La durée et le prolongement de la vie des batteries des véhicules électriques est un sujet qui devient, à mesure que l'électrification se poursuit, de plus en plus important. Sauf que derrière les beaux discours, les difficultés sont palpables.
Alors que la France a inauguré sa gigafactory de batteries il y a quelques semaines et que les pouvoirs publics ne jurent plus (ou presque) que par l'électrique, le principe de l'économie circulaire vient d'en prendre un coup. Si les constructeurs annoncent à tout bout de champ vouloir réutiliser les batteries des véhicules électriques, les experts sont loin d'être aussi affirmatifs, comme nous l'apprennent nos confrères de Reuters.
Il sera « difficile de donner une seconde vie » aux batteries des voitures électriques
Pour générer une économie circulaire du secteur, les constructeurs automobiles du globe ont déjà annoncé leur intention de réutiliser les batteries des véhicules électriques, lorsqu'elles perdent de la puissance. Sauf que pour le cabinet de conseil Circular Energy Storage (CES), spécialisé dans les volumes et prix des batteries, cette volonté pourrait avoir des effets néfastes.
« L'hypothèse selon laquelle les batteries de véhicules électriques ne dureront que huit à dix ans et que les propriétaires les échangeront n'est tout simplement pas vrai », explique le fondateur du cabinet, Hans Eric Melin, pour qui il va être « difficile de donner une seconde vie » aux appareils.
Pourtant, l'Union européenne imposera le passeport batterie d'ici 2026 pour les véhicules électriques, une mesure qui justement permettra de mieux suivre la vie globale des batteries et leur empreinte carbone. Mais bien qu'il soit tout à fait possible de réutiliser une batterie issue d'un bus, d'un camion ou d'un utilisateur, « il faudra plus de temps pour que les batteries des voitures utilisées par les particuliers soient réutilisées à grande échelle ».
Les batteries, convoitées ailleurs…
Après huit à dix ans d'utilisation, la capacité des batteries utilisées pour les véhicules électriques tombe sous les 85 à 80 %. Elles peuvent alors être réemployées pour alimenter des bâtiments ou équilibrer les réseaux énergétiques locaux notamment. Pendant ce temps, des constructeurs automobiles, comme Nissan et Mercedes, ont mis en place leur propre structure de seconde vie des batteries.
Mais la durée de vie des voitures thermiques reste très importante, et les véhicules électriques fabriqués il y a dix ans sont toujours sur la route. « Il n'y a donc, pour ainsi dire, pas de marché pour les batteries de seconde vie » aujourd'hui, témoigne le patron de la start-up allemande Fenecon, spécialisée dans ce secteur.
Le recyclage fait aussi du tort à cette économie circulaire de la batterie. S'il est plus gourmand en énergie et en carbone, la demande en matériaux cellulaires lui permet de rester économiquement plus attractif qu'une réutilisation de la batterie dans une autre voiture. Autrement dit : le recyclage (et la vente de matières premières précieuses qui en découle) est plus rentable aujourd'hui que l'économie circulaire.
L'utilisation de vieilles batteries pour le stockage du réseau devient aussi importante. En 2030, elle atteindra 680 gigawattheures chez nos voisins britanniques, contre 16 gigawattheures en 2021. Aux États-Unis, des entreprises discutent directement avec les assureurs pour récupérer des batteries Tesla. Pour l'heure, ce sont davantage les véhicules utilitaires qui seraient privilégiés par l'industrie de l'automobile pour profiter des batteries de seconde vie.
Source : Reuters