Nous sommes victimes de la fast fashion © Gorodenkoff / Shutterstock
Nous sommes victimes de la fast fashion © Gorodenkoff / Shutterstock

Des applications qui reposent sur l'intelligence artificielle aident les consommateurs à redécouvrir et combiner les vêtements qu'ils possèdent déjà. Ces outils visent à réduire la surconsommation dans l'industrie de la mode en proposant de nouvelles façons de porter les pièces existantes, sans acheter davantage.

On le sait, le monde de la mode est devenu une industrie qui a engendré un phénomène de consommation de masse de vêtements à prix cassés, à la qualité douteuse et aux conditions de fabrication néfastes pour l'environnement.

Chaque année, ce ne sont pas moins de 92 tonnes de vêtements qui finissent à la poubelle. Cette tendance à l'éphémère, la « fast fashion », souffle sur les consommateurs, incités à acheter toujours plus de tenues. La planète comme nos armoires débordent de pièces qu'on ne porte finalement presque jamais.

Mais ce gâchis économique, sociétal et environnemental est peut-être sur le point de prendre fin. Des start-up innovantes misent sur l'IA pour nous aider à exploiter au maximum de ses capacités le contenu de nos dressings. Rares sont les occasions de parler de l'utilisation intelligente de… l'intelligence artificielle, alors pourquoi s'en priver ?

La fast fashion, ce fléau qui vide nos portefeuilles et pollue la planète

Si vous ne connaissiez pas ce concept ou si vous usez vos vêtements jusqu'à la corde, alors la fast fashion peut vous paraître folle. C'est la tendance des grandes enseignes vestimentaires telles que Shein à sortir de nouvelles collections toutes les semaines, à des prix cassés, des matières pas toujours très inoffensives pour l'environnement ou notre santé, en bref, tout pour nous faire acheter toujours et encore plus de tenues, pièces et autres basiques textiles. Mais la fast fashion, c'est la triple peine.

Pour la planète d'abord : l'industrie textile est l'une des plus polluantes au monde. L'Agence européenne pour l'environnement indique qu'en 2020, « la production de produits textiles consommés dans l'UE a généré des émissions de gaz à effet de serre de 121 millions de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone (CO2e) au total, soit 270 kilos de CO2e par personne ». Une pollution à laquelle vient s'ajouter du rejet de produits chimiques dans nos cours d'eau, eau qui est d'ailleurs engloutie par cette industrie à hauteur de 400 millions de mètres cubes, toujours en 2020.

Pour les travailleurs ensuite : dans les usines, les conditions sont souvent déplorables. Salaires de misère, heures supplémentaires à rallonge, conditions de travail quasiment inhumaines, sécurité des biens et des personnes relatives… Tout ça pour produire toujours plus, toujours moins cher.

Et pour nous enfin : nos placards subissent cette drôle d'économie circulaire qui n'a d'économique que l'aspect. On achète, on jette, on rachète, et c'est reparti pour un énième tour dans les rayons textiles ou sur les sites web.

Résultat : en 2020, la consommation textile en Europe était le 4ᵉ secteur qui a le plus affecté notre environnement. Visionnaire était celui qui a dit : « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs. »

L'IA au secours de nos garde-robes : la slow fashion 2.0

Il fallait agir. Et la première des choses à faire était de juguler notre consommation. Acheter moins, mais mieux, sans frustration, pour caresser le cercle vicieux et le faire devenir vertueux. Super idée sur le papier, qui rappelle la proposition de la députée (Horizons) Anne-Cécile Violland de taxer les vêtements vendus en ligne des enseignes de fast fashion, mais dans nos armoires, c'est comment ?

C'est l'IA qui semble avoir la réponse, et surtout, la solution. Des applications comme Cladwell, Indyx ou Whering l'utilisent pour nous aider à redécouvrir notre garde-robe. Le principe est simple : on uploade tous nos vêtements sur l'app. Ensuite, l'algorithme se charge de créer des combinaisons auxquelles on n'aurait pas pensé. Un « upcycling » de notre dressing, qui nous ferait même découvrir des pièces que l'on a oubliées au fond du dernier tiroir, derrière celles qu'on lave et remet systématiquement. Peut-être certaines d'entre elles n'ont jamais été portées et sont-elles encore étiquetées.

L'IA vole au secours de notre garde-robe et de la planète © PeopleImages.com - Yuri A

Mais au-delà de jouer la fée des combinaisons des placards, ces outils analysent notre style, catégorisent nos pièces, suggèrent des tenues selon la météo ou l'occasion. D'autres nous aident à créer une garde-robe capsule, un ensemble de basiques polyvalents autour desquels on peut construire plein de looks.

L'objectif, vous l'aurez désormais deviné, est double : en redécouvrant le potentiel de notre garde-robe, on ressent moins le besoin d'acheter du neuf. On sort du cycle infernal de la fast fashion pour une consommation plus raisonnée. Certaines apps poncent encore plus les capacités de l'IA en nous connectant à des pièces ou tenues d'occasion en vente assorties à ce que nous possédons déjà, ou en évaluant le coût de vos prochains achats pour les ajuster.

Bien sûr, ces solutions ne sont pas parfaites et sont d'ailleurs déjà critiquées comme il se doit. En effet, photographier toute sa garde-robe peut sembler fastidieux. Et à terme, l'IA pourrait tourner en boucle dans ses suggestions. Mais c'est un premier pas vers une consommation plus consciente de la mode. Bienvenue dans une nouvelle ère, celle de la slow fashion assistée.