Intel aurait pu être le roi de l'IA aujourd'hui. Mais une décision prise en 2005 a scellé son destin et propulsé NVIDIA au sommet.
Imaginez un monde où Intel dominerait le marché de l'intelligence artificielle, avec une valorisation dépassant les 3 000 milliards de dollars. Ce scénario aurait pu être une réalité si le géant des processeurs avait fait un autre choix il y a près de 20 ans.
Une récente révélation du New York Times nous plonge dans les coulisses d'une décision qui a changé le cours de l'histoire technologique.
Le jour où Intel a dit non à NVIDIA
En 2005, Paul Otellini, alors P.-D.G. d'Intel, propose à son conseil d'administration une idée audacieuse : racheter NVIDIA pour 20 milliards de dollars. À l'époque, la firme au caméléon n'est connue que pour ses cartes graphiques destinées aux gamers. Mais certains dirigeants d'Intel ont déjà une vision : les GPU pourraient jouer un rôle crucial dans les data centers du futur.
Malheureusement pour Intel, le conseil d'administration rejette l'idée. Trop cher, trop risqué, pas assez dans l'ADN de l'entrepris… Les arguments ne manquent pas. Intel préfère miser sur son projet interne baptisé Larrabee, censé révolutionner le monde des processeurs graphiques.
On connaît la suite : Larrabee sera un échec cuisant, tandis que NVIDIA deviendra le champion incontesté des puces pour l'IA. Aujourd'hui, la valorisation de NVIDIA dépasse les 3 000 milliards de dollars, soit 30 fois celle d'Intel. Un retournement de situation spectaculaire qui fait grincer des dents dans les couloirs de Santa Clara.
Les occasions manquées s'accumulent
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. En 2017, Intel a une nouvelle opportunité en or : investir dans une petite start-up prometteuse nommée OpenAI. L'entreprise propose à Intel une participation de 15 % pour 1 milliard de dollars. Encore une fois, le géant des processeurs passe à côté du coche. Bob Swan, P.-D.G. d'Intel à l'époque, ne croit pas au potentiel de l'IA. Il estime que les modèles d'intelligence artificielle sont encore loin d'être commercialement viables. Une vision à court terme qui coûtera cher à l'entreprise, alors que ChatGPT rencontre un succès impressionnant depuis 2 ans.
Pendant ce temps, NVIDIA continue sa montée en puissance. La firme investit massivement dans le développement de puces spécialisées pour l'IA et dans des outils logiciels comme CUDA. Une stratégie gagnante qui lui permet aujourd'hui de dominer le marché de l'intelligence artificielle.
Chez Intel, les choses sont beaucoup moins roses. « C'est douloureux pour moi de partager cette nouvelle », déclarait récemment Pat Gelsinger, l'actuel P.-D.G. d'Intel, en annonçant le licenciement de 15 000 employés. Une situation qui contraste fortement avec celle de NVIDIA, devenue l'entreprise la plus valorisée au monde devant Microsoft et Apple. L'histoire d'Intel nous rappelle que dans le monde de la tech, une décision peut avoir des conséquences sur des décennies.
Source : New York Times