Lors de sa faillite au mois de mars, les responsables de Virgin Orbit espéraient encore sauver l'entreprise grâce à une reprise. Mais tout espoir est terminé pour les fusées larguées par un 747 : d'autres acteurs du secteur spatial américain se sont partagé les éléments clés de Virgin… pour une bouchée de pain.
Le malheur des uns…
On enlève tout
Les techniciens ont commencé à enlever la peinture rouge du 747 « Cosmic Girl » stationné à l'aéroport californien de Mojave. Bientôt, c'est la livrée grise et blanche de Stratolaunch qui ornera le quadrimoteur spécialement équipé d'un pylône et d'un dispositif de largage particulier. Il s'agit là d'une des plus spectaculaires acquisitions à la suite de la faillite de Virgin Orbit au mois de mars.
L'entreprise s'était placée sous la protection du « chapitre 11 » de la loi sur les faillites américaines, ce qui lui laissait une bonne chance d'effacer ses dettes et de repartir de plus belle… Mais pour cela, il fallait un investisseur capable d'éponger une partie de la dette et de montrer des garanties financières à moyen terme. Personne ne s'étant présenté (il faut dire que Virgin Orbit perdait beaucoup d'argent), l'entreprise dont le siège et le site de production étaient basés à Long Beach a été purement et simplement démantelée.
Distribution et petits prix
Le grand 747, donc, a été attribué à Stratolaunch. Cette entité opère déjà le Roc, l'avion à la plus grande envergure au monde, et se prépare à mener les premières campagnes de ses petits avions fusées hypersoniques Talon (non habités). Il est tout à fait possible que les Talon-A, les plus petits, soient adaptés très prochainement pour voler sous l'aile de l'ex-747 de Virgin Orbit ! Ce dernier ne s'appellera probablement plus « Cosmic Girl »…
Comme d'autres atouts clé, l'avion a été acheté à un prix plancher : 17 millions de dollars ! Et les entreprises du secteur des lanceurs américains ont flairé les bonnes affaires. Rocket Lab a ainsi récupéré – pour 16,1 millions de dollars – une grande partie du site de production à Long Beach avec les très chères machines-outils spécialisées, la startup VAST (Launcher) a fait main basse sur le site de test moteur à Mojave pour 2,1 millions de dollars. Firefly Aerospace a annoncé ce 16 juin avoir acquis « tout le reste » en un véritable lot comptable, pour 3,8 millions de dollars. Outils, moteurs fusées, peut-être même les machines à café de la salle de pause… Il ne restera plus rien de Virgin Orbit.
La fin des largages de fusée ?
L'histoire des lancements de fusées aéroportées est complexe, et bien peu d'acteurs y sont véritablement parvenus. La petite fusée Pegasus de Northrop Grumman (aujourd'hui en retraite faute de commandes) restera-t-elle le seul succès de la famille ? Virgin Orbit a mené six largages/lancements avec LauncherOne, avec deux échecs au compteur… Et ce n'est pas tant la fiabilité qui a coulé le projet que le manque de cadence de lancements associé à une improbable rentabilité : Virgin Orbit déboursait chaque trimestre plusieurs dizaines de millions de dollars. Plusieurs startups travaillent cependant à de nouveaux concepts, encore peu matures.
Rappel utile : Virgin Orbit, qui n'existe plus, était indépendante et n'avait que son origine en commun avec l'autre entreprise du secteur spatial, Virgin Galactic. Cette dernière perd également beaucoup d'argent, mais elle est toujours en place et va faire prochainement parler d'elle avec de nouveaux vols de son avion fusée touristique VSS Unity.
Source : SpaceNews