United Launch Alliance a fait décoller le deuxième exemplaire de sa fusée Vulcan depuis la Floride ce 4 octobre. Mais moins d'une minute après son envol, l'un des deux boosters auxiliaires à poudre a souffert d'une impressionnante explosion. Malgré tout, la fusée a résisté, et elle a atteint ses objectifs : éjecter… rien.
Le décollage d'aujourd'hui, pour les équipes d'United Launch Alliance (ULA), ne devait pas se solder par une telle tension. Après tout, il n'y avait rien d'important sous l'imposante coiffe de 5 mètres de diamètre. En effet, après son lancement inaugural très réussi au début de l'année, ULA s'est trouvée face à un problème de taille : la navette cargo DreamChaser, qui devait décoller sur le deuxième tir, ne sera pas prête avant l'hiver, au mieux.
Or, le constructeur doit valider deux vols de certification réussis pour pouvoir envoyer en orbite les précieux satellites de la défense américaine. Ainsi, « Cert-2 », ce 4 octobre, décollait à vide pour simuler un profil de vol classique. Le compte à rebours a été plusieurs fois retardé, sans incidence sur le vol lui-même. À 13 h 25 (heure de Paris), au lever du soleil sur la Floride, la fusée Vulcan a décollé, propulsée par ses deux moteurs BE-4 et par deux boosters auxiliaires à poudre. Le tir a frôlé la catastrophe après 37 secondes de vol.
Booster à la poudre d'escampette
Dès les premières secondes de son ascension, on a pu voir des flammes se rapprocher de façon inhabituelle de l'entrée de la tuyère de l'un des deux boosters GEM-63XL situés sur les flancs de la fusée Vulcan. Rien d'alarmant alors, mais rapidement, une explosion a secoué le lanceur, éjectant une partie de la tuyère de ce booster à poudre, dont la combustion n'était plus que partiellement efficace.
Vulcan, boiteux, a ainsi généré une traînée de biais. Mais l'ordinateur de contrôle du vol a immédiatement compensé en orientant les moteurs centraux. L’explosion n'a pas engendré de dégâts structurels, et malgré les risques, les équipes ont déterminé que Vulcan restait dans son cône de trajectoire nominale.
Après éjection des deux boosters, le reste du vol s'est passé normalement, même s'il a fallu compenser la perte de poussée. L'étage supérieur Centaur V est ainsi resté allumé quelques secondes de plus que prévu. Tout était géré par le lanceur lui-même, qui compensait avec les outils à sa disposition. Et finalement, après 40 minutes et deux allumages moteurs, Vulcan a réussi son vol : l'orbite atteinte est finalement celle qui était prévue au départ. Le patron d'ULA, Tory Bruno, en a profité pour féliciter ses équipes pour ce « bullseye » (tir en plein centre de la cible).
La certification en question ?
De prime abord, la fin de semaine sera compliquée pour plusieurs équipes, en particulier du côté de Northrop Grumman, le géant de l'aéronautique américaine qui fournit les GEM-63XL à United Launch Alliance. D'autre part, il y aura une enquête interne (et peut-être avec la FAA) pour déterminer les causes exactes de cette spectaculaire ascension.
Pour autant, cela ne veut pas dire qu'ULA peut s'asseoir sur sa certification pour le département de la défense américain. D'abord parce qu'au regard des résultats, l'orbite est la bonne, et que celle du premier vol en janvier était excellente aussi. Ensuite, le fait que la fusée ait pu compenser par ses propres moyens est très encourageant, même si a priori, le lanceur disposait d'une plus grande marge opérationnelle pour ce tir que pour un décollage classique.
Enfin, la Space Force a félicité ULA pour le résultat du tir, ce qui montre quand même une satisfaction pour le résultat obtenu. Ce qu'il faut retenir, c'est que si cela devait arriver, il valait vraiment mieux que cela se produise sur ce décollag… Maintenant, il faudra quand même comprendre ce qu'il s'est passé.
Source : SpaceNews