l'époque, les premières Xoom n'étaient pas compatible Flash, proposaient un slot SD inopérant, et nécessitaient un retour atelier pour les clients désireux d'ajouter la compatibilité 4G aux modèles 3G.
Motorola Xoom | |
Caractéristiques principales | |
Système d'exploitation | Android 3.0.1 |
Processeur / Fréquence | NVIDIA Tegra 2 (dual core) @ 1Ghz |
Mémoire / Stockage | Mémoire vive : 1Go Mémoire interne : 32Go Slot Micro SD non fonctionnel (attente mise à jour) |
Technologie d'écran et définition | Ecran capacitif 10.1" WXGA (1280x 800 pixels) |
Appareil photo | 5 mégapixels autofocus avec double flash LED Webcam 2 mégapixels |
GPS | Oui |
Radio FM | NON |
Batterie | Li-ion 3250 mAh |
Dimensions | 249.1 x 167.8 x 12.9 mm |
Poids | 700 g (avec batterie) |
Design et ergonomie[/anchor]
Vue de face, le cadre noir et les coins arrondis de la Xoom rappellent les lignes de l'iPad d'Apple. En revanche, contrairement à la tablette d'Apple, les bords sont plus fins, et le format 16:10 de l'écran étire la tablette dans le sens de la largeur. Le format est idéal pour la vidéo, mais demeure moins pratique pour la lecture de livre électronique. L'écran WXGA (1280x 800 pixels) offre un excellent rendu des couleurs, et l'angle de vision est suffisamment large pour offrir un bon confort en toutes circonstances. En revanche, la dalle brillante a vite tendance à accumuler les traces de doigt. Heureusement, ces dernières s'éliminent relativement facilement à l'aide d'un chiffon approprié. Le poids de l'ensemble n'est pas négligeable puisque la tablette pèse 700g (soit 100g de plus que l'iPad 2).La majeure partie de la face arrière est constituée d'un métal gris dont le centre est frappé du sceau de la marque. La partie supérieure est faite d'un matériau caoutchouté. C'est ici que l'on trouve l'appareil photo ainsi que les deux petits haut-parleurs placés de part et d'autre de la tablette. Détail inhabituel : le bouton de mise en marche / veille n'est pas placé sur la tranche, mais sur la partie arrière de l'appareil.
Côté connectique, la Xoom est plutôt bien fournie. En plus du classique port micro USB (qui ne permet pas de recharger l'appareil) et de la prise casque, Motorola propose une sortie au format micro HDMI ainsi qu'un connecteur doré qui est utilisé avec le dock. Le tout est complété par une petite prise secteur (on note que le chargeur est relativement encombrant).
Interface d'Android Honeycomb
Composants[/anchor]
À l'instar de la majorité des tablettes sous Honeycomb (Android 3.0), la Xoom est équipée d'un SoC (system on a chip) NVIDIA Tegra 2 cadencé à 1Ghz. Outre la puissance délivrée par le processeur double cœur ARM cortex A9, cette puce présente l'avantage d'intégrer un processeur graphique dont la puissance est comparable à une GeForce 6200 (d'après NVIDIA). Ce circuit graphique comporte 8 unités de traitement qui délestent le processeur lors du calcul du rendu 3D d'une scène. Cette capacité est principalement mise à profit avec les jeux vidéo. En parallèle, on retrouve une unité dédiée à la décompression vidéo capable de réaliser des opérations de capture ou de lecture en 1080p. Dans la pratique, nous verrons que dans ce domaine, des progrès restent à accomplir (voir chapitre consacré au multimédia).
Tegra 2 est accompagné d'1 Go de mémoire vive (soit une quantité de RAM deux fois supérieure à l'iPad 2). Pour le stockage, la Xoom intègre une mémoire flash de 32 Go qui sera extensible via micro SD... après publication d'une mise à jour prochaine de l'appareil. Avec la version actuelle du firmware (3.0.1), le slot est inopérant.
Pour la multimédia et la visioconférence, Motorola propose une webcam de 2 mégapixels en façade. L'appareil photo numérique de 5 mégapixels accompagné de son double flash LED est placé à l'arrière de l'appareil.
La liaison sans fil est assurée par un circuit Wi-Fi 802.11 b,g,n. En complément, on trouve une puce Bluetooth stéréo 2.1.
Internet [/anchor]
Cette fois, l'interface de Chrome Lite approche de celle de Chrome desktop. Les onglets (on peut ouvrir un maximum de 16 pages simultanément) sont placés sur la partie haute de l'écran. Autre point commun hérité du célèbre navigateur de Google : une option de navigation privée fait son apparition. Lorsqu'on choisit ce mode, le navigateur désactive l'historique des pages visitées, et ne conserve aucun enregistrement local (cookies, liste de téléchargement, etc.). Affichage en mode paysage
Affichage en mode portrait
Côté performances, le navigateur profite bien de la puissance du Tegra 2. Les chargements et défilements de pages lourdes s'effectuent rapidement, même si on se situe toujours un cran en dessous de Safari sur iPad 2.
Interface des options, gestionnaire de favoris, historique
L'affichage des sites les plus visités au démarrage n'est pas activé par défaut (il faut aller dans options/paramètres/labs). À droite : le clavier virtuel
Parlons cette fois du format Flash qui est supporté après installation du plug-in d'Adobe (disponible en version 10.2 lors de la publication du test). Dans la pratique, la qualité est très aléatoire. En basse définition, on oscille entre le bon et le médiocre. En HD cette fois, on assiste souvent à un ballet de saccades, ce qui est logique dans la mesure où la version actuelle d'Honeycomb ne prend pas en charge l'accélération matérielle de Tegra 2 (il faudra attendre la version 3.1 d'Android).
Flash : une expérience aléatoire en basse définition (à droite : il est toujours possible de basculer sur un mode plein écran).
En HD : l'absence d'accélération matérielle ne facilite pas les choses : les vidéos se transforment souvent en séances de diapositives.
Pour communiquer, Google propose un client Gmail qui fait peau neuve par rapport à celui qui équipe la version 2.3 d'Android. Cette fois, l'interface à double panneau est parfaitement optimisée pour profiter au mieux du format tablette. À noter que l'utilisation de Gmail n'est pas obligatoire puisqu'Honeycomb se dote d'un second client mail compatible pop3, imap et Exchange.
Client Gmail d'Honeycomb
La tablette est équipée d'un circuit GPS, voyons ce que donne Google Maps sur Honeycomb. Désormais, il est possible d'afficher les bâtiments en 3D avec la majorité des villes américaines. En France, seuls quelques arrondissements de la ville de Marseille ont été modélisés. Pour le reste, on retrouve l'ensemble des fonctionnalités qui sont présentes dans la version Web. On peut afficher la vue satellite, calculer un itinéraire, ou activer Latitude, pour ne citer que ces options principales.
Tout comme sur smartphone, l'application Google Maps d'Honeycomb peut également être transformée en un véritable assistant GPS (raccourci Google Navigation dans le menu des programmes). En l'absence de support, et compte tenu de l'encombrement important de la tablette, cette fonctionnalité présente un intérêt limité.
Google Navigation sur Xoom
Multimédia[/anchor]
Le lecteur audio qui fait peau neuve depuis Android 2.3, et propose désormais un affichage des pochettes de type « Coverflow ». En revanche, si l'interface se laisse maîtriser en un tournemain, on regrette l'absence d'un égaliseur de tonalité. Pour disposer de cette fonctionnalité, il faudra faire un tour du côté de l'Android Market.Lecteur audio natif d'Honeycomb
Galerie photo d'Honeycomb : peu d'évolutions par rapport à Android 2.3
Malgré la présence d'une puce Tegra 2 qui promet d'assurer une décompression matérielle 1080p, il ne faut pas s'attendre à sortir des sentiers battus du MP4 H264 supporté nativement par Android. Même si les caractéristiques sont alléchantes, Tegra 2 n'est pas en mesure de décompresser des flux vidéo « high profile » (il faudra probablement attendre les quadri-coeurs Tegra 3). En clair, que ce soit avec le lecteur embarqué, ou avec une application alternative telle que Rock Player, la lecture des MKV 720p ou 1080p prend souvent des allures de diaporama muet. En cas de besoin, il faut passer par la case réencodage.
Autre point noir : en l'absence de support de la carte micro SD (il faut attendre patiemment l'arrivée d'une mise à jour), on doit se contenter d'un mode MTP (Media Transfer Protocol) pour transférer ses fichiers multimédias vers la mémoire de 32 Go proposés en standard. Par rapport au classique mode « stockage de masse », ce procédé présente de nombreux inconvénients. Le taux de transfert est particulièrement lent, et l'explorateur rechigne à copier les fichiers jugés incompatibles avec l'appareil cible (ce qui est une hérésie dans la mesure où il suffit de passer par le Market pour étendre la compatibilité au Divx, par exemple). Dans certains cas, il est possible de passer l'avertissement, dans d'autres, l'explorateur refuse purement et simplement de copier des films, même lorsqu'on prend le soin de renommer les fichiers pour contourner ce carcan. Pire encore, avec l'une de nos machines de test, l'explorateur plante dès qu'on tente de copier certains types de fichiers. Pire encore, le MTP restreint la compatibilité à Windows (par défaut), les utilisateurs d'environnements Mac et Linux apprécieront. Carton rouge.
Lecteur natif avec fichier MP4
En revanche, les fichiers AVI Divx ou Xvid passent sans problème sous Rock Player (mais pas avec la galerie multimédia d'Android). Cette fois, la puissance du double cœur est amplement suffisante pour assurer une décompression logicielle parfaitement fluide.
D'autre part, on apprécie la sortie micro HDMI (il faut utiliser un câble HDMI vers HDMI type D) qui permet de profiter des contenus sur un téléviseur HD. Le résultat est convaincant : lorsqu'on connecte la tablette, l'affichage bascule sur un mode clone.
Exemple d'utilisation de la sortie micro HDMI
Rock Player avec fichier AVI Divx
Pour les contenus Web, Honeycomb se dote d'un nouveau client YouTube particulièrement bien fini. L'écran d'accueil est constitué d'un mur d'images que l'on peut faire défiler de gauche à droite. Il est possible d'effectuer des recherches vocales, ou de connecter son compte YouTube pour retrouver ses vidéos favorites. Lorsqu'une séquence est sélectionnée, le volet de droite affiche les vidéos ou les commentaires associés.
Client YouTube d'Honeycomb
Capture photo et vidéo[/anchor]
L'appareil photo de 5 mégapixels avec autofocus produit des clichés acceptables, même si l'on aurait préféré que l'image soit un peu plus détaillée. La résolution maximale est de 2592 x 1944 et au besoin, il est possible de géolocaliser les clichés en s'appuyant sur la puce GPS embarquée. Dans les environnements obscurs, on apprécie la présence du double flash LED qui parvient tout de même à faire son travail lorsque la cible se situe à faible distance.Photo capture avec la Motorola Xoom
Côté capture vidéo, la Xoom génère des fichiers MPEG-4 (extension 3GP) en 1280 x 720 à 30 images par seconde (qualité maximale). À l'image des capacités photo, on ne dépasse pas ce qui se fait de mieux sur smartphone, mais la qualité est suffisante pour garder une trace des bons moments du quotidien.
Jeux et applications [/anchor]
Sortie de la boite, une tablette Honeycomb telle que la Xoom profite d'un écosystème logiciel conséquent. La majeure partie des applications conçues pour les smartphones (Android 2.3 et inférieur) fonctionnent sur Android 3.0.Écran d'accueil de l'Andoid Market sur Honeycomb
Si ce point est particulièrement appréciable, on regrette tout de même qu'il ne soit pas (encore ?) possible de différencier les applications optimisées pour Honeycomb du reste de l'offre. Contacté par nos soins, Google n'a pas souhaité communiquer le nombre de programmes conçus spécifiquement pour Android 3.0. Dans les faits, à l'heure actuelle, on compte à peine plus d'une vingtaine d'applications de ce type. Dans le lot, on retiendra surtout Pulse (un excellent lecteur de flux RSS), Google Sky Map, Google Earth, Angry Birds Season, LogMeIn Ignition, Quickoffice, ainsi que Dungeon Defender. Ce nombre très faible de programmes orientés tablette reste compréhensible dans la mesure où il s'agit d'un système qui n'en est qu'à ses débuts.
Fiche logicielle du l'Android Market
Pour trouver des jeux optimisés, on peut passer par l'Android Market pour télécharger Tegra Zone, un kiosque d'applications fourni par NVIDIA qui se limite aux titres Honeycomb qui tirent parti des capacités de Tegra 2. Il ne faut toutefois pas s'attendre à des miracles en terme de quantité : à l'heure où nous écrivons ces lignes, seuls 15 titres sont disponibles.
Tegra Zone : un market alternatif signé NVIDIA proposé... via l'Android Market.
Performances[/anchor]
Benchmark Pi
BenchmarkPi est un logiciel qui permet d'évaluer la puissance du processeur. Le résultat exprimé correspond au nombre de millisecondes nécessaires au calcul du nombre Pi. Le plus petit résultat est donc le meilleur.La Xoom fait légèrement mieux que l'Iconia Tab A500 d'Acer, ou l'Optimus 2X (tout deux équipés d'un Tegra 2). Sans surprise, on constate que l'on franchit une nouvelle étape depuis les processeurs simple cœur cadencés à 1 Ghz qui équipaient les smartphones Android (Galaxy S, HTC Desire, etc.).
CaffeineMark
L'écart est encore plus significatif avec CaffeineMark. Ici, le résultat le plus élevé est le meilleur. Cette fois, ce benchmark éprouve l'environnement Java d'Android. Cette différence nette s'explique surtout par la présence d'un double cœur, et non par une meilleure optimisation Java d'Honeycomb. En effet, l'Optimus 2X qui est équipé d'Android 2.3 fait également partie du peloton de tête.SunSpider
Passons cette fois à Sunspider, le benchmark JavaScript des auteurs du moteur de rendu HTML Webkit (Safari, Chrome...). Ici, il semble que la version Honeycomb du navigateur Chrome Lite soit nettement plus performante que celle embarquée par l'Optimus 2X : la tablette dépasse même les performances de Safari sur iPad 2, qui était jusqu'ici le périphérique mobile le plus performant sous Sunspider.Autonomie
On boucle cette série de tests avec l'épreuve d'autonomie en lecture vidéo. Un fichier MP4 H264 dont la résolution est identique à celle d'un DVD est lu en boucle avec le lecteur natif d'Android jusqu'à épuisement complet de la batterie. Pendant toute la durée du test, l'écran reste actif (luminosité à 80%) et le Wi-fi est activé (mais pas le Bluetooth). La Xoom fait mieux que l'Iconia, sans parvenir à dépasser l'iPad.Conclusion [/anchor]
Honeycomb oblige, la Xoom propose des caractéristiques techniques globalement similaires à l'l'Iconia Tab d'Acer ainsi qu'à l'Eee Pad Transformer d'Asus. En revanche, par rapport à ces deux tablettes, la Xoom entre dans la course avec un handicap non négligeable. En attendant la prochaine mise à jour, le port micro SD est inopérant. Certes, la capacité de stockage n'est pas à mettre en cause dans la mesure ou la Xoom est équipée d'une mémoire de 32 Go, ce qui est suffisant pour couvrir la majorité des usages. En revanche, la limitation au protocole MTP (media transfer protocol) pour transférer les données se traduit par des débits médiocres et prive les utilisateurs de la souplesse d'un stockage de masse (problèmes de compatibilité avec certains OS, refus de transférer certains fichiers, etc.).
On regrette aussi de ne pas pouvoir recharger l'appareil en USB. Dommage, en déplacement, cette capacité aurait permis de s'affranchir du chargeur dont les mensurations s'apparentent a celles d'un adaptateur secteur de PC portable.
Sur le plan logiciel cette fois, il faut se contenter du minimum puisqu'aucun programme additionnel ne vient compléter l'offre de base. Fort heureusement, Honeycomb n'est pas avare, mais on aurait apprécié la présence d'un kiosque de location de contenu (audio, vidéo, livres électroniques), ou d'autres petits à-côté qui auraient pu faire la différence par rapport à la concurrence.
Côté multimédia, l'APN fait ce qu'on lui demande en photo comme en vidéo. En revanche, pour la lecture vidéo, l'absence de possibilités de décompression matérielle des vidéos high profile via Tegra 2 forcera les amateurs de MKV à passer par une phase de réencodage, gymnastique qui peut être évitée sur iPad 2 en présence d'AVplayer.
Malgré tout, la Xoom dispose tout de même d'atouts que ne laisseront pas insensibles les amateurs de tablette. L'écran offre un excellent rendu, et l'angle de vision s'avère optimal. De plus, le système ainsi que l'ensemble des applications compatibles profitent bien de la puissance qui est apportée par le double coeur et du circuit graphique performant qui offre un excellent rendu 3D (notamment avec les jeux).
Ne reste que la question du prix qui risque de faire pencher la balance du côté de la concurrence sous Android... ou iOS. Pour environs 12 euros de moins qu'un iPad Wi-Fi de même capacité (certes, il faut ajouter 40 euros pour acquérir la sortie HDMI dans ce cas), ou 80 euros de plus qu'un Iconia Tab A500, la Xoom n'est pas en position de force.
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