Test TP-Link Deco BE65 : les performances du Wi-Fi 7 à un prix largement moins délirant

Quelques mois après la sortie du Deco BE85, l’un de ses premiers routeurs mesh Wi-Fi 7, TP-Link fait comme la majorité de ses concurrentes : elle descend en gamme. Le Deco BE65 reste en Wi-Fi 7, il conserve la bande des 6 GHz, mais vient presque diviser le prix par deux. C’est de la sorcellerie ?

Des bornes d’une élégance rare, seulement en blanc

Esthétique et proportions des bornes du Deco BE65 sont pour ainsi dire identiques à celles du Deco BE85. On retrouve ainsi le format mini-tour tout en rondeur de même que le chiffre sept « gravé » dans le châssis, visible sur l’avant de chaque satellite. On retrouve aussi ce coloris uniformément blanc et la possibilité de s’acheter un kit composé d’une seule ou de deux bornes – voire trois pour le Deco BE65 – afin d’avoir un réseau maillé en parfaite adéquation avec le domicile.

Le conditionnement est impeccable, avec deux bornes qui ne bougent pas © Nerces pour Clubic

En revanche, chaque borne du Deco BE85 est sensiblement plus large et plus haute que celles du BE65 : il faut bien loger les antennes, car si l’esthétique est identique et que le BE65 reste Wi-Fi 7, il fait diverses concessions techniques afin d'abaisser les tarifs. Le Deco BE85 est nettement plus cher et ces concessions se remarquent en tournant simplement chaque borne : la connectique est plus fournie et plus moderne sur le BE85.

Sur une borne BE65, il faut ainsi se contenter de quatre ports RJ45 2,5 GbE, tous capables de fonctionner en WAN ou LAN quand une borne BE85 pouvait compter sur deux des quatre ports en 10 GbE et profiter aussi d’un port SFP+. Cela dit, les BE65 sont déjà bien équipés d’autant qu’on profite en plus des prises RJ45, d’un port USB 3.0. Ce n’est, hélas, pas si fréquent sur les routeurs alors qu’il est toujours pratique de pouvoir connecter au réseau un appareil USB.

Quatre ports Ethernet 2,5 GbE et un USB 3.0 : complet © Nerces pour Clubic

Sur chaque borne, notons aussi la présence d’une prise pour relier la brique d’alimentation externe et d'un bouton WPS pour activer/désactiver le Wi-Fi Protected Setup, une procédure plus sécurisée. En deux mots, pour finir, soulignons enfin la présence dans la boîte de conditionnement, en plus des deux bornes puisque nous avions le modèle « double », de deux briques d’alimentation et, ça fait un peu radin, d’un seul câble Ethernet RJ45.

Réseau mesh : simple à installer, à faire évoluer

Le Deco BE65 est, au même titre que le BE85 de la même marque ou du récent Orbi 970 de Netgear, ce que l’on appelle un routeur mesh ou maillé en français. De base – avec une seule borne – il fonctionne exactement comme un routeur classique et c’est d’autant plus vrai chez TP-Link que le Deco BE65 est doté de toute la connectique nécessaire pour se la jouer routeur solo sans difficulté.

Tout l’intérêt du réseau mesh est cependant de pouvoir aller au-delà de ce côté solo. Un routeur unique doit produire un signal très puissant pour les grands logements et, même ainsi, il est souvent en difficulté dans les maisons un peu biscornues ou sur plusieurs étages. Le réseau mesh remédie parfaitement à cela en proposant la mise en place de bornes qui fonctionneront comme de super-répéteurs de signal Wi-Fi. Pourquoi de super-répéteurs ?

Car un réseau mesh ne se contente pas de propager le signal Wi-Fi, il autorise un recoupement des zones de couverture afin, si les bornes sont bien placées, de toujours offrir un débit maximal. Le Wi-Fi 7 est d’ailleurs là pour accentuer encore cet atout grâce à de multiples fonctionnalités aux noms tous plus barbares les uns que les autres (4096-QAM, OFDMA, canal de 320 MHz, Multi-RU, bande de 6 GHz, MU-MIMO). Nous n’en retiendrons qu’un sur ce dossier, le MLO.

Sigle signifiant Multi-Link Operation, le MLO est là pour profiter de toutes les bandes passantes disponibles : il vient agréger celle des 2,4 GHz, des 5 GHz et des 6 GHz afin de toujours profiter des meilleurs débits/de la meilleure portée et est alors baptisé STR (pour simultaneous transmit and receive ou transmission et réception simultanées). On peut aussi en profiter pour utiliser un mode radio unique afin de réduire la latence, c’est ce que l’on appelle l'EMLSR (pour enhanced multi-link single-radio ou mode radio unique multi-liens amélioré).

Ce qu’il y a de bien avec le Deco BE65, c’est que TP-Link a certes cherché à réduire la facture – par opposition au très onéreux BE85 – mais elle ne l’a pas fait n’importe comment. On conserve tous les atouts du Wi-Fi 7 avec simplement une petite baisse technique : on ne compte plus que 4 antennes internes par borne contre 8 sur le B85. À quelque chose malheur est bon puisque, nous le disions, cela vient réduire les dimensions de chaque borne : 107 x 107 x 176 mm contre 128 x 128 x 236 mm sur le BE85.

Une application smartphone exemplaire

En revanche, TP-Link n’a pas revu la procédure d’installation et, sur le Deco BE65, ça reste donc un modèle du genre. En général, il suffira d’installer l’application Deco sur son smartphone et de scanner le QR code visible sur la borne, puis de suivre les étapes de mise en place. Simple comme bonjour. Notez qu’une interface Web reste disponible, mais elle n'est plus dans l'air du temps et, surtout, elle ne permet pas la configuration de base du réseau. Dommage.

L'installation du réseau se fait sans difficulté avec l'application Deco © Nerces pour Clubic

Un réseau mesh permet donc d’ajuster les choses à ses besoins. En général, on part sur un kit deux bornes, mais il est possible et surtout très simple d’en ajouter pour couvrir, par exemple, un grenier récemment aménagé ou une véranda. L’application Deco se charge à nouveau de (presque) tout : il suffit de lui dire que l’on ajoute une nouvelle borne, de la brancher et de laisser le système faire tout le travail de rechercher/configuration. Encore plus fort : TP-Link autorise le mélange des générations et nous avons ainsi pu ajouter une borne BE65 à notre vieux réseau en X90.

Simplissime, l'ajout de bornes peut se faire avec d'anciennes générations © Nerces pour Clubic

Pour le reste, il n’est pas nécessaire de trop s’appesantir sur la question de l’application Deco. Elle n’a pas vraiment changé depuis notre test du BE85 et comporte donc les mêmes (nombreuses) forces et les mêmes (rares) faiblesses. Du côté des forces, on retiendra d’abord l’organisation impeccable et la clarté d’une interface qui – au contraire du serveur Web – est moderne et agréable. On accède sans difficulté aux paramètres Wi-Fi et à la mise en place d’un réseau d’invités.

Très agréable, l'application smartphone est bien meilleure que l'interface Web © Nerces pour Clubic

Au centre de l’écran, on découvre une représentation du réseau actuel, avec les différentes bornes et le débit (upload/download) de celle sur laquelle on est connectée. La liste des clients en ligne est bien sûr facile d’accès alors que TP-Link met aussi en avant ses outils pour une maison connectée. À partir de cet écran principal, on accède vite aux modules de sécurité et de contrôle parental. Hélas, sans l’option « sécurité + », cela reste basique.

Riches de nombreuses fonctionnalités et pratiques à utiliser, les applications sécurité + et contrôle parental sont une fois encore en supplément. Dommage © Nerces pour Clubic

Une option que TP-Link facture 5,49 euros par mois ou 40 euros annuels afin, par exemple, d’apporter des précisions sur les menaces d’intrusion qui ont été stoppées. Il en va un peu de même pour le contrôle parental qui propose de configurer une heure de coucher gratuitement, mais implique de débourser 3,29 euros par mois (ou 20 euros annuels) pour profiter de limites de temps, de plages horaires à définir ou de véritables profils avec activation de la recherche sécurisée par exemple.

Et côté performances, ça donne quoi ce Wi-Fi 7 ?

Si vous lisez Clubic assidument, vous savez que l’appellation Wi-Fi 7 est hélas largement galvaudée du fait de certaines largesses prises par le consortium qui gère la norme. Résultat, des routeurs Wi-Fi 7 peuvent se passer du canal de 320 MHz ou de la bande des 6 GHz. Heureusement, ce n’est pas le cas du BE65 qui réduit de même la voilure – sur le nombre d’antennes par exemple – pour être un peu moins cher à l’achat. Un moindre mal ?

Débits en local

Plutôt que de réaliser des mesures sur une connexion Internet qui, hélas, n’offre pas entière satisfaction, nous nous focalisons sur les débits en local. Pour ce faire, nous utilisons OpenSpeedTest avec deux appareils Wi-Fi 7 très performants.

À ce petit jeu, le TP-Link BE65 n’est certes pas le plus rapide, mais avec 1 552,2 Mbps en download et encore 1 042,6 Mbps en upload, il n’est pas si éloigné des meilleurs. Nous sommes ici loin des débits théoriques, mais il faut prendre en compte que malgré nos efforts, des interférences peuvent jouer.

Puissance du signal

L’outil WiFi Analyzer nous permet de vérifier l’intensité du signal en fonction de la bande de fréquences retenue et des canaux sélectionnés. Ce n’est pas une surprise et malgré nos efforts en la matière, la bande des 2,4 GHz est passablement encombrée : c’est celle de tous les objets connectés du quotidien, à éviter donc pour un smartphone par exemple.

La puissance du signal sur la bande des 2,4, des 5 et des 6 GHz © Nerces pour Clubic

Sur les 5 GHz, c’est déjà moins la bousculade et sur les 6 GHz, tout est très tranquille. Pour ce qui est du BE65 dont le nom de réseau a été changé pour « maison » afin d’être plus repérable, les performances sont excellentes avec un signal puissant qui ne devrait avoir aucun mal à se propager dans la maison.

Débits sur la distance

Notre troisième et dernier test de performance privilégie les débits obtenus via le transfert de fichiers entre un client et un serveur. Ce dernier restait à proximité immédiate du routeur, mais le client était d’abord placé à 5 mètres, puis à 15 mètres et, enfin, pour la forme, à 25 mètres.

Une telle mesure dépend de nombreux facteurs et il convient de noter que malgré nos efforts, les conditions peuvent changer légèrement entre le test d’un routeur et celui d’un autre modèle, deux mois plus tard. Notons que les fabricants eux-mêmes travaillent sur leurs produits et que de nouveaux micrologiciels peuvent apporter des améliorations de débits.

Cela dit, même dans ces conditions perfectibles, on voit clairement l’écart générationnel entre nos différents routeurs mesh, les Netgear RS700S et RS300 étant là comme « références », ce ne sont pas des mesh. Les Deco X90 de TP-Link et Orbi 960 de Netgear ne déméritent pas, mais le Wi-Fi 6 du premier et le Wi-Fi 6E du second montrent leurs limites.

En revanche, pas grand-chose à redire sur les performances obtenues par le TP-Link BE65. Ce n’est évidemment pas le plus rapide, mais c’est aussi le moins cher de notre sélection. Il s’en sort plus qu’honorablement et maintient même un débit surprenant sur 25 mètres… même si une telle distance n’a guère d’intérêt en mesh : il vaut mieux ajouter une borne que de pousser à ce point.

TP-Link BE65 : l’avis de Clubic