Dans l'Illinois, un projet de loi visant à encourager les citoyens lambdas à déposer des plaintes contre les géants de la Tech s'est vu contrer par un organisme professionnel chargé de représenter... les GAFAM.
Ce projet de loi, baptisé Keep Internet Devices Safe Act, portait notamment sur la question des enregistrements réalisés à l'insu de l'utilisateur, depuis des appareils équipés de micros (enceintes connectées, smartphones, tablettes, ordinateurs portables...). Il aurait pu permettre d'inquiéter juridiquement les marques vendant des appareils qui écoutent à distance l'utilisateur sans l'en informer de manière explicite.
Un projet de loi largement « édenté » par les représentants des GAFAM
Motherboard rapporte que si le texte finira bien par être voté par le Sénat de l'Illinois, il ne sera mis à exécution qu'au travers d'une version ayant sérieusement perdu de son mordant.Dans sa version initiale, le projet de loi prévoyait que n'importe quel utilisateur pourrait se tourner vers le bureau du procureur général de l'Illinois pour engager des poursuites pouvant mener jusqu'à des pénalités de 50 000 dollars pour les grands acteurs de la Silicon Valley. Il n'en sera rien.
Le média américain, qui évoque en l'état un projet de loi « édenté », explique que l'Internet Association (un lobby représentant notamment Amazon, Google, Twitter, Microsoft ou encore Facebook - et la liste est loin d'être exhaustive) s'est retranché derrière l'expression « appareil numérique » utilisée dans le texte. Jugée trop vaste, cette dernière a été attaquée, au même titre que le recours direct initialement prévu pour les utilisateurs. « Les contentieux privés peuvent mener à des actions collectives frivoles », expliquait ainsi l'Internet Association. Des arguments qui ont su faire mouche.
Well, this is interesting. Apparently Amazon and Google came out swinging against this Illinois bill saying a company is not allowed to remotely turn on a microphone without the owner's permission. https://t.co/4xs7rsU72A
— Matt Stoller (@matthewstoller) April 10, 2019
Des écoutes parfois réalisées à l'insu de l'utilisateur
Largement remanié, le texte prévoit, dans sa forme actuelle, de donner autorité exclusive au procureur général de l'Illinois pour mettre en vigueur cette loi. Le simple utilisateur, lui, est donc en grande partie exclu de l'équation.Comme le révélait Bloomberg la semaine dernière, des milliers d'employés d'Amazon ont eu accès à des interactions formulées par des utilisateurs auprès d'Alexa, l'assistant personnel de la firme de Jeff Bezos. L'identité des utilisateurs concernés était également visible de ces employés, apprend-on.
Ces pratiques, en totale violation des règles élémentaires de confidentialité auxquelles sont normalement tenus les GAFAM, pointent une nouvelle fois l'étendue des libertés prises par les géants de la Tech quant à l'utilisation des données personnelles relatives aux utilisateurs de leurs services.