GIMP : version 2.8 en approche
On commence avec le logiciel de retouche libre, et une bonne nouvelle : GIMP 2.8 pointe enfin le bout de son nez et devrait sortir d'ici décembre ou janvier pour le bonheur de tous les graphistes amateurs dudit logiciel libre ; en démonstration lors d'une conférence durant les Journées du Logiciel Libre ce week-end à Villeurbanne, revenons sur les nouveautés et les évolutions au menu de cette nouvelle mouture.
Première nouveauté, et certainement la plus attendue par les afficionados du concurrent libre d'Adobe Photoshop, le mode fenêtre unique, en complément du mode « fenêtres multiples », marque de fabrique du logiciel depuis ses débuts. Deux philosophies s'affrontent concernant cette fonctionnalité : en premier lieu une utilisation mono-écran pour qui la fenêtre unique est certainement la plus adaptée, et l'utilisation dual-screen où là, effectivement, il est bien plus pratique de pouvoir déporter menu et boites à outils sur un écran afin de pouvoir profiter de la surface de travail complète sur l'autre. GIMP laissera donc désormais le choix, à la manière de Photoshop sur Mac OS X, et c'est là, très certainement, la meilleure des solutions.
A noter également une évolution notable concernant la gestion et le paramétrage des brosses ; au lieu de devoir choisir une des nombreuses tailles proposées et d'ouvrir la fenêtre d'édition si celle-ci ne convient pas exactement, l'utilisateur aura désormais dans sa boite à outil uniquement deux brosses (à bord flou et à bord dur) munis d'une édition simple et efficace que ce soit en terme de taille, de dureté, de forme ou de texture... une belle avancée en terme d'ergonomie. Bien sûr GIMP n'est pas un Corel Painter ou sa déclinaison libre MyPaint, mais ces évolutions, associées à l'éditeur de dynamique et à une palette graphique promettent un résultat plus que satisfaisant pour les retoucheurs.
Concernant le reste des nouveautés dévoilées, il s'agit en grande partie de combler quelques lacunes qui faisaient encore défaut au logiciel : les groupes de calques font leur entrée, fonctionnalité qui se révèle fort pratique lorsque l'on manipule une image un tant soit peu complexe, l'outil de texte a lui aussi été amélioré et, pour finir, l'introduction d'un outil de déformation par cage plutôt performant.
Pour finir, une petite modification de philosophie au niveau de l'enregistrement des images qui seront par défaut enregistrable au format GIMP (.xcf) ou exportées pour tous les autres formats. Chose qui, certes, ne modifiera en rien l'expérience apportée par GIMP mais qui est certainement le reflet d'une volonté d'affirmation de la part de la communauté de développeurs.
GIMP 2.8 réserve peut-être d'autres surprises d'ici à sa sortie mais force est de constater que cette future version s'annonce prometteuse ... ne reste plus, maintenant, qu'à être patient si vous souhaitez attendre une version stable. Les plus curieux peuvent bien entendu déjà essayer ces nouveautés sur la branche de développement 2.7.x.
LibreOffice : retour sur une séparation bénéfique
Du côté de LibreOffice, la suite bureautique issue de la scission entre la communauté d'OpenOffice.org et Oracle, deux représentants de la Document Foundation étaient présents : Jean Baptiste Faure, travaillant sur l'assurance qualité, et Cédric Bosdonnat, développeur impliqué notamment dans le composant Writer de la suite. Non sans un humour assez acerbe, les deux intervenants ont dressé un bilan de la scission avec Oracle, et de ses implications dans le développement de la suite.
Pour Cédric Bosdonnat, pas de doute : la création de LibreOffice a permis de mettre fin à une situation beaucoup trop lourde, et un développement à deux vitesses qui nuisait à la qualité de la suite. Pour appuyer son propos, le développeur se base sur l'histoire de deux bugs. Le premier, intervenu avant la scission part d'une idée toute bête : ajouter des espaces insécables après des points d'interrogation. Une « feature » développée « en 3 heures » avant de se heurter à la lourde procédure d'Oracle. «La philosophie d'Oracle, c'est de faire le mieux possible du premier coup, et on va pas y arriver ! », et le développeur de rappeler que « le mieux est parfois l'ennemi du bien ».
Déplorant le processus de développement d'OpenOffice.org, Cédric Bosdonnat et Jean Baptiste Faure ont notamment critiqué le nombre incalculable de Release Candidates publiés avant la sortie d'une version finale. Par rapport à cette lourdeur, le modèle de LibreOffice, selon les deux intervenants, est beaucoup plus léger, avec une sortie plus régulière de mises à jour majeures, un nombre limité de RC et le développement de mises à jour correctives plus soutenues : les versions X.X étant destinées aux « early adopters », les versions X.X.X sont plus indiquées pour les clients plus frileux tels que les entreprises ou les administrations.
Pour illustrer le changement de cycle de développement, Cédric Bosdonnat cite un autre bug, intervenu après la scission : une incompatibilité avec Word autour des en-têtes incluant des images d'arrière plan. Une fois de plus, le développeur se met à coder une nouvelle fonctionnalité permettant d'éditer des en-tête avec plus de facilité, dans la lignée de ce que propose Word. Cette fois ci, en revanche, les interactions avec les responsables de l'interface utilisateur sont beaucoup plus fluides et réactives, et le bug corrigé de devenir une fonctionnalité dans la prochaine version 3.5.
Un processus de développement simplifié donc, mais également des interrogations : le mieux peut certes être l'ennemi du bien, mais ce rythme accéléré ne risque-t-il pas d'être contre productif ? La Document Foundation semble penser le contraire... La version 3.5 de LibreOffice, en attendant, sera disponible le 8 février 2012, selon la roadmap de la Document Foundation
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