Edge a été lancé en 2015 pour succéder à Internet Explorer. © photo_gonzo / Shutterstock
Edge a été lancé en 2015 pour succéder à Internet Explorer. © photo_gonzo / Shutterstock

La domination de Microsoft sur le marché des navigateurs web soulève une nouvelle fois l'ire de ses concurrents. L'éditeur de Redmond est accusé de favoriser indûment son navigateur Edge, ravivant ainsi les débats sur les pratiques anticoncurrentielles.

Dans une lettre adressée à la Commission européenne, un trio de navigateurs alternatifs - Vivaldi, Waterfox et Wavebox - épaulé par le collectif Open Web Advocacy, monte au créneau. Leur grief ? L'exemption dont bénéficie Microsoft Edge vis-à-vis du Digital Markets Act (DMA), cette réglementation censée niveler le terrain de jeu numérique au sein de l'Union européenne.

Cette fronde s'inscrit dans le sillage de l'action en justice intentée en juillet dernier par Opera, l'éditeur norvégien, qui avait déjà sonné la charge contre cette dispense accordée à Microsoft. Les plaignants estiment que l'hégémonie d'Edge sur l'écosystème Windows perpétue des « pratiques déloyales » que même les mesures de choix de navigateur imposées sur les appareils mobiles n'ont pas réussi à contrebalancer sur les ordinateurs de bureau.

Le joker de Redmond face à l'armada des concurrents

L'atout maître de Microsoft réside dans l'omniprésence d'Edge, préinstallé sur chaque ordinateur Windows. Cette distribution massive constitue, selon les opposants, un avantage « inégalé » que nul navigateur indépendant ne saurait espérer égaler. « Edge demeure la principale porte d'entrée pour les consommateurs souhaitant télécharger un navigateur indépendant sur les PC Windows », arguent-ils. Qui ne s'est jamais précipité sur Edge au moment de l'achat d'un nouveau PC pour télécharger son navigateur préféré ? Un réflexe vestige de l'époque Internet Explorer, qui fut perçu, dans ses dernières années de vie, comme lent et peu sécurisé.

Malgré ce net avantage, Edge ne détient qu'une part de marché mondiale légèrement supérieure à 5 %, très loin derrière le mastodonte Google Chrome, qui culmine à 66 %. Néanmoins, les plaignants dénoncent également les pop-ups intempestifs envahissant Edge qui, selon eux, dénatureraient les fonctionnalités distinctives des navigateurs concurrents.

 En proposant Edge par défaut, Microsoft cherche  cherche à promouvoir son navigateur et à concurrencer les autres navigateurs populaires. © Daniel Chetroni / Shutterstock
En proposant Edge par défaut, Microsoft cherche cherche à promouvoir son navigateur et à concurrencer les autres navigateurs populaires. © Daniel Chetroni / Shutterstock

L'ombre du passé plane sur l'avenir du web

Cette controverse ravive le souvenir des batailles juridiques qui ont jadis opposé Microsoft aux autorités antitrust, notamment concernant l'intégration d'Internet Explorer à Windows. Aujourd'hui, l'enjeu se cristallise simplement autour de l'application du DMA, censé réguler les géants du numérique pour favoriser l'innovation et la concurrence.

La Commission européenne, qui a jusqu'à présent refusé de considérer Edge comme un contrôleur d'accès au sens du DMA (c'est-à-dire une entité qui occupe une position dominante sur un ou plusieurs marchés numériques essentiels), se trouve face à un dilemme. Devra-t-elle revoir sa position pour apaiser les tensions grandissantes au sein du secteur ?

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Source : Reuters