L'Agence spatiale européenne développe un véhicule capable d'alunir avec une grande précision pour pouvoir livrer expériences et matériel sur la surface lunaire. Un projet logistique complexe, mais qui apportera de nouvelles compétences uniques, alors que de nombreuses puissances spatiales sont tournées vers la Lune !
Comme les autres, Argonaut devra faire ses preuves !
Apollo, Artemis… La mythologie grecque continue d'inspirer les agences qui développent des missions lunaires. C'est désormais les Argonautes, cet équipage de Héros qui accompagna Jason sur leur navire, l'Argo, pour partir à la quête de la Toison d'Or, qui a séduit l'Agence spatiale européenne. Argonaut est un projet en cours de développement pour aboutir à un atterrisseur lunaire européen. Le concept lui-même a mis du temps pour quitter la planche à dessin, puisqu'il existe depuis 2020, mais ses éléments se précisent.
Argonaut sera donc une grande plateforme dédiée à l'emport de charges utiles imposantes sur la Lune. Avec 4,5 mètres de diamètre, jusqu'à 6 mètres de haut et 10 tonnes au décollage, ce sera un véhicule impressionnant ! Il sera divisé en trois parties, le LDE (Lunar Descent Element) qui servira à se poser et sera commun à toutes les missions, le CPE (Cargo Platform Element) qui sert d'adapteur et les charges utiles, dont la masse pourra atteindre jusqu'à 2,1 tonnes !
Mais où est Jason ?
L'ESA ne développe pas Argonaut en pensant à un atterrissage unique, mais dans le cadre d'une véritable architecture de mission et dans un projet de long terme. Par exemple, Argonaut fonctionnera avec la petite constellation Moonlight de l'ESA autour de la Lune, qui apportera ses capacités de relais de communication, de positionnement et de référence horaire. Résultat, l'agence européenne envisage des alunissages très précis, à moins de 100 mètres de positions prédéfinies.
Ensuite, les missions Argonaut pourront être entièrement robotisées avec la dépose par exemple de grands rovers, mais l'ESA les envisage plutôt pour la mise en place de bases et d'éléments destinés aux astronautes sur la surface. Livraison d'habitats, de batteries, d'éléments qui vont leur permettre de passer plus de deux semaines (et donc de résister à la nuit lunaire) sur place…
Atterrir pour former une véritable base lunaire donnera encore plus de corps à un projet comme celui des Américains, Artemis. Ce dernier est plutôt porté aujourd'hui sur la mise en place des éléments pour atteindre le sol lunaire. L'ESA pourrait donc continuer à apporter des éléments clés comme elle le fait déjà avec le module de service de la capsule Orion ou des modules de la future station orbitale Gateway.
Il va déposer du lourd
Il faut toutefois noter qu'Argonaut est un projet entièrement piloté par l'ESA (tout comme Moonlight). Il progressera donc indépendamment des résultats des autres agences. La plateforme est conçue pour décoller avec Ariane 6, et permettra aussi aux entreprises européennes de préparer un grand atterrisseur sur l'environnement lunaire.
Un sujet qui prend du temps et pour lequel l'Europe (qui doit composer avec des budgets limités) a un peu de retard sur d'autres agences. La Chine, l'Inde, les États-Unis, le Japon, la Russie ont tous des projets d'atterrisseurs lunaires robotisés actuellement ou dans les années à venir. Argonaut a toutefois des arguments solides avec son positionnement « en soutien » et ses grandes capacités… même s'il n'y a pas encore de date pour la première mission de ce nouveau projet mythologique.
Source : Esa