Pionnier de l'enceinte multiroom classique, Sonos prend à présent ouvertement le virage du son immersif. La nouvelle Era 300 inaugure ainsi une génération d'enceintes à reproduction Atmos, dans la lignée des barres de son Arc et Beam Gen 2.
- Sonorité équilibrée et polyvalente
- Rendu surround et Atmos convaincant
- Richesse et simplicité de l'écosystème
- Qualité des microphones
- Des aigus perfectibles
- Connectique spartiate
- Non compatible Chromecast
Un format audacieux et pratique, mais étrange
Exit le format assez conventionnel et plus parallélépipédique de la Five et des anciennes Play:5, ou la disposition tubulaire encore plus classique des One et Move. La Sonos Era 300 inaugure une forme nouvelle, qui sert ses prétentions sonores plus enveloppantes.
L'enceinte adopte une disposition en sablier légèrement asymétrique, avec une très large face avant, suivie d'un petit cerclage incliné accueillant les commandes, et d'une seconde partie avec une large grille inclinée camouflant l'essentiel des haut-parleurs. À l'arrière, on retrouve une surface presque uniforme, composée de l'entrée secteur semi-propriétaire (légèrement en retrait), d'un port USB-C, et de deux commutateurs : l'un pour l'activation du Bluetooth, le second pour l'activation/désactivation des microphones (appel à l'assistant vocal et calibration acoustique).
Sans être de taille XXL, la Sonos Era 300 est un appareil déjà assez imposant, qui n'est pas adapté à tous les meubles. Cette enceinte mesure 26 x 16 x 18,5 cm (l x h x p), pour un poids de 4,47 kg tout de même. Heureux hasard, Sonos vend justement des supports dédiés : un pied en métal de 95,6 cm de haut pour 169 euros l'unité, et 299 euros en duo ; un support mural en métal pour 89 euros l'unité, et 149 euros en duo.
Sonos réussit l'exercice stylistique en n'oubliant pas d'assurer une bonne qualité de fabrication. Presque rien n'est à redire, puisque les surfaces et les tons très uniformes, noir ou blanc/gris clair, vont de pair avec une conception, certes, entièrement en plastique, mais très dense et très stable, ce qui laisse une impression franchement sérieuse. On peut toutefois relever quelques petits écarts entre certains panneaux, notamment entre la jointure soutenant les pieds et le reste du châssis. Rien de bien choquant ni même de vraiment remarquable (à moins de s'approcher).
Cette fabrication met également l'accent sur une philosophie un peu plus écologique. En effet, l'enceinte se compose à 40 % de plastique recyclé, et le packaging est entièrement composé de carton recyclable à 100 %.
Fiche technique Sonos Era 300
Format d'enceinte | Bibliothèque |
Connectiques | Auxiliaire Mini-jack 3,5 mm |
Supports de stockage supportés | Clé USB |
Nombre de haut-parleurs | 6 |
Multiroom | Oui |
Ethernet | Non |
Wi-Fi | Oui |
Version Wi-Fi | 6 |
Bluetooth | Oui |
Version Bluetooth | 5 |
Codecs Bluetooth | SBC |
AirPlay | AirPlay 2 |
Hauteur | 16cm |
Largeur | 26cm |
Profondeur | 18.5cm |
Poids | 4.47kg |
Connectique : quelqu'un est là ?
Autant évacuer tout de suite ce qui n'est absolument pas une surprise. Non, Sonos ne compte clairement pas étoffer la connectique de ses enceintes dans les années à venir. À ce titre, l'Era 300 est un exemple de pur minimalisme. En effet, seule une entrée USB-C est présente à l'arrière, prise qui n'est pas vraiment exploitable en l'état.
Pas d'Ethernet, d'entrée numérique type HDMI Arc ou optique, ni même d'entrée analogique type RCA ou jack 3,5 mm ? La réponse est non pour les entrées numériques, mais cela reste possible pour les autres… grâce à des adaptateurs en option. Ainsi, Sonos propose en premier lieu un adaptateur USB-C vers une prise jack 3,5mm femelle pour 25 euros, transformant cette connectique en entrée analogique. Un second adaptateur intègre cette même entrée, et ajoute un port RJ45 (Ethernet) pour une connexion filaire. Ce second module coûte la bagatelle de 45 euros.
D'un côté, Sonos ne ferme pas totalement la porte au filaire. De l'autre, nous pouvons tout de même relever une avarice digne des meilleurs adaptateurs USB-C de MacBook Air.
L'écosystème parfait, à un Google près
Passée la connectique, Sonos frôle une fois encore la perfection, que ce soit en matière d'ergonomie ou de connectivité.
L'Era 300 fonctionne bien évidemment sous l'environnement Sonos S2, qui regroupe toutes les enceintes, barres de son, et caissons de basses qui sont sortis ces dernières années. À la fois sous iOS ou Android, la reconnaissance de l'appareil dans le réseau est d'une incroyable simplicité. L'application prend très bien en main l'utilisateur, de quoi ne pas dérouter les plus néophytes.
Ce tutoriel ne s'arrête pas à l'appairage, il se poursuit avec les réglages sonores, l'assignation de l'enceinte à une pièce dédiée, le groupement d'enceintes, ainsi que la calibration acoustique. Sur ce point, l'application Sonos est clairement ce qui se fait de plus brillant en la matière. Elle est sans doute la seule à proposer une telle symbiose entre richesse des réglages et clarté d'utilisation. Que ce soit pour le groupement classique (plusieurs enceintes dans la même pièce), le groupement stéréo de deux Era 300, ainsi que les réglages sonores, Sonos S2 affiche tout de façon très claire et intuitive. Cela est d'autant plus agréable que cette application est extrêmement stable, peu importe l'OS utilisé.
Nous pouvons relever ici une nouveauté pour la version Android, la présence d'une calibration simplifiée, qui utilise les microphones de l'enceinte pour adapter le son du produit à l'acoustique imparfaite de la pièce d'écoute. Cette calibration, très simple dans son principe, apporte déjà un plus non négligeable. Néanmoins, la calibration avancée reste l'apanage d'iOS, puisque l'iPhone, utilisé en microphone à travers la pièce, apporte une correction sonore encore plus convaincante.
Outre la compatibilité de l'application Sonos S2 avec l'essentiel des services de streaming du marché, la Era 300 prend également en charge les protocoles Airplay 2 (autre protocole multiroom), Spotify Connect, Alexa Cast (Amazon music), et UPnP/DLNA. En revanche, pas de Roon Ready, de Tidal Connect, et encore moins de Chromecast. L'absence de cette dernière reste embêtant, mais s'inscrit dans la logique politique de Sonos face à Google, d'autant plus lorsque l'on connait les petits démêlés judiciaires entre les deux entreprises. Cette absence de compatibilité est évidemment valable pour l'assistant vocal de Google, non intégré.
Au chapitre des assistants vocaux justement, nous avons le choix entre Sonos Voice Control (très orienté musique et gestion du multiroom), et Alexa, c'est tout. Sur ce point la gestion des microphones est excellente, puisque les deux assistants sont parfaitement utilisables, même dans des configurations non idéales (pièce bruyante, placement assez éloigné, etc.).
Bien qu'appelés à être moins utilisés (cela reste à voir) que l'application, les boutons intégrés sur l'Era 300 sont, eux aussi, relativement bien pensés. La disposition évolue un peu par rapport aux anciennes enceintes. Cela est particulièrement valable pour le contrôle de volume, intégré sous forme de glissière tactile particulièrement réactive, avec toujours les simples : + et – aux extrémités.
En bref, la Sonos Era 300 offre une expérience utilisateur de haute volée, sans doute la plus complète du genre. Forcément, cela se paye par un environnement fermé.
Un son tout en mesure, l'élévation en plus
Pas plus haut de gamme qu'une Five, la Era 300 est toutefois plus atypique dans son architecture sonore. Orientation Atmos/Surround oblige, elle joue clairement sur sa forme alambiquée afin de faciliter les dispositions horizontales et verticales.
De topologie deux voies (deux types de haut-parleurs, dédiés respectivement à une gamme de fréquences), l'Era 300 comprend deux woofers (basses) placés sur les deux flancs de l’appareil, deux tweeters placés sur les mêmes flancs, un tweeter en position frontale pour les « dialogues et les instruments », et un tweeter orienté vers le haut, pour la dimension verticale/Atmos. Le terme de tweeter utilisé par Sonos semble être à prendre avec des pincettes, puisque la présence d'un de ces haut-parleurs en position frontale semble clairement indiquer que ce type de haut-parleur est davantage un haut-parleur de médiums/aigus, et pas seulement dédié aux aigus.
Chacun des six haut-parleurs est alimenté en amont par son propre amplificateur de classe D. Cette méthode apporte une bien meilleure souplesse qu'un amplificateur unique, notamment face aux corrections acoustiques. La seule crainte, de notre côté, était que cette disposition principalement latérale des haut-parleurs puisse faire perdre en cohérence dans l'écoute.
Autant le dire tout de suite, Sonos livre ici une enceinte extrêmement convaincante. La signature sonore, pour commencer, jouit d'un excellent équilibre général. Contrairement à bien des concurrents, on ne retrouve pas d'accentuations trop marquées, de petits pics pour booster (parfois artificiellement) certains traits de caractère. Au contraire, nous avons affaire à un produit qui ne craint pas de se reposer sur ses qualités sonores brutes. À ce titre, mis à part des aigus encore perfectibles, car pas aussi riches que sur une bonne enceinte Hi-Fi, Sonos distille un son maitrisé et très polyvalent, détaillé et profond.
Cette polyvalence lui permet de s'adapter à tous les styles sans mal, le tout sans être désagréable avec les mauvais mixages. Une des autres qualités de l'Era 300 est sa réponse dans les basses fréquences, étendue et sans débordement marqué. Bien sûr, la calibration TruePlay avancée n'y est pas étrangère. Suivant les morceaux, il peut toutefois être utile de légèrement baisser le niveau de cette gamme de fréquences, en tous cas de désactiver le mode loudness.
De même, nous ne perdons pas en cohérence comme nous pouvions le craindre. Oui, la disposition sonore est différente de ce que nous avons sur une Five, l'Era 300 se rapproche un peu plus d'une mini barre de son. Mais, en ouvrant l'écoute par rapport aux habitudes, on ne perd nullement en précision. Les voix (principales craintes) sont parfaitement mises en avant, et la sensation d'espace sonore est franchement bonne, marquée par des effets surround plutôt convaincants.
Cette sensation d'espace est déjà bonne sur les pistes stéréo classiques, mais monte clairement d'un cran sur les mixages Atmos (notamment Apple Music), plus adaptés à l'architecture sonore de l'enceinte. Sur ce point, surtout depuis la mise à jour de fin mars, nous avons droit à une réelle sensation d'élévation du son dans la pièce, chose qui profite au niveau de détails généraux, et améliore la séparation des instruments. Il peut être nécessaire de monter légèrement le niveau d'élévation (dans l'application), afin d'accentuer encore cet effet. Dans ces dimensions surround et surtout Atmos, Sonos parvient à proposer un rendu qui est au-dessus de la moyenne des barres de son. Nous n'atteignons pas encore le degré d'immersion du fabuleux quatuor d'enceintes Sony HT-A9, mais la qualité est bien là.
La principale limitation du produit tient finalement dans son assez grande directivité. En s'écartant de l'axe de l'enceinte, la sensation d'immersion s'estompe sensiblement. Autre limitation, la présence d'un effet stéréo forcément limité par la petite taille du produit. Il y a de l'espace, des effets traversant/surround convaincants, mais la stéréo en elle-même reste classique. Nous en venons au coup de maître de la marque : il est très difficile de ne pas vouloir acquérir une deuxième Era 300. En optant pour cette configuration gémellaire, Sonos autorise un fonctionnement en pur mode stéréo (une enceinte pour le canal droit, une pour le canal gauche) par le biais d'un groupement dans l'application, ce qui améliore énormément cette sensation d'espace. Surtout, le constructeur a clairement pensé à la dimension home cinéma, puisque celles-ci peuvent devenir des enceintes surround arrière de luxe, en étant associées à une barre de son Beam ou Arc.
Sonos Era 300 : l'avis de Clubic
Nouvelle formule et nouvelle réussite pour Sonos. Les Era 300 parviennent, tout en conservant ce qui fait la force ergonomique et connectée de la marque, à proposer une sonorité riche et équilibrée, mais surtout une excellente immersion sonore.
- Sonorité équilibrée et polyvalente
- Rendu surround et Atmos convaincant
- Richesse et simplicité de l'écosystème
- Qualité des microphones
- Des aigus perfectibles
- Connectique spartiate
- Non compatible Chromecast
13 novembre 2024 à 11h45