Les visiteurs du site Internet se retrouvent immédiatement face à leur historique de téléchargement, ou à celui de tous ceux qui ont partagé leur adresse IP dynamique, s'ils ont téléchargé l'un des 20% de torrents publics que le site revendique surveiller, avec des frais de fonctionnement de seulement 300 dollars/mois. La base de données, publique, référence à ce jour 113 200 torrents téléchargés par 52,9 millions d'internautes (ou plutôt d'adresses IP distinctes).
Sur la rubrique « politique de confidentialité » du site, l'équipe coupe court : « Il n'y a rien de tel que la vie privée sur Internet. Vous pensez naviguer sur Internet ou regarder des films dans l'intimité de votre domicile. Mais des malins vous surveillent. (...) Vous êtes une cible, un client potentiel ! »
Les trois concepteurs du site espèrent ainsi sensibiliser les internautes concernant l'absence d'anonymat sur Internet d'une manière générale, et en particulier sur ce protocole principalement utilisé pour du téléchargement illégal.
Il est d'ailleurs possible de consulter l'historique de n'importe quelle adresse IP, ce qui a permis au site Internet spécialisé TorrentFreak de déceler des téléchargements illégaux depuis les bureaux de Sony Pictures, de Fox Entertainment, d'Universal ou encore de la Buma/Stemra, la Sacem néerlandaise. Ces derniers se sont défendus en invoquant une usurpation d'adresse IP, ce qui ne les empêche pas d'attaquer des particuliers.
Les concepteurs de You Have Downloaded travaillent quoi qu'il en soit à la conception d'un protocole de partage plus confidentiel s'inspirant de la technologie Bitcoin, fonctionnant de manière entièrement décentralisée. D'ici là ils continueront à traquer les internautes pour les inciter à adopter des solutions d'anonymat.
Publication initiale le 14/12/2011 à 12 h 03
Mise à jour du 21/12/2011 à 15 h 34
Après l'Elysée, c'est aujourd'hui au tour de la RIAA de justifier tant bien que mal l'existence de téléchargements illégaux sur certaines des adresses IP qui lui sont réservées.
L'association de défense de l'industrie du disque américaine adopte une défense similaire à celle de notre présidence de la République. « Ces adresses IP partielles sont similaires au bloc d'adresses alloué à la RIAA. Ces adresses sont utilisées par un prestataire tiers pour la mise à disposition de notre site Internet, elles ne sont pas utilisées par notre personnel pour accéder à Internet », prétend le porte parole de la RIAA Jonathan Lamy. Au-delà du non sens de la première phrase, on rappellera qu'il n'est pas question d'une « similarité » puisque c'est l'on ne peut plus officiel American Registry for Internet Numbers qui a attribué ce bloc d'adresses entier à la RIAA, qu'on ne peut que croire ou non.
RIAA qui ne dément d'ailleurs pas la fiabilité du projet indépendant YouHaveDownloaded, mais rejette à son tour la faute sur un tiers, comme l'ont fait une partie des particuliers qu'elle a accusé, ce qui ne les a pas empêchés de se faire condamner, comme le note TorrentFreak.
Un autre ayant-droit ou assimilé pris en flagrant délit, la société de lutte contre le piratage du Danemark, a quant à elle trouvé une excuse plus originale : « Nous travaillons pour des ayant-droits, qui nous ont naturellement donné la permission de nous procurer leur contenu en ligne dans le cadre de notre travaille d'investigation ».
Peut-être les prochains accusés pourront-ils eux aussi tenter cette défense : « L'auteur est un ami, il m'a donné son autorisation » ?