Le conseil d'administration de l'agence des transports de San Francisco vient d'approuver un contrat de 212 millions de dollars avec Hitachi Rail. Il est grand temps pour la ville de remettre son système de contrôle des trains, qui fonctionne depuis 1998 avec des disquettes de 5,25 pouces, sur les rails de la modernité.
Les disquettes, c'est comme les modems 56K, des outils qui ont marqué toute une génération et signé des avancées technologiques. Jusqu'à ce que ces petits carrés de plastique d'abord souples, puis rigides, qui ont marqué l'histoire de l'informatique dans les années 80-90, cèdent leur place aux CD, clés USB et autres disques durs externes.
Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, elles sont toujours utilisées quotidiennement dans le métro de San Francisco. Chaque matin, les agents chargent trois de ces reliques pour faire fonctionner le logiciel DOS qui contrôle les serveurs centraux du système. Et ça fait plus d'un quart de siècle que se manège s'opère en sous-sol. Mais un vent de nouveauté souffle dans les couloirs du métro san-franciscain.
Un système de contrôle des trains resté bloqué dans les années 90
Le métro de San Francisco traîne comme un boulet un héritage technologique digne d'un musée de l'informatique. Installé en 1998, le système actuel repose sur des disquettes de 5,25 pouces pour démarrer ses serveurs centraux sous DOS. Non, pas celles sur lesquelles vous avez fait tourner Fruity Frank ou connu les premiers émois du traitement de texte avec Textor, mais bel et bien la génération précédente, au format souple comme du papier, comme celles que la marine allemande utilise toujours pour certains de ses bâtiments.
Cette infrastructure devait initialement durer entre 20 et 25 ans, une durée de vie d'autant plus largement dépassée aujourd'hui que le système utilise des boucles de câbles pour communiquer avec les trains, avec une bande passante inférieure à celle d'un antique modem AOL.
Les techniciens jonglent quotidiennement avec ces limitations : lorsqu'un train entre dans le métro, son ordinateur de bord doit se connecter à ce système archaïque pour passer en pilotage automatique. À sa sortie, il revient en mode manuel. Un ballet technologique qui tient plus du bricolage que d'une gestion moderne des transports en commun. La pandémie de COVID-19 n'a rien arrangé, retardant de 18 mois les premiers plans de modernisation initiés en 2018.
Hitachi Rail va propulser le métro dans l'ère moderne avec un projet pharaonique à 700 millions de dollars
Il était grand temps pour celle que certains baptisent The City d'apposer son tampon au bas du contrat avec Hitachi Rail, première étape d'une transformation bien plus ambitieuse. Sur les 700 millions de dollars prévus pour moderniser l'ensemble du système, 212 millions serviront à remplacer l'infrastructure actuelle par une technologie utilisée dans plus de 50 pays, notamment pour le train à grande vitesse japonais.
Il faudra donc remiser les disquettes et les câbles en boucle : le nouveau système utilisera le Wi-Fi et les signaux cellulaires pour suivre précisément la position des trains. Cette modernisation s'accompagne d'un contrat de maintenance sur 20 ans avec Hitachi, qui se porte garante d'une expertise technique sur le long terme.
Le déploiement commencera fin 2027 et s'étendra jusqu'en 2028 pour le métro, avant de s'attaquer aux lignes de surface. Selon Julie Kirschbaum, directrice du transport en commun de la ville, « le nouveau système de contrôle est censé avoir cinq générations d'avance sur celui utilisé actuellement ». Une sacrée rame d'avance, même si l'ensemble du projet ne devrait être totalement achevé qu'en 2033/2034.
Sources : San Francisco Chronicle, Ars Technica