La technologie OLED va-t-elle connaitre un véritable tournant dans les mois et années à venir ? C'est du moins le pari de TCL qui, via sa filiale CSOT, investit massivement sur ses lignes de productions de dalles Inkjet OLED. On vous explique pourquoi cette troisième famille d'affichage OLED, après le W-OLED de LG Display et le QD-OLED de Samsung Display, pourrait bousculer le marché.
Depuis plusieurs années, des entreprises chinoises comme BOE et TCL CSOT investissent massivement dans les technologies OLED. Parmi les technologies émergentes, l'Inkjet printed OLED prend corps et se concrétise. La preuve à l'occasion du dernier Consumer Electronic Show à Las Vegas puisque TCL y exposait plusieurs modèles et prototypes.
Inkjet printed OLED : pour moniteurs, laptops… et prochainement pour téléviseurs ?
Si vous êtes lecteurs ou lectrices de Clubic, vous savez sans doute que la production de dalles OLED, pour des écrans plus grands que ceux des smartphones, se divise en deux grandes technologies. D'un côté, le W-OLED développé par LG Display et de l'autre le QD-OLED sur lequel Samsung Display capitalise depuis maintenant trois ans. Il va désormais falloir compter sur un troisième acteur dans le monde de l'OLED : TCL CSOT.
07 janvier 2025 à 10h26
Pour la petite histoire, l'OLED IJP (pour Inkjet Printed) a d'abord été développé par Epson à partir de 2004 avant que JOLED (un consortium regroupant Sony et Panasonic) n'en reprenne la plupart des brevets en 2014, puis dépose le bilan quelques années plus tard. Flairant le bon coup, TCL CSOT a acquis les principaux brevets clés de cette technologie en 2020 ; quatre ans après, les premiers écrans OLED fabriqués avec ce procédé d'impression par jet d'encre sortent des lignes de production du géant chinois.
Alors que TCL avait pris un peu de retards sur ses chaînes de production d'OLED IJP, le constructeur chinois a annoncé, il y a quelques semaines, la mise en production d'une dalle 4K de 21,6 pouces, destinés au monde professionnel. Le procédé va également être utilisé pour produire une dalle de laptop de 14 pouces, avec comme potentiels clients des noms comme celui d'Apple ! Sur son stand du CES, TCL présentait également plusieurs prototypes, que vous pouvez voir en images ci-contre. Nous avons pu voir un moniteur 4K/120Hz de 27 pouces, annoncé avec un temps de réponse de moins de 1 ms, un pic lumineux de 600 cd/m², ainsi qu'une large couverture colorimétrique : supérieur à 99 % pour le DCI-P3 et à plus de 82 % du BT.2020.
TCL vise tout particulièrement le secteur médical comme débouchés pour ses écrans flambant neufs, comme le montre la mallette d'échographie que vous pouvez voir un peu plus bas. La densité de pixels de cet écran 4K sur 21,6", le taux de contraste (annoncé à 1000000:1), la légèreté de l'écran, ou encore sa formidable reproduction des couleurs, en font un modèle parfait pour ce genre d'applications.
07 janvier 2025 à 07h35
Et les téléviseurs dans tout ça ? À en croire les plans de TCL CSOT, les dalles de plus grands formats pourraient arriver d'ici à 2026 et potentiellement équiper certains téléviseurs. En attendant, TCL débarque sur le marché avec une technologie dont les avantages ont de quoi bousculer concrètement le marché de l'affichage.
Quels sont les réels avantages de l'OLED InkJet Printed ?
L'OLED développé par TCL CSOT utilise une méthode différente et novatrice pour déposer les matériaux organiques sur le substrat. Alors que la méthode standardisée utilise des masques métalliques fins (FMM) pour appliquer les matériaux de manière (plus ou moins) précise sur le substrat, en association avec une technique d'évaporation thermique sous vide (VTE), l'OLED IJP recourt à une technique tout à fait différente qui est celle de l'impression par jet d'encres… dans les grands traits, similaire à ce que propose votre imprimante !
05 août 2024 à 14h51
En effet, cette technique consiste à déposer des couches de matériaux organiques sur un substrat via des gouttelettes de liquide projetées par des têtes d'impression, à un niveau millimétrique. Première grande différence avec la technique classique, l'Inkjet OLED ne nécessite pas de chambre sous vide, crucial dans la technique d'évaporation, mais uniquement un environnement contrôlé (température et humidité). Cette dissemblance dans le procédé ne s'arrête pas là puisque l'impression par jet d'encre à la capacité d'être beaucoup plus précise. Pour vous donner un ordre d'idée, le procédé d'évaporation accuse un taux de rebut compris entre 40 et 60 % ! Oui, vous avez bien lu, entre 40 et 60 % des dalles partent directement à la poubelle, les techniques de recyclages étant loin d'être rentables…
L'Inkjet OLED profite quant à elle d'un niveau d'efficacité drastiquement plus élevé ! Ce procédé n'accuserait, en effet, qu'environ 2 à 3 % de taux de rebut. Bien sûr, il y a d'autres facteurs qui font que l'IJP est promis à un bel avenir, le principal étant, selon nous, la possibilité sur le papier de produire des écrans de grandes tailles sans pour autant faire monter les coûts de production.
Vous l'aurez compris, le nerf de la guerre est là : dans les coûts de production. Le procédé étant moins complexe, moins dépendant des conditions de l'environnement de production, et générant moins de rebuts… il sera, tout naturellement, moins cher à produire !
L'OLED IJP n'a toutefois pas atteint la maturité d'une technologie comme celle de l'évaporation sous vide. Finalement, ça aussi, c'est une bonne nouvelle ! Cela signifie que sa marge de progrès est encore énorme et qu'en vérité, nous sommes peut-être aux prémices d'une révolution technologique pour le domaine de l'affichage avec, en bout de course, une technologie OLED qui pourrait devenir beaucoup plus accessible pour le grand public.