© Guillaume Fourcadier pour Clubic
© Guillaume Fourcadier pour Clubic

Leader dans le domaine des écouteurs sportifs à conduction osseuse, Shokz a compris que certains obstacles étaient difficiles à franchir. Sa technologie, bourrée d'avantages, reste bien trop limitée d'un point de vue sonore, en tout cas dans les basses. Avec ses nouveaux OpenFit, le constructeur modifie légèrement son orientation, et met en avant un principe de « conduction aérienne », tout en passant au format true wireless.

Toujours sportifs, mais un peu plus ambitieux que les autres références Shokz, les OpenFit constituent une sorte d'entre-deux assez dispendieux (199 euros) et risqué pour la marque.

Les plus
  • Confort général
  • Construction
  • Son très ouvert
  • Extension correcte dans le bas du spectre (pour le format)
  • Multipoint
Les moins
  • Beaucoup de distorsion dans les basses
  • Aigus trop en avant
  • Seulement IP54
  • Système de tapotements peu pratique

Confort en mode presque parfait, résistance en demi-teinte

Exit le format tour de nuque, mieux adapté à la conduction osseuse, bonjour le true wireless de type tour d'oreille. Ce format, très peu répandu actuellement, est l'apanage de quelques écouteurs sportifs. On le retrouve par exemple sur les excellents Beats Powerbeats Pro.

Un peu contraignant, car plus imposant que les autres, le tour d'oreille reste le plus sûr en usage sportif, puisque garantit (virtuellement) une tenue parfaite. Même le plus avancé des systèmes à ailettes, comme celui des Bose Sport Earbuds, n'est jamais aussi efficace.

© Guillaume Fourcadier pour Clubic

Shokz combine cette disposition avec un format d'écouteur totalement ouvert, où la sortie audio est placée à proximité du conduit, et non dedans (écouteurs intra) ou à l'entrée (format bouton). Cette disposition, en plus du poids très raisonnable (8,4 g par écouteur), permet d'associer confort et tenue de façon presque parfaite.

Les zones en contact avec le contour de l'oreille sont conçues dans un silicone spécial, particulièrement doux, et le tour d'oreille est suffisamment universel pour convenir à peu près à toutes les morphologies.

Tout n'est toutefois pas parfait, puisque la partie acoustique peut ne pas être parfaitement calée. Suivant la forme de l'oreille, il peut y avoir un léger jeu, voire un ballottement en secouant la tête. Néanmoins, la marque n'utilise pas de bouton pour les contrôles, mais un système de tapotements sur l'extérieur de la partie acoustique. Cela revient, pour schématiser, à s'envoyer à chaque fois un petit coup de chambre acoustique sur le creux de l'oreille, chambre acoustique qui n'est pas revêtue de silicone vers l'intérieur. Ce problème est globalement bénin, puisque tient plus de la sensation que d'une gêne, mais prouve que la marque a fait un mauvais choix en n'intégrant pas un bouton sur le dessus de la zone. En pratique, les OpenFit se font très vite oublier, et ne deviennent pas irritants, même sur de très longues sessions.

© Guillaume Fourcadier pour Clubic

Côté construction, Shokz démontre un réel savoir-faire. Le silicone est d'excellente qualité, l'assemblage solide et la boite, quoiqu'un peu légère, n'affiche aucune faiblesse. Celle-ci est toutefois assez volumineuse, et non compatible avec la charge à induction.

Malheureusement, le passage de la conduction osseuse à une structure plus ouverte fait retomber la certification à des niveaux très banaux. Celle-ci passe de IP67 pour les Openrun, à seulement IP54 ici.

Fiche technique Shokz OpenFit

Résumé
Version BluetoothBluetooth 5.2
Autonomie écouteurs7h
Poids écouteurs8.3g
Conception
TypeBouton
Réduction de bruit activeNon
Haut-parleurs18 x 11 mm
Réponse en fréquence50 Hz - 16 kHz
Connectivité
Version BluetoothBluetooth 5.2
Codecs compatiblesSBC, AAC
ApplicationOui
Alimentation
Autonomie écouteurs7h
Autonomie boîtier21h
Informations générales
Poids écouteurs8.3g
Poids boîtier57g

Ergonomie limitée, mais des progrès

Pas spécialement complets ergonomiquement, les Shokz habituels ont pour avantage d'exploiter plusieurs commandes réparties sur leur grande structure. Ici, tout est un peu limité. Le constructeur exploite deux types de commandes : double tapotement et appui prolongé. La première déclenche la lecture et la pause, la seconde permet de naviguer dans la playlist.

SI la tenue des écouteurs est toujours très bonne, il peut y avoir plus ou moins d'espace entre la partie acoustique et le creux de l'oreille, suivant les morphologies © Guillaume Fourcadier pour Clubic

Les choses vont tout de même un peu plus loin, avec l'introduction d'une application dédiée. Celle-ci, baptisée sobrement Shokz, permet d'accéder à deux réglages supplémentaires. Le premier est l'assignation de nouvelles commandes, comme le réglage du volume à la place des pistes, ou encore l'appel à l'assistant vocal.

Le second donne accès à des égaliseurs, notamment la possibilité de créer ses propres présélections à partir de 5 bandes de fréquence. Pour le moment, l'application n'en offre pas plus, mais devrait proposer quelques fonctions supplémentaires à l'avenir. C'est un début.

Polyvalence connectée

Difficile de reprocher l'absence de fonction avancée sur des écouteurs sportifs. Mais, il manque tout de même une technologie précise : la connexion multipoint. Impossible donc de connecter les écouteurs à son smartphone, et de basculer sur sa montre connectée/sportive pour exemple.

Edit 18/09/2023 : La fonction Multipoint a été déployée sur la dernière mise à jour du produit.

Pour le reste, tout est assez prévisible : la stabilité de la connexion est franchement bonne, et le support des codecs se limite au duo SBC, AAC, ce qui est loin d'être un problème pour ce type d'écouteurs.

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Notons que Shokz ne fait heureusement pas l'impasse sur la fonction appel. La captation est étonnamment bonne en milieu calme, et largement passable en milieu bruyant, la voix étant alors très audible, mais un peu étouffée. Par contre, nous avons expérimenté quelques bugs assez typiques d'un modèle de préproduction, avec quelques coupures, sans raison apparente. Nous creusons le sujet.

Une bonne autonomie pour son format

L'autonomie des Shokz OpenFit est annoncée à 7 h en simple charge, et jusqu'à 28 h en comptant le boitier, soit trois recharges supplémentaires. En pratique, il est rare d'atteindre de tels chiffres, tout simplement puisqu'il est souvent nécessaire de pousser un peu les potards. À 50 % ou 60 % (à priori les volumes de test), le niveau est trop bas.

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Avec un volume autour des 70 % - 80 %, nous parvenons à peu près autour des 6 h 30, ce qui est déjà plus que correct, bien que loin des 10 h (voire plus) d'un Powerbeats Pro. Ce format ouvert nécessite un très large haut-parleur, d'où cette surconsommation notable. Avec le boitier, nous pouvons compter sur environ 2,5 – 3 recharges supplémentaires, afin de dépasser nettement la vingtaine d'heures, voire de tutoyer les 25 h.

Loin de la conduction osseuse, mais….

Bien que pratique, la conduction osseuse est bien trop limitée dans les basses fréquences, si bien qu'un modèle comme Shokz Openrun Pro recourt à une structure hybride pour tenter d'apporter un peu plus de graves, sans grand succès.

Ici, la problématique est différente, puisque les OpenFit doivent suffisamment déplacer d'air pour compenser la perte créée par l'éloignement avec le conduit auditif. Ils rappellent par ce procédé quelques ovnis casqués, comme le modèle Hifi AKG K1000 du début des années 1990.

Aussi éloignée de l'oreille soit-il, le transducteur parvient à un très bon résultat © Guillaume Fourcadier pour Clubic

Shokz s'est visiblement donné les moyens de ses ambitions, puisque les OpenFit intègrent un imposant transducteur dynamique ovale de 18 x 11 mm, dont la membrane se compose d'un dôme en fibre de carbone et d'un anneau en matériau composite. Le tout va de pair avec une architecture maison, qui joue sur une meilleure directivité du son, tout en mettant en place divers évents pour la chambre acoustique.

À l'écoute, il est clair que nous passons largement un petit cap par rapport aux écouteurs à conduction osseuse. Sans descendre dans les abysses basseux, loin de là, les OpenFit parviennent à apporter un début d'assise pour profiter de la musique. Les 80 Hz sont atteints, ce qui est loin d'être le cas de tous les écouteurs format Airpods. De plus, l'énergie est très correcte. Cela constitue une prouesse donc, puisque propulse de fait les OpenFit parmi les quelques rares modèles ouverts et sportifs polyvalents, et pas seulement adaptés aux podcasts.

Réponse en fréquence non compensée des Shokz OpenFit. L'extension dans le bas du spectre, est étonnamment bonne, allant au-delà des 60 Hz (avec quelques distorsion). La pointe dans les aigus est ici assez gonflée et bien réelle, mais pas aussi agressive que cela en pratique

Bien sûr, il reste des écueils très marqués, à commencer par une distorsion harmonique qui explose littéralement dans les très basses fréquences, si bien que celle-ci parvient à être audible sur les fréquences plus élevées à haut-volume. Il faut éviter de pousser au-delà des 80 % de volume, et ne pas espérer de miracle sur les genres aux basses très profondes. Le rendu est alors tout sauf proche de la fidélité sonore.

De même, la signature reste montante dans les aigus, il est largement préférable de diminuer ces gammes avec l'égaliseur. Parfois (voire souvent) un peu trop clair, le son peut devenir acide à haut volume.

© Shokz

AU moins, l'ensemble son parvient, en partie grâce à cet éloignement des haut-parleurs, à être très ouvert, très ample, façon « mini-enceintes placées près des oreilles ». À l'inverse, le niveau de détail est très moyen, on sent qu'un peu d'information se perd en chemin.

Sans être très bons, loin de là, les Shokz OpenFit parviennent pourtant à être suffisamment polyvalents dans tous les types d'écoute, et peuvent sur certains points se confronter à de bons écouteurs boutons, exceptés les Airpods 3 et les Huawei Freebuds 5, nettement supérieurs sur absolument toutes les fréquences. Paradoxalement, le son, même au max, peut se révéler trop bas dans certains environnements. Pas de miracle ici, pas comparaison possible avec des équivalents à embouts, mais déjà de belles prouesses pour un format qui avait tout pour se ramasser.

La philosophie ouverte

Il est important de le rappeler, les Shokz OpenFit prennent le parti d'un format ouvert, et par conséquent non isolant. Cela peut être pris comme un défaut, puisqu'il force à monter le son dans des milieux plus bruyants, et ne coupe pas du monde. De même, son format rend plus difficile la mise en place d'une bonne qualité sonore, l'absence d'embout ne permettant pas de créer une chambre acoustique maitrisée, première pierre pour des basses de qualité.

© Guillaume Fourcadier pour Clubic

Mais, c'est justement cette disposition ouverte qui fait sa force, puisque celle-ci est recherchée par un grand nombre d'utilisateurs (votre serviteur y compris) allergiques au format semi-intra ou intra en usage sportif. Lors d'un effort :  la sueur rend le port d'embouts plus désagréable, les vaisseaux sanguins de l'oreille gonflent, ce qui peut accentuer la sensation de pression auditive et effets claustrophobiques, cette isolation rend bien moins alerte. Bien sûr, certains modèles disposent d'un retour sonore, mais celui-ci est rarement efficace. Il n'efface pas la présence des embouts, seulement une partie de ses problèmes.

En bref, il est impossible de comparer directement les deux familles d'écouteurs sportifs, tant les deux philosophies sont irréconciliables.

Shokz OpenFit : l'avis de Clubic

Conclusion
Note générale
6 / 10

En passant à un format différent avec ses OpenFit, Shokz propose une expérience plus universelle, tout en perdant légèrement le côté ultra-sportif (IP54).

En capitalisant sur le confort et sur une partie sonore plus ambitieuse, ils s'affirment comme ce qui se fait de plus intéressant dans le domaine. Si les OpenFit ne sont pas pour tout le monde, et sont perfectibles à bien des égards, ils constituent un premier jet intéressant.

Les plus
  • Confort général
  • Construction
  • Son très ouvert
  • Extension correcte dans le bas du spectre (pour le format)
  • Multipoint
Les moins
  • Beaucoup de distorsion dans les basses
  • Aigus trop en avant
  • Seulement IP54
  • Système de tapotements peu pratique
Sous-notes
Construction
8
Confort
8
Ergonomie
6
Connectivité
7
Qualité sonore
4