Marché de niche depuis des années, le monde des hybrides console portable/PC a été secoué par la sortie du Steam Deck. En attendant l'hypothétique second bouleversement lié à la ROG Ally d'ASUS, nous testons notre coup de cœur du moment. Malgré un tarif élevé, la GPD Win 4 a un charme fou !
- Format compact et design "PSP"
- Sticks, boutons, "souris" excellents
- USB4 compatible GPU externe
- Écran IPS de grande qualité
- SSD (512 Go - 2 To) format 2280
- Clavier coulissant très pratique
- Tarif élevé, même en config mini
- Écran 6'', bordures bien présentes
- Ventilateur presque toujours actif
Une fois n’est pas coutume, nous ne proposons un test « pur et dur » pour nous focaliser plutôt sur les forces et faiblesses du Steam Deck d'un côté et de la GPD Win 4 de l'autre. Un duel, donc pour tenter de ne rien oublier depuis la question du prix jusqu’à celle des performances en passant par l’ergonomie ou les accessoires.
Fiche technique GPD Win 4
Design général : avantage Win 4
Le Steam Deck est un produit imposant. Ses 30 centimètres de long en font une machine qui n’est pas toujours pratique à prendre en main et même s’il est techniquement possible de glisser la bête dans une poche… on va dire que c’est tout sauf confortable.
Colin avait comparé le Steam Deck à la Switch et l'avait glissé dans sa poche © Colin Golberg
De son côté, la Win 4 est une merveille qui a tapé dans l’œil de nombreux joueurs dès les premières annonces. Il faut dire que GPD a su faire vibrer la fibre nostalgique des joueurs avec un produit très proche de la PSP auquel on a ajouté quelques touches de PS Vita pour parfaire la chose.
La Win 4 est plus courte, mais aussi plus trappue et plus ramassée © Nerces pour Clubic
Les 22 cm de la Win 4 font leur effet. La console est plus naturelle à tenir et l'on a moins l’impression de trimballer un tank inspiré de la Lynx d’Atari malgré une « densité » plus importante. En effet, la Win 4 est 70 g moins lourde que le Steam Deck, mais cela ne se ressent pas tout de suite.
Au contraire, durant les premières minutes, on a l’impression d’un appareil plus lourd et il faut une session de jeu pour percevoir la réalité. De plus, la Win 4 est mieux conçue que le Steam Deck : on dispose de trois ports USB quand Valve se montre pingre (1x USB-C), mais nous y revenons tout de suite.
Ergonomie : avantage Win 4
Par ergonomie, nous entendons tout ce qui touche au confort d’utilisation. De base, les deux consoles sont proches : on dispose d’un écran central et de contrôles répartis des deux côtés. Le Steam Deck adopte une position « en ligne » des commandes quand la Win 4 se rapproche d’un pad Xbox.
Les sticks du Steam Deck sont plus gros, comme ses boutons ou sa croix directionnelle, mais la Win 4 l’emporte grâce à une plus grande précision. Les boutons de Valve sonnent « creux », ceux de GPD inspirent confiance avec un cliquetis de bon aloi. Sur la Win 4, les sticks bénéficient d’un effet Hall pour une plus grande précision et une meilleure fiabilité.
Les boutons sont un peu fins, mais on apprécie la présence de deux ports USB sur le dessus, un sur le dessous © Nerces pour Clubic
La technologie est onéreuse, mais basée sur les champs magnétiques, elle évite d’employer des pièces mécaniques et rend théoriquement impossible le drift rencontré sur quantité de sticks. Tous les goûts sont dans la nature, mais nous avons une préférence encore plus nette pour la croix directionnelle de la Win 4 qui enterre complètement celle de Valve.
La croix directionnelle est excellente et notez, en-dessous, le lecteur d'empreintes © Nerces pour Clubic
Le Steam Deck se repose sur deux zones tactiles pour émuler la souris. Le résultat, proche du Steam Controller, est intéressant, mais nous restons loin de la précision et du confort du petit pavé directionnel de GPD. Enfin, et c’est sans doute le « clou du spectacle » pour GPD : l’écran glisse vers le haut pour laisser apparaître un véritable clavier.
Ultra compact, il ne remplacera pas un vrai clavier en Bluetooth/USB, mais il fait plus que dépanner son utilisateur. Prendre des notes, ajuster les réglages d'un émulateur ou installer Windows, se fait sans accessoire supplémentaire sur la Win 4. Enfin, la position « surélevée » de l’écran est assez agréable !
Ouverture et accessibilité : match nul
Un ordinateur portable n’est déjà pas toujours évident à démonter/réparer, il va sans dire que les hybrides console/PC ne sont pas fait pour être ouverts tous les jours. Valve a toutefois tenu à rendre la chose faisable et bravo à GPD d’avoir fait de même.
Plutôt qu’un long discours, nous vous proposons de découvrir les vidéos de deux confrères ayant pris le temps de se filmer au moment du démontage.
À gauche, le démontage du Steam Deck par iFixIt et, à droite, celui de la Win 4 par Droix
Dans un cas comme dans l’autre, il faut quelques outils pour désolidariser la coque arrière de la machine. Notons l’accessibilité partielle du SSD, mais avec un avantage notable pour GPD : le sien est au format « 2280 ». Il est limité à un modèle simple face, mais permet d’accéder à des SSD de 2 To quand le Steam Deck se limite à 1 To avec son format « 2230 ».
En réalité, c’est toutefois le seul avantage de la Win 4 car, pour le reste, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Aucune des machines ne permet d’étendre la mémoire vive et la batterie – certes démontable – est compliquée à changer.
Environnement logiciel : match nul
Le Steam Deck est livré avec Steam OS, mais depuis la sortie de la machine, il est toutefois devenu assez simple d’installer Windows 10/11. Attention tout de même à disposer d’un hub USB pour brancher clavier et souris, sans quoi la procédure va être compliquée.
Chez GPD, c’est Windows 11 qui a été préféré, mais il est cette fois possible de se tourner vers Steam OS sans que la chose ne pose de réelles difficultés. Grâce aux trois ports USB de la Win 4, l’installation de n’importe quel OS est plus aisée. Pourtant, on regrette qu’en dehors de l’OS, GPD ne propose pas grand-chose si ce n'est son Motion Assistant, un programme pratique pour gérer le TDP et la consommation du processeur de la Win 4.
Motion Assistant est utile, ce n'est guère le cas de Win Controls © Nerces pour Clubic
Nous sommes ainsi déçus par l’autre logiciel livré, Win Controls. Son objectif est de modifier l’association des commandes de la Win 4, mais le soft est une catastrophe avec une interface moche et mal pensée qui occupe une place folle pour rien. Pire, les options de paramétrages sont ridicules, on ne peut créer de profil par joueur ou par application. Inutile.
Enfin, la Win 4 souffre ici de sa jeunesse par rapport au Steam Deck. Ainsi, ce dernier dispose de nombreux softs pour simplifier la vie comme l’inégalable Decky Loader et ses divers modules. Heureusement, les choses progressent du côté de GPD et l’excellent The Phawx a, par exemple, mis en ligne une vidéo pour utiliser AutoTDP, une pépite pour gérer le TDP de la Win 4.
Accessoires : avantage Steam Deck
Dans la partie précédente, nous évoquions la jeunesse de la Win 4 par rapport au Steam Deck. Une jeunesse qui a aussi son importance côté accessoires. En effet, avec une petite dizaine de mois de plus, la machine de Valve a eu le temps de voir débouler quantité de périphériques plus ou moins intéressants. Notons aussi l’avantage d’être une machine adoptée bien plus largement.
Pour dénicher des accessoires sur la Win 4, il faut se tourner vers des boutiques comme AliExpress et rien ne garantit que les protections et autres docks que l’on y trouve sont de qualité. Sur Steam Deck, des marques comme JSAUX se sont taillé une jolie réputation et c’est d’ailleurs chez elle que nous avons pris notre dock, un accessoire très pratique pour quiconque joue avec sa machine : port RJ45, USB ou HDMI et même baie pour SSD.
Housse en silicone et protection écran : cela tarde à venir sur la Win 4 © Nerces pour Clubic
Citons également quantité de protections d’écran lesquelles peuvent aussi rendre la dalle plus matte pour une meilleure lisibilité en pleine lumière ou filtrer la lumière bleue. Des housses très variées existent également ainsi que des protections en silicone qui enveloppe littéralement le Steam Deck, voire des skins pour en changer l’apparence.
Écran : avantage Win 4
Sur le papier, la technologie à l’œuvre chez GPD et Valve est similaire. On parle effectivement de dalles IPS avec une fréquence de rafraîchissement maximale de 60 Hz. La Win 4 a toutefois un avantage avec sa définition Full HD de 1 920 x 1 080 pixels quand il faut se contenter du 1 280 x 800 sur le Steam Deck. Sur les jeux les plus lourds, c’est inutile, mais pour tout le reste, c'est bien pratique.
Hélas, pour aboutir à une console plus petite, GPD s’est contenté d’une dalle de 6 pouces de diagonale quand Valve a adopté une 7 pouces, alors que dans les deux cas, il faut faire avec des bordures plutôt larges. Le Steam Deck semble donc avoir l’avantage, mais sa qualité d’image est nettement en retrait et, finalement, c’est quand même le plus important.
Alors que l’on parle d’une luminosité moyenne d’à peine 380 cd/m² chez Valve, on monte plutôt à 460 cd/m² sur la Win 4. Plus gênant encore, la colorimétrie du Steam Deck est désastreuse avec un delta tournant autour de 6 quand il est à moins de 2 sur la Win 4. Enfin, l’espace colorimétrique sRGB n’est couvert qu’à 70 % sur le Deck alors que l’on parle plutôt de 95 % sur la Win 4. Rien à voir.
Performances CPU/GPU : avantage Win 4
L’APU Aerith du Steam Deck avec ses 4 cœurs Zen2 et ses 8 cœurs RDNA2 ne peut guère se comparer au Ryzen 7 6800U (8 cœurs Zen3 / 12 cœurs RDNA2) d’autant qu’elle n’est épaulée que par 16 Go de LPDDR5-5500 quand notre Win 4 vient avec 32 Go de LPDDR5-6400. Il nous semblait malgré tout utile de les opposer afin d'avoir une idée de l’écart générationnel.
PCMark
À gauche, la GPD Win 4 et, à droite, le Steam Deck © Nerces pour Clubic
Preuve que le Steam Deck est avant tout une machine dédiée au jeu vidéo, le test PCMark est très largement en faveur de la Win 4 : les cœurs Zen3 font ici des merveilles avec plus 6 000 points contre moins de 3 000 chez Valve.
3DMark
À gauche, la GPD Win 4 et, à droite, le Steam Deck © Nerces pour Clubic
Les choses sont déjà plus serrées sur le test Fire Strike de 3DMark. Certes les 4 cœurs RDNA2 supplémentaires permettent à la Win 4 de l’emporter, mais le Steam Deck est loin d’être ridicule.
À gauche, la GPD Win 4 et, à droite, le Steam Deck © Nerces pour Clubic
La machine de Valve est de nouveau moins à son aise avec la scène Port Royal qui insiste sur le ray tracing : RDNA2 n'est, de base, pas doué pour le ray tracing, mais avec 50 % de cœurs en plus, la Win 4 s'en sort bien mieux malgré tout.
Cyberpunk 2077
À gauche, la GPD Win 4 et, à droite, le Steam Deck © Nerces pour Clubic
Compte tenu de la gourmandise du jeu de CD Projekt RED, nos machines n’étaient ici configurées qu’en « bas ». Notons que la Win 4 a un avantage non négligeable : la définition est en 1 280 x 720 contre 1 280 x 800 chez Valve.
Reste que l’écart entre les deux machines est assez frappant : 54,18 images par seconde contre 41,5 soit plus de 30 % de mieux, le décalage de définition n’explique pas tout. De plus, le minimum enregistré chute à 7,94 ips sur le Steam Deck, mais reste à 29,05 ips sur la Win 4. Bien plus agréable.
Shadow of the Tomb Raider
À gauche, la GPD Win 4 et, à droite, le Steam Deck © Nerces pour Clubic
Nous avions à cœur de faire tourner un jeu en « haut » niveau de détails et avons donc repris ce bon vieux Shadow of the Tomb Raider. La différence de définition évoquée sur Cyberpunk 2077 reste de mise sur ce test.
L’écart est un peu moins net que précédemment puisque nous passons de 41 ips sur le Steam Deck à 51 ips sur la Win 4. Cela reste une confortable avance pour GPD : moins de sacrifices à faire pour garder ces fameuses 60 ips.
Performances « stockage » : avantage Win 4
CrystalDiskMark SSD vs SSD
À gauche, le SSD de a GPD Win 4 et, à droite, celui du Steam Deck © Nerces pour Clubic
Le premier test « stockage » compare les deux SSD avec CrystalDiskMark. Il convient de noter que les unités sont en PCIe 3.0 x4, mais que le SSD de la Win 4 est un modèle « 2280 » contre un « 2230 » sur le Steam Deck.
La Win 4 remporte une nette victoire avec des débits bien supérieurs tant en lecture séquentielle (3,3 vs 2,4 Go/s) qu’en écriture (2,9 vs 1,2 Go/s) et tant en lecture aléatoire (56 vs 34 Mo/s) qu’en écriture (132 vs 83 Mo/s). Cela ne ressent heureusement pas en jeu où, nous n'aboutissons qu'à un écart d'une poignée de secondes au chargement.
Débits de microSD (CrystalDiskMark)
Il nous a semblé intéressant de voir ce que pouvait donner le complément presque indispensable au SSD, le lecteur microSD. Là, nous avons fait passer le test CrystalDiskMark à trois références de carte mémoire : la XLR8 Gaming de PNY, la Play de Lexar et la Canvas Go! Plus de Kingston.
En haut, les mesures sur la GPD Win 4 et, en bas, sur le Steam Deck © Nerces pour Clubic
Sur les deux cartes les plus lentes, peu importe la capacité, les débits sont similaires. En revanche, notons que la microSD Kingston Canvas Go! Plus est l'occasion de bien meilleurs résultats sur la Win 4 : elle exploite au mieux ce modèle haut de gamme quand le Steam Deck la bride.
Autonomie et nuisances : match nul
Nous arrivons doucement à la fin de notre duel, mais avant de parler prix, la question de l’autonomie et des nuisances se pose. En effet, l’un des gros défauts du Steam Deck est sans doute son manque de coffre pour nous suivre en déplacement. Hélas, la Win 4 ne fait pas mieux et sur de gros jeux Windows, elle s’essouffle aussi vite, en moins de deux heures.
Nous avons en revanche remarqué un meilleur comportement de la Win 4 en émulation sous Batocera. Ce n’est pas tant l’émulation qui est mieux gérée par le Ryzen 6800U que la distribution Batocera qui semble moins faire tourner le Rembrandt de la Win 4 par rapport au Van Gogh (Aerith) du Steam Deck : nous pouvons jouer facilement 15 à 20 % plus longtemps.
Pour le bruit et l’échauffement, les machines sont proches. Le ventilateur de la Win 4 tourne tout le temps, mais il est vite rejoint par celui du Steam Deck et leur bruit est similaire. Côté température, les valeurs sont les mêmes pour les composants. Cependant, on remarque des « poignées » plus fraîches sur le Steam Deck : l’avantage d’avoir un châssis presque 8 centimètres plus long.
Côté tarifs : avantage Steam Deck
Compte tenu de tous les éléments que nous avons avancés, cette ultime partie ne sera pas une surprise. En effet, le Steam Deck de Valve dispose d’un net avantage côté tarifs. Il n’est pas étonnant de voir la puissance de Valve lui permettre de négocier des prix de gros plus intéressants que ceux de GPD et de les répercuter au moins en partie sur ses clients.
De fait, la version la moins onéreuse du Steam Deck est à 419 euros quand il faut dépenser un peu plus de 770 dollars pour la Win 4, soit environ 700 euros auxquels il faut ajouter frais de port et possibles taxes de douane. Cela dit, il ne faut pas oublier que la machine de Valve n’est alors équipée que de 64 Go d’eMMC quand GPD livre un SSD de 512 Go que l’on ne retrouve que sur le Steam Deck le plus haut de gamme, facturé 679 euros.
L’avantage du Steam Deck tient donc surtout sur la possibilité d’obtenir une machine certes moins performante, moins complète et moins ergonomique… mais aussi bien plus accessible. Aucun autre fabricant ne propose le cocktail du Steam Deck à ce niveau de prix. Dommage.
GPD Win 4, l’avis de Clubic
Nous le disions en introduction, la GPD Win 4 est pour nous un coup de cœur. Un coup de cœur qui n’est pas donné, inutile de se le cacher, mais qui justifie chaque euro dépensé et revient sur presque tout ce qui fait défaut au Steam Deck. Détenteur des deux machines, je ne passe plus beaucoup de temps sur le produit de Valve depuis l'achat de la Win 4. Bien sûr, ses performances sont un cran au-dessus et c’est toujours pratique pour profiter d’options graphiques en plus.
Ce n’est toutefois pas l’élément essentiel, celui qui fait pencher la balance en faveur de la Win 4. En effet, à côté de quelques points de détails fort bien vus, c’est l’ergonomie d’ensemble qui permet à GPD de tirer son épingle du jeu : trois ports USB, pavé directionnel redoutable d’efficacité, bascule pad/souris et, forcément, clavier coulissant. Les mini-sticks à effet Hall, la qualité de la croix directionnelle et des boutons sont d’autres facteurs de choix… Et, franchement, ce look de PSP dans un format bien plus compact que le Steam Deck, ça mérite de casser sa tirelire.
- Format compact et design "PSP"
- Sticks, boutons, "souris" excellents
- USB4 compatible GPU externe
- Écran IPS de grande qualité
- SSD (512 Go - 2 To) format 2280
- Clavier coulissant très pratique
- Tarif élevé, même en config mini
- Écran 6'', bordures bien présentes
- Ventilateur presque toujours actif