Bipeurs et talkies-walkies du Hezbollah qui explosent, bientôt sur Netflix, à la télé ou au cinéma

Les explosions de bipeurs et talkies-walkies appartenant à des membres du Hezbollah vont à coup sûr inspirer bien des scénaristes. Les plateformes Netflix, HBO, le petit et le grand écrans se positionneront probablement pour en tirer du contenu.

Les mardi 17 et mercredi 18 septembre, le Liban a été frappé par deux attaques sanglantes espacées de vingt-quatre heures. Après les bipeurs, ce sont des talkies-walkies qui ont explosé, causant la mort de plusieurs individus affiliés au Hezbollah. Des centaines de personnes ont aussi été blessées. Comme tout événement sortant de l'ordinaire, et celui-ci est à proprement parler extraordinaire, les scénaristes s'empareront vite de ce petit bout d'histoire, comme tant d'autres événements passés.

En France, pas de tabou sur l'adaptation d'événements tragiques au cinéma ou en streaming

Vous comprendrez bien que notre démarche n'est pas ici sensationnaliste. En fait, nous avons remarqué que beaucoup de gens, sur les réseaux sociaux notamment, ont comparé les terribles attaques survenus au Liban cette semaine à un « scenario Netflix ». Il s'agit d'une façon accessible de dire que les attaques auraient très bien leur place dans une fiction ou une adaptation sur une plateforme de streaming, sur une chaîne de télévision, ou au cinéma, tant elles sont presque surréalistes.

Et pour cause, les exemples, plus ou mois récents, de telles adaptations ne manquent pas. Surtout lorsque l'événement est criminel, exceptionnel par son impact sur l'opinion, ou à tout le moins sanglant. La France en a, hélas, connu plusieurs ces dernières années.

Dans Notre-Dame brûle, le réalisateur Jean-Jacques Annaud a reconstitué, heure par heure, l'incendie historique de la cathédrale parisienne du 15 avril 2019. Le film, sorti au cinéma en 2022 et produit par Pathé avec TF1 Films Production, avait attiré 400 000 curieux dans les salles obscures.

Quatre ans plus tôt, le 13 novembre 2015, la France était frappée par une série d'attentats, dont celui du Bataclan, faisant 130 morts et 413 blessés. Ces terribles événements ont aussi fait l'objet d'adaptation sur grand écran. Novembre, sorti le 5 octobre 2022 avec Jean Dujardin, avait suscité la curiosité de 600 000 personnes. Le film racontait l'enquête de l'anti-terrorisme pendant les jours suivant les attentats. Un autre film, Un an, une nuit, sorti au cinéma le 3 mai 2023, fut adapté du livre de Ramon Gonzalez, survivant de l'attaque du Bataclan.

Un difficile équilibre à trouver entre le divertissement et le respect de l'Histoire et des victimes

Les Américains, rois du divertissement, ne manquent pas non plus d'exemples. Forcément, l'Histoire nous ramène tout de suite au 11 septembre 2001, et les attentats de Manhattan à New York, tristement symbolisés par l'effondrement des deux tours du World Trade Center. Une mini-série documentaire, Turning Point, créée pour Netflix et distribuée sur la plateforme depuis le 1^er septembre 2021, revient sur les attentats mais aussi sur les événements qui ont conduit à ces derniers.

Lauréat de l'Oscar du meilleur scénario adapté en 2016, The Big Short: Le Casse du siècle, au casting XXL (Steve Carelle, Christian Bale, Ryan Gosling, Brad Pitt), est directement inspiré d'un livre de Michael Lewis, qui raconte la crise financière mondiale de 2007-2008 provoquée par l'explosion de la bulle immobilière aux États-Unis, la fameuse crise des subprimes. Le film, sorti en 2015 sur grand écran, est aujourd'hui disponible sur Disney+.

Un dernier exemple marquant : Chernobyl, diffusée en 2019. La série TV, en partie produite par HBO et aujourd'hui à suivre sur la plateforme de streaming Max, décrit la catastrophe nucléaire de Techernobyl d'avril 1996. Elle fut aussi très largement saluée par la critique et les spectateurs, glanant au passage quatre Emmy Awards et deux Golden Globes.

L'adaptation de graves événements historiques suscite souvent des débats intenses. Elle permet de documenter et de sensibiliser sur ces tragédies, en expliquant les faits ou en explorant les émotions humaines derrière ces événements. Ces œuvres doivent néanmoins trouver un équilibre délicat entre la fidélité historique, le respect des victimes, et le divertissement. Car mal utilisées, elles peuvent être perçues comme une exploitation commerciale. Les spectateurs restent, on ose l'espérer, à la recherche d'une justesse émotionnelle et d'une perspective qui rendent hommage aux victimes, tout en évitant le sensationnalisme.