Alors que son service d'échange de fichiers est pointé du doigt par les associations américaines en charge de la défense des maisons de disque (RIAA) et des studios hollywoodiens (MPAA) comme le nouveau vecteur du choix du téléchargement illégal, Megaupload s'est offert les services d'une brochette de stars pour en assurer la promotion.
« I use Megaupload coz it's fast ! »
Le moins que l'on puisse dire est que la société « Mega » n'a pas fait les choses à moitié : dans ce clip s'enchaînent, en vrac et dans le désordre, des vedettes comme Will.i.am, P Diddy, Kim Kardashian, Alicia Keys, Snoop Dogg, Chris Brown mais aussi Kanye West, Lil John, Jamie Foxx ou Mary J Blige. Pendant 4 minutes, celles-ci vantent les mérites du service. « Quand j'envoie mes tubes, j'utilise Megaupload, parce que c'est rapide », y déclare par exemple P Diddy. Leurs différentes interventions sont reprises sous forme de pastilles vidéo mises en avant sur la page d'accueil de Megaupload.com.
La firme officiellement basée à Hong Kong met également en avant quelques chiffres dans son clip, reproduit ci-dessous : elle revendique un milliard d'usagers, dont 50 millions sur une base quotidienne, et les échanges que génère sa plateforme d'hébergement représenteraient selon elle 4% du total du trafic Internet.
Bien qu'elle se dise parfaitement en règle et respecte les obligations liées au statut d'hébergeur (retrait d'un contenu illicite lorsque celui-ci est signalé), Megaupload incarne désormais aux Etats-Unis comme en Europe le symbole d'une forme de piratage qui supplante progressivement le vénérable P2P : le direct download, tandis que son pendant Megavideo est désormais l'un des outils de choix pour les internautes qui souhaitent consommer des films et des séries sur le mode du streaming.
Kanye West fait la promo de Megaupload, sur lequel on peut télécharger illégalement son album. Merci Père Ubu ?
Universal, victime du Streisand effect ?
Universal Music Group (UMG), qui possède certains des labels représentant les artistes utilisés par Mega dans sa vidéo de promotion, n'a manifestement pas goûté la démarche. La maison de disques a ainsi fait demander le retrait du clip des plateformes comme YouTube et Vimeo, au motif que celle-ci enfreignait le droit d'auteur. Ce faisant, elle a offert à Mega une tribune que n'espérait peut-être pas la société.
Kim Schmitz, le supposé patron de Megaupload, a ainsi tout loisir de s'insurger contre la censure opérée par Universal. Cité par Torrentfreak sous son nouveau pseudonyme, Kim Dotcom, il dénonce l'arrogance de la maison de disques. « UMG a fait quelque chose d'illégal et d'injuste en signalant comme illégal le contenu de Mega. Ils n'avaient aucun droit de faire ça. Nous nous réservons le droit d'engager une action en justice. Mais nous aimerions leur donner l'occasion de s'excuser », a-t-il déclaré.
« Ces coups bas sont un effort pour stopper notre campagne virale, qui rencontre un succès massif », dénonce-t-il encore. On ne sait pas bien si le succès était au rendez-vous avant l'intervention d'Universal, mais il est clair que depuis que la maison de disques est entrée dans le bal, la vidéo de Mega profite d'un retentissement médiatique certain. Dans la novlangue Internet, on appelle ça le Streisand effect, ou comment donner une visibilité sans précédent au contenu que l'on souhaite faire disparaître. Bien que régulièrement supprimée de YouTube et consorts, la vidéo reste aisément accessible en ligne, notamment chez Megavideo.
Objet de nombreux soupçons du fait de son opacité, la société Mega prépare le lancement de nouveaux services, qu'elle promet parfaitement légaux, dédiés à la musique et au cinéma, sous les noms MegaBox et MegaMovie. En attendant, il n'est pas bien difficile de trouver sur Megaupload les albums des artistes présents au sein de la MegaSong...