La nouvelle est confirmée, mettant fin à plusieurs semaines de spéculations diverses et variées : AMD lance une OPA amicale sur le canadien ATI et acquiert ce dernier pour un montant d'environ 5,4 milliards de dollars. En attendant la conférence téléphonique de cet après-midi, qui permettra peut-être d'en savoir un peu plus sur les motivations d'un tel rapprochement, les deux groupes ont annoncé leur fusion prochaine par voie de communiqué de presse.
AMD va donc procéder au rachat du canadien en cash et par échange de titres. Il proposera 16,40 dollars et 0,2229 action AMD pour chaque action ATI, ce qui valorise le canadien à environ 5,4 milliards de dollars. Cette acquisition, la plus importante jamais effectuée par AMD, contraint le fondeur de Sunnyvale à débourser 4,2 milliards de dollars.
Ne disposant pas d'une telle somme, AMD a choisi de faire appel au fonds d'investissement Morgan Stanley, qui contribuera à hauteur de 2,5 milliards de dollars à cette acquisition. Le reste de la somme proviendra des réserves d'AMD et des revenus d'investissements à court terme. Les marchés ont accueilli la perspective de cette annonce avec une relative défiance, craignant qu'elle ne permette pas à AMD de reprendre des parts de marché à son rival historique. Vendredi soir, le cours de l'action AMD dégringolait de 15,7% à 18,26 dollars.
Dave Orton, CEO d'ATI, ainsi que deux de ses directeurs, rejoindront l'équipe dirigeante d'AMD. Selon certains analystes, ce rapprochement devrait permettre à AMD et ATI de reproduire le schéma mis au point par Intel pour les Ordinateurs Portables avec la plateforme Centrino. Pour l'instant, les deux sociétés se contentent d'évoquer le développement de plateformes embarquées, de solutions mobiles ainsi que de produits destinés au jeu vidéo, au multimédia et aux marchés émergents. Comme avec toutes les fusions les autorités compétentes doivent donner leur accord tout comme les actionnaires. AMD et ATI espèrent finaliser la fusion fin 2006. Ce rapprochement devrait leur permettre d'économiser environ 75 millions de dollars en frais opérationnels chaque année d'ici 2007, indiquent-elles. Selon AMD, l'opération devrait se révéler rentable très rapidement. Le communiqué précise également que le chiffre d'affaires d'ATI et d'AMD aurait approximativement atteint les 7,3 milliards de dollars sur les quatre derniers trimestres.
De nouveaux rapports de force risquent bel et bien de se mettre en place dans l'industrie informatique suite à ce rachat. On attend maintenant avec impatience les réactions d'Intel mais également des précisions sur cet accord : la marque ATI va-t'elle survivre (ou verra-t-on apparaître des AMD Radeon X1950 XTX ?). Y aura-t-il des suppressions de postes ou des gammes de produits condamnées à la déchéance (disparition des chipsets pour Intel) ? Intel conservera-t'il une licence pour proposer la technologie CrossFire sur ses Cartes mères ?
Les réactions à chaud...
Du côté de NVIDIA France, Stéphane Quentin Responsable relations presse déclare : « Nous ferons toujours les meilleurs produits pour les deux univers » ce qui sous-entend que les chipsets nForce pour la plate-forme AMD subsisteront. Intel France ne fait pour l'instant aucun commentaire sur cette annonce. Pas moyen non plus d'avoir confirmation de l'information selon laquelle Intel n'aurait pas renouvellé la licence d'ATI pour la mise au point de chipsets compatibles.Quelques informations issues de la conférence AMD :
Lors de la conférence téléphonique suivant l'annonce du rachat d'ATI par AMD nous avons pu apprendre qu'aucun licenciement n'était pour le moment envisagé, la nouvelle entité devant disposer de 14 900 employés. Interrogé sur le devenir des chipsets pour Processeurs Intel, ATI a indiqué qu'il continuerait à livrer de tels chipsets jusqu'à la fin de l'année, ce qui semble indiquer qu'Intel ne renouvellera effectivement pas la licence en question. Les dirigeants d'AMD, Hector Ruiz et Bob Rivet, indiquent de leur côté que cette fusion est essentielle pour la croissance de leur groupe. AMD précise d'ailleurs que les très bonnes relations d'ATI avec les trois fondeurs mondiaux principaux (TSMC, UMC,etc) lui permettront de disposer d'un nombre d'options considérable pour optimiser la production. Visiblement désireux de créer une ou plutot des plate-formes à la Centrino, et disposant dorénavant de l'expertise d'ATI dans les chipsets, AMD répète que ses clients ne seront pas obligés d'acheter un processeur AMD et un chipset AMD. Enfin ATI nous indique que la marque ATI subsistera sur le moyen terme et que la feuille de route des nouvelles puces graphiques demeure inchangée.Par ailleurs, AMD pense profiter de ce rachat pour mettre sur pied de nouvelles solutions « tout intégré » (processeur + solution graphique) économiques. Pour plus de détails sur ce sujet, nous vous invitons à consulter la brève Fusion AMD/ATI : Bientôt un CPU/GPU tout-en-un ?.