Le "Madoff du bitcoin" poursuivi par les autorités américaines

Ludwig Gallet
Publié le 24 juillet 2013 à 13h04
Le bitcoin, la monnaie virtuelle scrutée de très près par les autorités américaines, fait l'objet d'une mise garde de la Security of Exchange Commission après la découverte d'une arnaque de 60 millions de dollars.

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Le bitcoin fait de nouveau parler de lui. L'engouement qu'il a suscité à l'époque de sa flambée attire visiblement certaines personnes mal intentionnées, prêtes à tirer parti des spécificités de la devise virtuelle. Lors de l'éclatement de la bulle, les médias se sont tous emparés d'une valeur bien particulière, échappant à tout contrôle, et faisant de facto l'objet de certains fantasmes, notamment autour du financement d'activités illicites.

Un ramdam qui a poussé quelques mois plus tard les autorités à se pencher sur la question, envisageant une possible régulation de la monnaie. Mardi, la SEC (Security of Exchange Commission) a à son tour publié un avertissement concernant les risques potentiels liés au recours au bitcoin. Pour preuve, des poursuites ont été lancées contre un homme ayant abusé du système pour mettre en place une arnaque, basée sur le système de Ponzi (ou pyramide). Une technique de fraude très ancienne, remise au goût du jour dans l'affaire Madoff. Il s'agit de financer des investissements (en promettant parfois des taux d'intérêts inégalables) en remboursant les prêteurs grâce aux sommes injectées par les nouveaux entrants. Jusqu'à ce qu'un jour, l'ensemble du système ne finisse par s'effondrer.

Le « Madoff du bitcoin » se nomme Daniel T.Shavers. En créant BTCST (bitcoin Savings and Trust) il promettait de financer des investissements en bitcoin au taux stupéfiant de 7% la semaine. L'homme assurait à ses clients que l'intéressement était rendu possible par les spécificités de la monnaie virtuelle. Ensuite, le schéma pyramidal classique de Ponzi s'appliquait.

De lourdes sanctions à prévoir

L'homme aurait ainsi levé 700 000 bitcoins en 2011 et 2012. Ce qui représente aujourd'hui quelques 65 millions de dollars au taux actuel, contre à peine 4,5 millions à l'époque. Le problème, c'est qu'il n'a au total remboursé que 507 148 bitcoins, pour conserver le reste bien au chaud. Autre problème, le krach d'avril dernier, qui a fait perdre une grande partie de la valeur de son trésor, de 80% au plus fort de l'effondrement. Shavers parvient à conserver à l'époque un bénéfice net de 165 000 dollars, explique la SEC. Une somme utilisée en large partie pour payer essentiellement loyers, nourriture, dépenses personnelles ou encore le jeu d'argent.

Dans le cadre des poursuites, l'autorité espère, au moyen d'une ordonnance judiciaire, obtenir le gel des avoirs de l'arnaqueur. D'autres mesures sont attendues, à savoir des injonctions permanentes, le remboursement des sommes indûment acquises et autres sanctions financières.

L'affaire ne pouvait sans doute pas mieux tomber pour les autorités américaines et notamment la CFTC (Commodity Futures Trading Commission). En mai dernier, cette dernière avait fait valoir qu'une régulation de la devise était tout à fait possible, justifiant un tel projet par la nécessité de protéger les consommateurs.

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