Alors que les syndicats américains et les grands studios étaient en pleine négociation sur l'avenir de la profession, la question des outils tels que ChatGPT est apparue dans le débat, non sans fracas.
C'est une première dans le milieu, qui met en lumière les attentes des sociétés de divertissement vis-à-vis de ces nouvelles technologies, mais aussi les conditions de plus en plus précaires des scénaristes.
Des scénaristes mis à mal par ChatGPT ?
Si l'affrontement entre les outils génératifs et les ayants droit a été largement mis en avant ces derniers mois, les premiers s'entraînant avec le contenu des seconds pour générer leurs résultats, d'autres inquiétudes émergent de toutes parts. Au fur et à mesure que la technologie s'améliore, les artistes, les auteurs, les journalistes, et les créateurs de contenu en général, ne voient pas les utilisations qui en sont faites d'un bon œil. Et ils n'ont pas tout à fait tort, du moins pour l'instant.
Mais, c'est la WGA (Writers Guild of America) qui a sans doute fait le geste le plus significatif à ce jour concernant l'utilisation de l'IA dans leur profession. En pleine négociation avec les grands studios et les majors sur la question de la rémunération des scénaristes, le sujet des IA génératives a commencé à susciter des désaccords.
Si elles ont le potentiel de changer le processus créatif, tout le monde n'est pas unanime sur la manière de les utiliser. Les scénaristes, comme d'autres groupes d'artistes, veulent avoir le droit de refuser que leur travail soit utilisé pour former des IA. Si l'objectif est de préserver leur savoir-faire, il s'agit aussi de protéger leurs rémunérations liées aux droits d'auteur.
Aussi, ils demandent que le processus de création soit totalement exempt de l'utilisation de programmes génératifs, depuis le matériau source jusqu'à la version définitive. Il s'agit ici de protéger la rémunération des auteurs en ne les privant pas de leur implication dans les projets. Mais également de ne pas leur compliquer la tâche par l'utilisation d'outils dont ils estiment les résultats encore trop mauvais.
« La crainte immédiate de l'IA n'est pas que les scénaristes voient leur travail remplacé par un contenu généré artificiellement », explique C. Robert Cargill, scénariste, entre autres, de Doctor Strange. « C'est que nous soyons sous-payés pour réécrire ces déchets en quelque chose que nous aurions pu faire mieux dès le départ. C'est ce à quoi la WGA s'oppose et ce que les studios veulent. »
Les studios cherchent à gagner du temps et… de l'argent
Au bout du compte, la divergence de fond reste la rémunération des scénaristes. Selon la WGA, les IA génératives ne font que souligner une tendance générale de l'industrie, qui tendrait à dévaloriser le travail des scénaristes.
Pour John August, scénariste des films Charlie's Angels et Charlie et la Chocolaterie : « Les studios aimeraient traiter les scénaristes comme des travailleurs ponctuels. Ils veulent pouvoir nous engager pour une journée à la fois, un projet à la fois, et se débarrasser de nous aussi vite que possible. » Avant d’ajouter : « Je pense qu'ils voient l'IA comme un autre moyen de le faire. »
Ce que confirmerait l'attitude, ces dernières semaines, des grands studios, parmi lesquels Netflix, Amazon, Apple et Disney. Ce serait même une de leurs propositions dans les négociations qui aurait servi de détonateur pour lancer la grève. Les suggestions des syndicats pour réglementer l'utilisation de l'intelligence artificielle ont été rejetées en bloc, laissant place à l'organisation de réunions annuelles pour discuter des avancées technologiques.
« L'idée que nos préoccupations puissent être prises en compte lors d'une réunion annuelle est absurde et franchement choquante », s'insurge John August. « Tous ceux qui s'intéressent à l'IA peuvent vous dire que ces grands modèles de langage progressent à une vitesse incroyable. Le matériel généré par l'IA n'est pas quelque chose qui deviendra un facteur dans quelques années. Il est là, maintenant. »
Pour les studios, ces outils sont généralement un moyen de gagner en rapidité, de mettre les projets en production plus tôt et à moindre coût. Si les syndicats cherchent avant tout à protéger la profession, ils ne sont pas irrévocablement opposés à l'utilisation de l'IA générative. Un rédacteur explique : « Ce que nous disons, c'est que nous pouvons ralentir un peu et avoir une conversation réfléchie sur les réalités et leurs conséquences. »
Source : Vice
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