Test Xiaomi 14T Pro : chaud devant !

C’est presque devenu un rituel. Quelques mois après la commercialisation de ses smartphones premium, Xiaomi annonce la série T qui reprend leurs principales caractéristiques avec un prix moins agressif. Le 14T Pro que nous testons ici est ainsi une version allégée du 14 Pro, disponible depuis le début de l’année.

Pour l’occasion, il se pare d’un design élégant d’un processeur puissant et surtout d’un module photographique de qualité co-conçu avec Leica. Cela suffira-t-il à en faire un smartphone séduisant ? L’apparition de l’intelligence artificielle dans la gamme T est-elle convaincante ? Et surtout, en a-t-on pour son argent ? Toutes les réponses à ces questions — et à bien d’autres — se trouvent dans notre test !

Design et ergonomie : discrètement charmeur

Le 14T Pro n’est certes pas révolutionnaire en matière de design et d’ergonomie, mais nous devons avouer qu’il a une certaine classe. Ses dimensions généreuses (160,4 x 75,1 x 8,4 mm pour 209 grammes) s’expliquent par la présence d’un écran de 6,67 pouces de diagonale. La qualité de construction s’avère excellente, tout comme le niveau de finition. Le 14T Pro est certifié IP68, ce qui le rendra résistant à une immersion prolongée dans de l’eau claire.

La finition « titane » adoptée par Xiaomi lui confère une certaine élégance ainsi qu’un charme discret qui font leur petit effet. Le constructeur décline d’ailleurs ce look sur plusieurs de ses produits (montre connectée et écouteurs, par exemple). Le 14T Pro reprend la structure « en sandwich » qui sévit depuis quelques années : son châssis en aluminium est ainsi enserré entre deux feuilles de verre (Gorilla 5 de Corning à l’avant). Précisions au passage que Xiaomi a le bon goût de fournir en standard une coque de protection en plastique.

Les touches mécaniques sont regroupées sur le flanc droit tandis que la face inférieure héberge le port USB-C ainsi que le tiroir pour cartes SIM (2 SIMs ou 1 SIM + 1 e-SIM). Enfin, un antique émetteur/récepteur infrarouge prend place sur le haut de l’appareil. C’est d’ailleurs la seule vieillerie que l’on trouve ici, le jack audio 3,5 mm étant définitivement passé aux oubliettes. La caméra dorsale prend place dans une excroissance carrée afin de rendre encore plus visibles les trois modules et le flash qu’elle héberge.

L’appareil se laisse manipuler très facilement en usage quotidien et nous avons pris plaisir à l’utiliser durant les quelques semaines de ce test. Sa finition mate le rend insensible aux traces de doigts, mais on fera attention à ne pas le laisser tomber si l’on a les mains mouillées. Cet inconvénient disparaît lorsqu’on installe la coque de protection fournie.

Un écran comme on les aime !

L’écran du 14T Pro est constitué d’une dalle AMOLED de 6,67 pouces au format 20:9 affichant 2712 x 1220 pixels. Elle prend en charge 68 milliards de teintes, est certifié HDR10+ et Dolby Vision. Sa fréquence de rafraîchissement peut atteindre 144 Hz maxi. Elle varie entre 30 et 144 Hz, mais on peut imposer 60 Hz fixes afin de limiter la consommation électrique. Notons que le taux de 30 Hz est uniquement disponible pour l’affichage permanent always on.

Par défaut, la colorimétrie est calée sur « Couleur original PRO » et s’avère assez fidèle pour contenter les photographes exigeants. On pourra au besoin adapter le rendu à ses goûts en optant pour un des modes prédéfinis ou en le réglant plus finement à l’aide des « Paramètres avancés ».

Qu’il s’agisse de scroller sur les réseaux sociaux, de jouer ou de regarder des vidéos, l’image produite s’avère de très bonne qualité. S’il faut chipoter, on regrette juste la présence d’une perforation pour la caméra frontale. Espérons que les constructeurs arriveront bientôt à la coller sous l’écran sans perforation. Samsung s’est déjà aventuré sur ce terrain avec les Galaxy Z Fold, mais il reste des progrès à faire…

Performances & autonomie

Des performances à la hauteur

Le 14T Pro est construit autour d’un SoC Dimensity 9300+ de Mediatek. Positionnée en haut de gamme, cette nouvelle version du Dimensity 9300 reste gravée en 4 nm et dispose de 8 cœurs. Il est accompagné d’un GPU Immortalis G720 MC12 à 12 cœurs et de 12 Go de RAM LPDDRX5.

Le constructeur taïwanais dispose depuis quelques années d’une gamme crédible capable de concurrencer les Snapdragon de Qualcomm, auquel il fait de plus en plus d’ombre. Sur notre modèle de test, le stockage interne non extensible se compose de 512 Go de mémoire Flash UFS 4.0. L’appareil est aussi disponible en versions 256 Go et 1 To, la quantité de RAM restant inchangée.

Ces caractéristiques techniques laissent présager d’excellentes performances brutes, ce que confirme notre batterie de tests sur (presque) tous les points. Le 14T Pro obtient 2 018 6227 points Antutu (évaluation des capacités globales).

Geekbench, conçu pour mesurer le CPU et la mémoire vive, le crédite de 6803 points en fonctionnement multicœur (2 110 points en monocœur.) Le test Wild Life Extreme de 3DMark Mobile, qui évalue le GPU, retourne un score de 3 838 points.

Équipé du Dimensity 9300+, le 14T Pro offre une excellente puissance de traitement. Certes, le GPU Immortalis G720 MC12 n’est pas aussi performant que le l’Adreno 750 du SnapDragon 8 gen 3, mais cela ne sent pas pour l’instant. Aucun problème pour faire tourner à un bon framerate et à un niveau de détail élevé des jeux comme Genshin Impact ou Asphalt 9, par exemple.

En revanche, l’appareil chauffe énormément lorsqu’il est très sollicité et frôle la limite du supportable après une trentaine de minutes de jeu non-stop. Même si cela peut sembler paradoxal, cette température élevée est due à l’efficacité de dissipation thermique du smartphone.

L’évacuation de la chaleur vers le carénage diminue la surchauffe du SoC et limite ainsi le throttling (réduction de la fréquence de fonctionnement afin d’éviter une panne). Sur trois heures ininterrompues de tests intensifs, le SoC ne voit sa fréquence réduite que de 20 %. Il n’est pas rare qu’elle le soit de 30 % ou 40 % sur les modèles concurrents.

Bonne autonomie en usage traditionnel

La batterie du 14T Pro a une capacité de 5000 mAh, valeur désormais courante sur les smartphones récents. En utilisation normale (30 minutes à une heure de jeu, une à deux heures de streaming vidéo, réseaux sociaux, e-mail, navigation sur le Net et une réalisation d’une cinquantaine de photos), on dépasse allègrement une journée et demie d’utilisation avant d’être à sec.

En mode geek, où l’on abuse des bonnes choses de la vie numérique (jeu intensif, streaming de séries à gogo et réalisation de vidéos en plus des usages normaux), on atteint tout de même une journée d’autonomie.

Ces valeurs plus que correctes sont données à titre indicatif. Selon les utilisateurs et le soin que l’on apporte à la gestion de la consommation électrique, on peut les dépasser… ou même ne pas les atteindre.

On vous conseille de faire un tour dans les réglages des applications et de vérifier celles qui ont l’autorisation de fonctionner en arrière-plan ou de démarrer automatiquement. Certains peuvent être désactivés sans que cela le pose de problème, surtout si l’on ne s’en sert pas !

Par exemple, laisser tourner Instagram ou Facebook en tâche de fond ou autoriser leur démarrage automatique fait dégringoler l’autonomie. On peut aussi limiter la fréquence de rafraîchissement de l’écran à 60 Hz, ne pas autoriser l’affichage permanent ou bien entendu désactiver la 5G si on ne l’utilise pas.

Pensez aussi à appliquer les mises à jour du système dès qu’elles vous sont proposées. Durant ce test, nous avons vu en apparaître une qui a augmenté de 30 % l’autonomie du 14T Pro… et nous a forcés à recommencer nos tests !

Le smartphone dispose d’un mécanisme de charge rapide HyperCharge 120 Watts qui doit en théorie permettre le passage de 1 à 100 % en 19 minutes. Nous écrivons cela au conditionnel puisque Xiaomi ne fournit plus d’adaptateur électrique avec le smartphone en vertu d’une loi européenne qui rentrera en application début 2025… Il faudra donc débourser la bagatelle de 80 euros pour l’acquérir, soit 10 % du prix de l’appareil.

Si l’on ne peut reprocher à Xiaomi et à ses concurrents de respecter les lois de l’Union européenne, on peut tout de même pointer du doigt leur évidente tartufferie. Ainsi, le constructeur affirme vendre le 14T Pro au même prix que son prédécesseur qui disposait du fameux chargeur. C’est faux, puisqu’il faut ajouter 80 euros afin d’avoir une prestation équivalente.

Bien sûr, nous avons tous un bloc d’alimentation qui traîne au fond d’un tiroir et que l’on peut utiliser, mais il ne fournira pas la rapidité promise par Xiaomi. Et que se passera-t-il en cas de panne due à un chargeur défectueux ? La garantie jouera-t-elle ? Spoiler : non.

Xiaomi et ses concurrents profitent donc de cette loi afin d’augmenter les bénéfices sur le dos des consommateurs. S’ils faisaient preuve d’un minimum d’honnêteté commerciale, les constructeurs pourraient ajouter à leur produit un code afin de commander gratuitement le fameux adaptateur au besoin. Quitte à s’acquitter des quelques euros au titre des frais d’envoi : cela n’est en aucun cas interdit par les lois de l’Union européenne…

Signalons pour clore ce chapitre que la charge sans-fil est aussi de la partie. Avec la base à induction qui va bien, il faudrait seulement 45 minutes pour passer de 1 à 100 %. Pas mal.

Logiciel : HyperOS est-il hyper bien ?

Le Xiaomi 14T pro embarque Android 14 et la surcouche maison HyperOS dans sa version 1.01. Celle-ci remplace depuis moins d’un an l’historique MIUI 14 dont elle reprend la philosophie générale (simplicité d’utilisation, fluidité et ajout de fonctions absentes d’Android Stock) tout en posant de nouvelles fondations afin de faciliter l’ajout de fonctions.

Malheureusement, on retrouve l’avalanche de bloatwares qui encombraient déjà MIUI. Il faudra les désinstaller un par un et aller bidouiller dans les paramètres afin d’éradiquer la publicité qui peut apparaître dans certaines applications maison. Xiaomi promet — juré, craché — que la V2 d’HyperOS sera débarrassée de la pub et d’une grande partie des logiciels indésirables.

En attendant, on pourra tout de même jouer avec les fonctions liées à l’intelligence artificielle, grande nouveauté de cette version 1.0.1. Elles sont essentiellement basées sur l’offre de Google et fournissent un service appréciable, mais pas (encore) indispensable.

Parmi elles, la retouche d’image par retrait d’objets ou l’extension d’une scène nous ont le plus amusés. Bon point aussi pour les fonctions liées à la traduction, à la transcription et à la synthèse d’un enregistrement vocal. Dommage en revanche que leur longueur soit limitée… et que celle-ci ne soit indiquée nulle part. On aimerait aussi avoir la possibilité de résumer une page web ou d’obtenir une aide à la rédaction de messages courts. Bientôt, peut-être ?

Pour le reste, HyperOS dispose de possibilités intéressantes. La gestion du multifenêtre s’avère bien pensée et l’on apprécie « second espace » qui crée une copie privée de l’OS. On pourra y installer des applications qui resteront à l’abri des regards indiscrets et des données que l’on ne souhaite pas rendre visibles. L’accès au second espace s’effectue à l’aide d’une empreinte de doigt ou d’un code PIN spécifique.

HyperOS offre donc des fonctions pertinentes. Et s’il n’est pas encore hyper bien — il lui manque quelques fonctions de personnalisation de l’interface —, il en prend le chemin.

Photo : Leica aux commandes

L’aspect photographique du 14T Pro a été co-développé avec Leica, comme c’est le cas depuis 18 mois pour tous les smartphones milieu et haut de gamme.

La caméra dorsale du 14T Pro se compose de 3 modules :

• Principal : capteur 50 Mpxl Light Fusion 900 (taille 1/1,31 pouces, photosites 1,2 µm) ; objectif 23 mm f/1,6 ; autofocus
• Téléobjectif : capteur 50 Mpxl (photosites 0,64 µm) ; objectif 60 mm f/2 ; autofocus
• Ultra grand-angle : capteur 12 Mpxl ; objectif 15 mm f/2,2 ; champ de vision 120°

La caméra frontale dispose d’un capteur de 32 Mpxl (photosites 0,64 µm) et d'un objectif 25 mm ouvrant à f/2.

En plein jour, les photos produites par le module principal sont de très bonne tenue. Le piqué est bon sur toute l’image (y compris sur les bords) tandis que les couleurs sont correctement reproduites. Même constatation pour le zoom 2x, lui aussi réalisé à partir d’une découpe de l’image du module principal.

Le téléobjectif prend le relais à partir du facteur de zoom 2,6x et produit lui aussi de belles images. D’ailleurs, on se demande pourquoi Xiaomi a cru bon de proposer deux facteurs aussi proches : faire l’impasse sur le 2x n’aurait pas vraiment changé la donne. En zoom 5x, la perte de piqué est infinitésimale puisqu’il faut examiner l’image à 100 % sur un ordinateur pour la déceler.

Sans surprise, les choses se gâtent progressivement au-delà. Le zoom 10x reste tout à fait honorable, même si l’on peut voir apparaître un léger voile sur les détails les plus fins. Cela ne devrait pas gêner si l’on se contente d’un usage traditionnel (partage sur les réseaux sociaux, etc).

En zoom 20x, l’IA commence à avoir un peu de peine à « deviner » les détails de l’image que le capteur n’a pas su enregistrer. L’image reste exploitable avec un peu d’indulgence et on pourra même pousser à 30x si l’on est presbyte ou peu regardant sur les détails fins.

Nous sommes moins enthousiastes face à l’ultra grand-angle dont la netteté laisse un peu à désirer (notamment sur les bords de l’image). Il est vrai qu’il ne dispose « que » d’un capteur 12 Mpxl, ce qui rend impossible le pixel binning.

Les performances du 15T Pro suivent le même schéma en faible luminosité ou en mode nocturne, avec en prime une baisse bien plus marquée du piqué sur l’ultra grand-angle. Celui-ci tutoie alors un flou peu appréciable et l'on évitera autant que faire son utilisation. Notons au passage que le mode nocturne est limité au zoom 2,6x, ce qui nous semble plutôt raisonnable.

La réalisation de portraits ou de prises de vues en faible profondeur d’arrière-plan s’avère convaincante et il faut vraiment le vouloir afin de piéger l’intelligence artificielle… mais on y arrive, parfois !

Le 14T Pro est un bon appareil photo et produit des images plus que convenables la plupart du temps. On se méfiera tout de même de l’ultra grand-angle, notamment en faible luminosité, qui peut facilement décevoir. Bon point en revanche pour le traitement colorimétrique qui bénéficie du savoir-faire de Leica.

Xiaomi 14T Pro : l'avis de Clubic