Difficile de se démarquer sur le marché déjà très encombré des consoles portables. Pour y parvenir, Lenovo a tout simplement copié l’un des maîtres en la matière : Nintendo. La Legion Go s’apparente effectivement à une Switch à laquelle on aurait greffé les entrailles de la ROG Ally d’ASUS. Mélange contre nature ou vraie bonne idée ?
- Contrôleurs détachables
- Bon écran 8,8 pouces avec pied
- Hautes performances
- Deux ports USB4 type-C
- Ludothèque Windows 11
- Boîte de transport livrée
- Encombrante et lourde
- Encore des bugs logiciels
- Ergonomie perfectible
- Autonomie limitée
- Ventilation vite bruyante
Fiche technique Lenovo Legion GO
Système d'exploitation | Windows 11 |
Quand le PC s’inspire de la Switch
Jusqu’à présent, les consoles portables lancées depuis la sortie du Steam Deck ont presque toutes emprunté leur facteur de forme à la machine de Valve. Au premier coup d’œil posé sur la Legion Go, elle semble faire de même : la console est tout en longueur avec les contrôles de part et d’autre de l’écran. On tient la machine par les bords extérieurs et le tour est joué.
La boîte de transport et un tissu de nettoyage. Impeccable © Nerces pour Clubic
La Legion Go impose d’aller au-delà de cette première impression. Elle permet, comme sur la Switch, de faire glisser les contrôleurs afin d’avoir, entre les mains, deux espèces de joy-con pendant que le cœur de la console est posé sur un meuble avec sa béquille déployée afin qu’elle ne tombe pas. Ces contrôleurs, ils se nomment Legion TrueStrike et sont plus polyvalents que ceux de Nintendo.
En revanche, par rapport à la Switch, il n’est pas question de fournir de véritable station d’accueil ou de dock. La Legion Go est livrée avec une jolie sacoche de transport… et c’est à peu près tout. C’est d’autant plus regrettable qu’une société comme JSAUX (voir notre encadré) distribue déjà un dock parfaitement compatible avec la Legion Go pour la rapprocher un peu plus de la Switch.
Large écran et contrôleur « souris »
Cela dit, il ne faut pas s’imaginer avoir un produit aussi transportable que la console de Nintendo. La Legion Go est un appareil imposant, plus que toutes les autres consoles, à part peut-être l’AYANEO KUN. Ses 298 x 131 x 40 millimètres l’empêchent de se glisser dans une poche et ses 854 grammes sont loin des 400 g de la Switch. Cela dit, ses mensurations servent un point intéressant.
Détachés, les deux contrôleurs sont plus complets que les joy-con © Nerces pour Clubic
En effet, l’écran de la Legion Go est le plus grand jamais vu sur une portable avec ses 8,8 pouces de diagonale. Il s’agit hélas d’une dalle IPS – pas d’OLED comme sur le Steam Deck – laquelle tente de compenser avec une définition de 2 560 x 1 600 pixels et une fréquence de 144 Hz. Le rendu des couleurs est bon, mais attention, l’écran et très lumineux et les reflets s’invitent rapidement.
Au dos de la console – donc de l’écran – se trouve la béquille qui permet de faire tenir la machine sur une table. En décrochant les contrôleurs, on se retrouve presque avec un mini-PC, ne reste plus qu’à brancher clavier et souris. Pour le clavier, Lenovo n’a rien prévu, en revanche, le contrôleur de droite peut se tenir à la verticale, maintenu dans une espèce de socle : il fait alors office de « souris ».
Soyons clairs, il ne faut pas envisager la chose sur le long terme tant le contrôleur tenu à la verticale n’est ni pratique ni confortable. En revanche, en solution de dépannage, c’est assez bien vu. Lenovo n’a d’ailleurs négligé aucun aspect puisque contrairement à Valve ou ASUS, la marque a intégré deux ports USB-C : un sur la tranche supérieure, l’autre sur la tranche inférieure.
Avant et après l'ouverture de la béquille de maintien © Nerces pour Clubic
Connectique et contrôleurs
Les deux ports USB-C sont à la norme 4.0 afin de couvrir à peu près tous les usages sans passer par un connecteur propriétaire comme ASUS. C’est une excellente idée, car cela permet de gérer l’affichage sur un écran externe ou l’alimentation de la machine peu importe sa position. C’est un vrai plus par rapport aux deux consoles les plus populaires, le Steam Deck et la ROG Ally.
Un peu moins pratique d’accès, le lecteur de cartes microSD est au menu : toujours pratique pour augmenter la capacité de stockage, mais nous y reviendrons. Elle n’est pas la seule dans ce cas, mais nous remercions tout de même Lenovo pour l’intégration d’une prise jack 3,5 mm, laquelle est un combo audio, et soulignons la présence de deux micros intégrés à la machine.
Croix passable et des boutons qui gênent : l'ergonomie est perfectible © Nerces pour Clubic
Lorsqu’elles ne sont pas détachées de la machine, les Legion TrueStrike ressemblent à s’y méprendre aux classiques contrôleurs des autres consoles. Sticks et boutons sont placés à peu près pareil, mais il n’est pas question d’effet hall comme chez AYANEO. De plus, la tranche du contrôleur droit intègre deux boutons un peu gênants : ils servent en réalité en mode souris.
Ce même contrôleur dispose d’une petite molette bien dissimulée : elle ne gêne pas en mode normal et prend tout son sens en mode souris. Pour le reste, notons que les sticks sont confortables, mais que la croix est loupée : trop enfoncée et pas assez souple, elle n’est pas très agréable. En revanche, le petit pad tactile façon Steam Deck est fort bien vu et très pratique.
Le touchpad est une bonne idée © Nerces pour Clubic
Un clone de Switch, mais sans dock officiel ?
La silhouette très « Switch » de la Legion Go est une évidence. Même si les deux produits ne boxent finalement pas dans la même catégorie, il est évident que Lenovo s'est inspirée de Nintendo.
Pourtant, et nous n'avons pas eu le fin mot de l'histoire, aucune station d'accueil n'est officiellement prévue. Heureusement, la firme JSAUX spécialisée dans les accessoires a sa propre solution.
Son HB1201S reçoit la Legion Go et en démultiplie les possibilités : ports USB pour les manettes, recharge USB-C, port HDMI pour la télévision et même un port RJ45 pour le réseau filaire. Merci JSAUX, mais dommage d'avoir le surcoût à gérer.
L’AMD Z1 Extreme pour animer la bête
Venons-en à une partie plus technique en ouvrant au propre comme au figuré la Legion Go. En son cœur, c’est la puce Z1 Extreme signée AMD que l’on retrouve, c’est la même que sur la première ROG Ally, le modèle le plus puissant. Il s’agit d’un processeur doté de 8 cœurs Zen 4 jusqu’à 5,1 GHz pour la partie CPU et de 12 unités de calcul RDNA 3 jusqu’à 2,7 GHz pour la partie GPU.
Le Z1 Extreme est épaulé par 16 Go de LPDDR5-6400, une capacité qui reste immuable, et sur notre version d’un SSD de 512 Go. Pour ce dernier, il est possible d’opter pour un modèle 1 To, mais nous soulignerons surtout que ce SSD est un NVMe au format 2242 : il y aura donc un peu plus de choix que sur les Steam Deck et ROG Ally pour le remplacer.
L'ouverture de la Legion Go est simple et l'accès au SSD correct © Nerces pour Clubic
Pas grand-chose à souligner de plus côté composants, si ce n’est la présence d’un contrôleur réseau offrant le Wi-Fi 6E et le Bluetooth 5.1. Une dernière chose, Lenovo a opté pour une batterie un peu plus puissante que celle de la concurrence, à savoir de 49,2 Wh. Elle ne permet évidemment pas de jouer bien longtemps aux titres les plus lourds même si tout dépend ici du mode de puissance retenu.
Là, Lenovo a opté pour trois modes de fonctionnement selon que l’on opte pour le profil silence, équilibre ou performance. Le premier semble limiter le TDP du Z1 Extreme autour de 8 watts, tandis que le second le passe à 15 W et le troisième à 20 W. Ce dernier ne permet pas 90 minutes d’autonomie sur Cyberpunk 2077 alors qu’en « silence », on peut dépasser les trois heures.
HWiNFO et CPU-Z font le point sur la configuration © Nerces pour Clubic
Des logiciels encore à parfaire
À la manière d’ASUS, Lenovo a retenu le système d’exploitation de Microsoft. Windows 11 est préinstallé. Les habitués de SteamOS seront forcément un peu déçus, mais il n’y a pas grand-chose à faire en l’état et on ne peut nier l’un des atouts de Windows : un catalogue particulièrement riche autant du point de vue des applicatifs que, bien sûr, des jeux vidéo.
Windows 11 est préinstallé et, au premier démarrage de la console, il ne reste que quelques manipulations pour avoir un système parfaitement fonctionnel. Comme ASUS ou AYANEO, Lenovo a décidé de créer une surcouche logicielle pour rendre les manipulations plus simples. Hélas, et peut-être encore un peu plus que les solutions concurrentes, Legion Space est bancale.
Un accès Gamesplanet.com sans grand intérêt © Nerces pour Clubic
Sur le principe, les choses fonctionnent, mais il faut jouer avec les menus et sous-menus pour la moindre action et Lenovo a opté pour d’étranges réglages comme cet UMA Buffer calé sur 3 Go : cela pourra bloquer le chargement de certains gros jeux. Depuis le BIOS, il est possible de passer à 4, 6 ou 8 Go, mais ce n’est pas très user-friendly. De plus, l'interface de raccourcis est passablement bugguée : ses réglages semblent parfois inefficaces et l'utiliser alors que l'on est en jeu provoque un conflit dans les contrôles.
Comme sur les consoles Windows, reconnaissons que le clavier virtuel ou l’utilisation de la souris ne sont pas des plus pratiques même si le trackpad dépanne bien. Notons enfin qu’à la manière d’ASUS, Lenovo semble prendre le suivi de sa console au sérieux : plusieurs mises à jour du BIOS ont déjà été déployées et Legion Space a aussi bien progressé avec, par exemple, la récente option d’inversion des touches start et select demandée par la communauté.
L'interface d'accès rapide est encore pleine de bus © Nerces pour Clubic
Qu’en attendre côté performances ?
L'aspect performances devrait être la section la moins surprenante de notre test puisque la Legion Go repose sur le même processeur et presque la même mémoire que la ROG Ally. Nous avons débuté par un rapide test RAM avec AIDA64 et des mesures sur CrystalDiskMark et Cinebench R23 pour vérifier la vélocité du SSD et la puissance de calcul du Z1 Extreme.
AIDA64, CrystalDiskMark et Cinebench R23 : de bonnes performances © Nerces pour Clubic
Sur la DDR5, la latence est toujours élevée, mais nous n’avions jamais relevé un score aussi mauvais. Heureusement, les débits sont dans la norme et le SSD offre des performances plus que correctes (4,88 Go/s en lecture et 3,63 Go/s en écriture). De plus, la puissance du Z1 Extreme est au moins aussi convaincante que sur la ROG Ally.
Côte à côte, Cyberpunk 2077 et Shadow of the Tomb Raider © Nerces pour Clubic
Afin de ne pas surcharger le test, nous embrayons sur le jeu vidéo que nous limitons à deux habitués, Cyberpunk 2077: Phantom Liberty et Shadow of the Tomb Raider. Dans un cas comme dans l’autre – alors que les consoles sont limitées à 25 watts – la Legion Go fait un peu mieux que la plus puissante des deux ROG Ally. Pas de quoi pavoiser, mais Lenovo place sa machine dans le haut du panier.
Nous enchaînons avec un test peut-être encore plus important, celui de l’autonomie. Lenovo a pris le parti d’une batterie plus grosse que celle d’ASUS et cela paie. La Legion Go fait ainsi mieux que la ROG Ally d’une poignée de minutes. Est-ce suffisant pour parler de bonne autonomie ? Hélas, non d’autant que Valve avec son Steam Deck OLED a montré que l’on pouvait faire bien mieux.
Avant de conclure, deux remarques. Tout d’abord, capricieux, le logiciel de la Legion Go ne permet pas d’ajuster précisément le TDP : les options sont là, mais difficile de voir les effets de ces réglages. De plus, le ventilateur a vite tendance à monter dans les tours : même en 15 watts, il peut déranger l’entourage. Au moins, il a le mérite de maintenir la bête – et nos mains – au frais.
Lenovo Legion Go : l’avis de Clubic
Alors que les consoles portables sorties depuis le Steam Deck de Valve donnent l’impression de se ressembler, impossible de nier les efforts de Lenovo. Certes, la marque n’innove en réalité pas tant que ça, mais en empruntant beaucoup à la Switch de Nintendo, elle aboutit à un hybride de console et de PC intéressant.
Dommage qu’aucun dock ne soit de la partie, mais la possibilité de décrocher les contrôleurs et de poser l’écran à la verticale avec sa béquille est bien pratique. La présence d’un touchpad et la possibilité d’utiliser le contrôleur de droite comme une vraie-fausse souris sont des plus intéressantes et, bien sûr, l’imposant écran de 8,8 pouces fait son petit effet.
Pour ne rien gâcher, la Legion Go est une machine puissante qui parvient à garder une certaine autonomie. Hélas, Lenovo se loupe dans la gestion du ventilateur – trop bruyant – et manque le coche sur l’aspect logiciel. L’interface, en nets progrès depuis la sortie de la machine, est encore truffée de bugs divers. Un premier essai prometteur, mais pas totalement satisfaisant.
- Contrôleurs détachables
- Bon écran 8,8 pouces avec pied
- Hautes performances
- Deux ports USB4 type-C
- Ludothèque Windows 11
- Boîte de transport livrée
- Encombrante et lourde
- Encore des bugs logiciels
- Ergonomie perfectible
- Autonomie limitée
- Ventilation vite bruyante