Orange continue à « optimiser » son portefeuille. Après avoir cédé sa filiale autrichienne l'année dernière, celui que l'on ne doit plus appeler France Telecom annonce la revente d'Etrali. Cette filiale versée dans les opérations de marché va être cédée au fonds américain The Gores Group, spécialisé dans les technologies de l'information et de la communication, et connu en France pour être devenu en 2008 l'actionnaire principal de Sagem Communications.
Le montant de cette acquisition par effet de levier (leveraged buy-out) n'a pas été communiqué officiellement. D'après La Lettre A, elle serait comprise entre 20 et 25 millions d'euros. « L'évaluation globale aurait été calculée sur la marge opérationnelle, légèrement en baisse », explique le site. Quoiqu'il en soit, les syndicats CFE-CGC et CFDT considèrent cette estimation « ridiculement basse ».
Cette cession n'est pas non plus du goût de la CGT. Elle affirme dans un communiqué qu'Etrali « est une société rentable, qui dispose d'un savoir-faire métier unique que très peu d'acteurs détiennent ». Rappelant que cette dernière était encore présentée il y a peu par Orange comme « un modèle économique à suivre », le syndicat fait valoir qu'Etrali est présente sur « une niche sectorielle et un marché porteur et stratégique : le trading ». D'autant qu'elle occupe le deuxième rang mondial.
La maison-mère reconnaît elle aussi les atouts de sa filiale, soulignant qu'elle « figure parmi les leaders mondiaux des infrastructures et services de trading électronique et voix ». Mais l'heure est au recentrage stratégique, n'en déplaise au syndicat. Lequel dénonce « une pure stratégie de désendettement » qui « se débarrasse de ce bijou de famille ». Alors que l'État, détenteur de 27% d'Orange, avait fait barrage à la revente de Dailymotion à Yahoo!, il ne s'est pas opposé à la cession d'Etrali à ce fonds américain.
Une lettre avait été envoyée à Arnaud Montebourg
En mars, le comité d'entreprise de la société avait pourtant tenté de mobiliser les pouvoirs publics. Un courrier (.pdf), resté lettre morte, avait même été adressé au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, celui-là même qui avait été vent debout contre la revente du site de vidéos.
« Cette décision serait justifiée par un nécessaire investissement qu'Orange ne serait plus en mesure d'assumer, en contradiction avec la stratégie dite du cloud développée par le groupe dans le cadre des ambitions qui figurent dans Conquête 2015 », expliquaient notamment les auteurs de la lettre. Qui trouvent cette décision « surprenante » jugeant l'impact sur le désendettement « quasiment nul ».
Le spécialiste des équipements téléphoniques pour salles de marché pesait en 2012 environ 100 millions d'euros de chiffre d'affaires et recensait 450 salariés, dont 210 en France. La société équipe environ 1 300 salles de marché sur 50 places financières dans le monde. Cette opération va-t-elle mener à des suppressions de postes ? Selon SUD-PTT, aucun changement ne serait prévu avant 15 mois.
Du côté du fonds Gores Group, on affirme vouloir développer Etrali « en tant qu'entreprise autonome ». Un accent sera mis sur la croissance organique et des acquisitions ciblées sont prévues. Pour Lionel Grosclaude, PDG d'Etrali, ce rachat « va permettre d'élargir le portefeuille de produits et de répondre aux exigences croissantes des clients en matière de service ».