À Metro 2033 et Metro Last Light on a tout pardonné, ou presque, sur l'autel de l'ambiance glaçante et du souci du détail. D'aventures mémorables, les précédents jeux de 4A Games portaient l'étoffe mais cachaient judicieusement dessous un certain manque de maîtrise.
Beaux à pleurer mais optimisés à la truelle ; armes grisantes à customiser mais pénibles à utiliser ; ambiance post-apo criante de réalisme mais personnages irritants... Une affaire de balance, de compromis. Un ying et un yang qui nous font osciller en permanence entre expérience sans commune autre et FPS frustré et frustrant.
Que celles et ceux qui espèrent que le grand écart de six ans entre Metro Last Light et cet Exodus ait permis de faire table rase quittent dès à présent la page : il n'en est rien. L'étoffe, en revanche, n'a jamais été d'un blanc si éclatant.
S'il est bien entendu conseillé de faire ou refaire les précédents opus pour apprécier la portée de ce troisième épisode, la chose est parfaitement dispensable. En effet Metro Exodus dispose d'une longue introduction cinématique au cours de laquelle il résume (succinctement) les événements antérieurs à cet épisode dont l'action se déroule en 2035.
Metro Exodus sera disponible le 15 février 2019 sur PC, PS4 et Xbox One
Un opus résolument dépaysant
Exit les errances fantastiques des deux premiers épisodes, Metro Exodus plante ses racines dans le terreau du réel et de l'obscurantisme ambiant qui caractérise si joyeusement notre époque. Artyom, las de se terrer comme un agent de la RATP chaque jour que Dieu fait, se prend à rêver d'un ailleurs. Plus de 20 ans après que la guerre nucléaire ait rebattu les cartes de la géopolitique, Moscou n'est plus si radioactive, et le jeune ranger se met à la recherche d'autres survivants.Une péripétie en entraînant une autre, Artyom entre en possession d'un train (toute référence au Transperceneige serait purement fortuite) et embarque toute sa petite famille dans un exode à travers la mère patrie afin de se dénicher un lopin de terre un peu plus sympa que le métro moscovite.
En effet si Metro 2033 et sa suite se contentaient de faire honneur à leur patronyme, Metro Exodus va vous emmener loin. Très loin. Au point que les couloirs sombres et poussiéreux de Polis, D6 et VDNKH vous sembleront de très lointains souvenirs.
C'est ainsi un virage à 180° qu'a opéré 4A Games avec sa licence phare. De FPS à couloirs ultra dirigiste, ce troisième volet se veut beaucoup plus ouvert ; frôlant parfois la fine paroi du RPG-like open world. Sur ses 12 chapitres, Metro Exodus vous fera visiter des endroits aux panoramas que l'on ne se serait même pas permis d'imaginer dans un opus de la saga. Le jeu se paie même le luxe d'un cycle jour/nuit et des mécaniques qui vont avec. Autant dire qu'en termes de décorum, on va de surprise en surprise.
Quid de la version PC et des fonctionnalités RTX
Après Battlefield V, c'est au tour de Metro Exodus de bénéficier des derniers raffinements proposés par NVIDIA avec ses GeForce RTX. Et pas de promesse d'un hypothétique patch, les fonctionnalités sont disponibles day one, saluons le geste.
Nous avons testé Metro Exodus sur un Core i7 8700K et une GeForce RTX 2080 Founders Edition, le tout en 4K sur un moniteur G-Sync (le luxueux ROG PG27U). A noter que le HDR n'est pas disponible à l'heure actuelle. Metro Exodus permet donc d'activer sur les cartes graphiques compatibles, le DLSS (anticrénelage à base de deep learning) et le ray tracing qui gérera les lumières (en extérieur) du jeu de façon naturelle.
Avec tous les réglages en ultra, sans activer le ray tracing ni le DLSS, le jeu tourne en moyenne à 62 images/sec. Lorsqu'on active le DLSS uniquement, on note un boost impressionnant sur les performances puisqu'on passe à 74 images/sec. Enfin en activant le ray tracing + le DLSS, les performances tombent à 60 images/sec, ce qui reste impeccable pour un jeu en 4K, avec les réglages au maximum et le ray tracing activé. L'activation du DLSS permet de compenser l'impact important du ray tracing sur les performances.
Sachez tout de même qu'à l'heure actuelle, l'activation du DLSS détériore légèrement l'image en lissant certains détails. Le rendu devrait s'affiner au fil des mises à jours des pilotes GeForce et du jeu.
Enfin nous mettrons à jour ce test prochainement avec une vidéo pour présenter les apports du ray tracing, à l'heure actuelle tout ce qu'on peut vous dire, c'est que ce n'est pas une claque technique mais tout de même un grand pas en avant vers le réalisme.
MAJ 14/02/2019 : nous avons également testé Metro Exodus sur une configuration plus modeste pour vous donner une idée des performances sur une machine accessible. Sur un ordinateur portable équipé d'un Core i5 de 8ème génération et d'une GeForce GTX 1050 (Max-Q), en 1080p, le jeu affiche 40-50 images/sec avec les réglages en moyen. Nous précisons que la V-Sync est désactivée, même s'il peut être plus agréable de jouer en l'activant, pour un 30 images/sec stable en toutes occasions, et sans tearing. Le réglage "Flou de mouvement" en élevé permettra de fluidifier l'affichage avec un impact presque nul sur les performances.
Metro, boulot, dodo
Seulement le rutilent vernis de la nouveauté s'écaille à peine la première partie du jeu bouclée. Chaque étape du voyage représentant une saison, le jeu adopte un rythme saccadé et répétitif ne dérogeant pas à la très vilaine habitude de ses prédécesseurs en la matière.La découverte d'une nouvelle zone est suivie par celle de la faction ennemie s'y étant établie. Ennemis qui ne tardent pas à nous tomber sur le coin du pif pour nous faire prisonniers. Des geôles desquelles nous ne tardons pas à nous évader pour regagner l'Aurora (le train / hub central de Metro Exodus). Dommage que l'Aurora ait été endommagé pendant la bataille... "oh mais j'y pense ! J'ai justement vu dans la base ennemie une pièce qui pourrait nous permettre de reprendre la route", doit probablement faire comprendre à ses camarades un Artyom toujours mutique (nous y reviendrons). Et ainsi de suite.
Ainsi Metro Exodus est probablement trop long pour son propre bien. Avec entre 15 et 20 heures au compteur selon votre degré de collectionnite (le jeu regorge de merdouilles à ramasser en tout endroit), on termine l'aventure la joue posée dans le creux de la main, levant les yeux au ciel au moindre nouvel élément scénaristique susceptible de relancer - encore - l'intrigue. Quel dommage !
Pourtant co-écrit par Dmitri Glukhovsky (l'auteur à l'origine des bouquins), le scénario de Metro Exodus ne brille pas par ses fulgurances littéraires. Mais il faut dire qu'il traine avec lui un fardeau de taille : le doublage. S'il est possible d'opter pour une version russe ou anglaise, le jeu vous servira pas défaut l'une des pires VF que les studios de l'hexagone aient jamais commis, à l'exception du toujours impeccable José Luccioni (la voix cabossée de Marcus Phoenix dans Gears of War) dans le rôle du colonel Melnik. Notez que dans mon cas, je n'ai guère eu le choix de ma version préférée : les sous-titres du jeu sont tout bonnement resté bloqués sur les premières lignes de dialogue du jeu et ne se sont jamais mis à jour. Ce sera donc la VF.
Toujours à côté de la plaque, les acteurs récitent leur texte sans conviction aucune, transformant la moindre séquence émotion en bouffonnerie digne d'une telenovela de seconde zone. Une impression confirmée dans la version anglophone du titre, qui opte ici pour un panel d'acteurs à l'accent russe à couper au couteau. La version originale rehausse un peu le niveau, mais davantage par méconnaissance de la langue que par l'interprétation des acteurs derrière le micro.
Symbole de tout ce potentiel gâché : Anna, l'épouse transie d'Artyom qui aurait pu être un bon personnage, mais qui ne sera tout au long de l'aventure qu'une geignarde confondante de niaiserie dont on finit par se moquer éperdument. Des problèmes de doublages qui se conjuguent - sur consoles en tout cas - a d'horripilants soucis de mixage audio qui rendent inaudibles la majorité des dialogues. Des frustrations narratives qui s'amoncellent et ruinent bêtement l'attachement aux personnages. D'autant qu'en termes de mise en scène et de photographie, Metro Exodus a très fière allure.
Aussi l'absence de voix d'Artyom apparaît presque comme une bénédiction à la lueur de ces constatations. Mais elle n'est pas plus logique pour autant. Les développeurs peuvent bien arguer tant qu'ils veulent que cela "stimule l'immersion du joueur", il n'y a rien de plus profondément bizarre que d'entendre tous ses interlocuteurs nous poser des questions et voir notre personnage leur répondre par le silence le plus total sans que personne ne s'en émeuve.
Aussi l'absence de voix d'Artyom apparaît comme une bénédiction à la lueur de ces constatations. Mais elle n'est pas plus logique pour autant. Les développeurs peuvent bien arguer tant qu'ils veulent que cela "stimule l'immersion du joueur", il n'y a rien de plus profondément bizarre que d'entendre tous ses interlocuteurs nous poser des questions et voir notre personnage leur répondre par le silence le plus total sans que personne ne s'en émeuve.
RER Meh
"Wow mais t'es sûr que c'est bien en vrai Metro Exodus ?". Oui oui, je vous rassure. Du moins si vous savez ce que vous venez y chercher. Celles et ceux ayant touché aux premiers opus savent bien qu'il s'agit d'un jeu de tir plutôt moyen, et que l'intérêt profond du titre réside dans son ambiance incroyablement prenante. C'est tout à fait le cas ici, et à un degré que l'on n'aurait même pas pu imaginer.Les artistes de 4A Games se sont surpassés pour offrir des environnements qui, bien qu'aux antipodes (l'aventure vous fera passer d'une Moscou en ruines et piégée dans la glace à une mer Caspienne asséchée devenue un désert tiré de Mad Max), conservent un degré de cohérence impeccable. En jeu plus ouvert qu'il est, Metro Exodus encourage la fouille des zones, et revêt à ce titre des gimmicks que ne renierait pas un Fallout. Le soin du détail est poussé à son paroxysme dans les intérieurs qui regorgent d'indices quant aux événements s'y étant déroulés.
Mais l'exploration n'est pas non plus vaine, et le jeu saura récompenser votre curiosité en plaçant ça et là divers mods à venir greffer à vos pétoires. Car oui le système de personnalisation d'armes est toujours de la partie, et se veut plus jubilatoire que jamais. On regrette en revanche que 4A Games soit allé lorgner trop près d'un certain Red Dead Redemption 2 pour lui piquer sa dispensable mécanique de nettoyage d'armes. En effet, dépendant de votre utilisation et des conditions météo (pluies diluviennes et tempêtes de sable à prévoir), votre arme s'encrasse et sa propension à s'enrayer augmente exponentiellement - bien trop souvent à notre goût.
Aussi là n'est pas le seul clin d'oeil appuyé au titre de Rockstar Games que l'on peut trouver dans Metro Exodus. À l'instar du gang de Dutch Van Der Linde, les joyeux larrons accompagnant Artyom dans son périple ont chacun maintes histoires à raconter, et vous en approcher suffira à les faire parler. Dommage que les défauts d'écriture abordés plus haut ne nous poussent pas à les écouter très longtemps.
Déficience artificielle
Bien plus que ses prédécesseurs, Metro Exodus nous pousse à la jouer discrètement lors des affrontements. On ne saurait vous conseiller d'y déroger tant les gunfights sont d'un ennui mortel. Il faut dire qu'ils n'ont jamais été le gros point fort de la licence. Les armes pâtissent d'une inertie bien trop généreuse qui rend la moindre fusillade un peu urgente des plus pénibles. Sans parler de la lourdeur des mouvements d'Artyom qui, décidément, porte bel et bien tout l'espoir de l'humanité sur ses frêles épaules.Non, vraiment, l'approche discrète c'est bien. Du moins si vous êtes prêts à revenir 15 ans en arrière. Oui voyez-vous, Metro Exodus est de ces FPS à l'ancienne où il suffit d'éteindre une bougie en soufflant dessus pour devenir invisible. Considérez qu'à partir du moment où la petite diode indiquant votre visibilité sur votre poignet est éteinte, vous pouvez faire absolument tout ce que vous voulez.
Mais quand bien même vous oublieriez d'éteindre une source lumineuse, vos adversaires ne vous étonneront jamais par leur intelligence. Universellement déficients visuels, vos antagonistes ne s'émeuvent pas particulièrement lorsque la personne avec laquelle ils parlent se prend un carreau d'arbalète dans le cortex préfrontal. Mieux : si à tout hasard une fusillade venait à éclater, les ennemis restants finiront par se rendre s'ils constatent que vous les dézinguez trop rapidement. On assiste alors à des scènes où une vingtaine de sbires se met les mains derrière la tête alors que la fête ne venait pourtant que de commencer. Étrange.
Le bestiaire est paradoxalement plus futé, mais ne parviendra jamais vraiment à vous donner du fil à retordre. L'élément de surprise sera bien leur seule arme, à l'image de ces "mutants des sables" qui, tels des caméléons, se camouflent dans les environnements désertiques de la mer Caspienne. Mais ici encore, tous les espoirs de trouver un adversaire à la hauteur se retrouvent rapidement douchés. En grand arachnophobe, j'attendais beaucoup des quelques bestioles à huit pattes qui peuplent les sous-sols de la Russie. Quelle ne fut pas ma déception quand je constatai que ceux-ci craignaient la lumière ... et venaient s'empaler seuls sur le faisceau de ma lampe torche.
Metro Exodus : l'avis de Clubic
Incontestablement l'opus le plus abouti de la trilogie, Metro Exodus pousse la recette toujours plus loin mais en oubliant au passage de faire son autocritique. Le jeu souffre des exacts mêmes défauts qui ont fait grincer certaines dents sur Metro 2033 et qui ont déchaussé des mâchoires sur Last Light. Personnage muet, déplacements lourdauds, IA aux fraises et gunfights inintéressants entrent ici en confrontation directe avec un univers qui s'étend au-delà des limites que nous lui avions imaginées.Deep Silver ne nous avait pas menti en déclarant qu'il s'agissait-là du jeu le plus ambitieux jamais réalisé par 4A Games. Véritable merveille graphique, Metro Exodus se savoure par la richesse de ses panoramas, l'indicible souci du détail dont font preuve tous les intérieurs du jeu et l'atmosphère générale qui s'en dégage. On y est, vraiment, et du début à la fin.
Aussi quelle est notre frustration quand, en bout de course, on en vient à regretter la durée de vie qui s'allonge trop généreusement et l'absence d'affect envers les autres personnages du jeu. Pour un jeu vidéo tiré d'une oeuvre littéraire, on s'étonne de la pauvreté de l'écriture qui, entre poncifs et rebondissements téléphonés ne parvient jamais vraiment à nous raccrocher au wagon de l'enjeu.
4A Games a une nouvelle fois sacrifié le gameplay sur l'autel de l'immersion, et on s'est encore fait avoir en beauté. Metro a atteint son terminus, et a eu besoin pour ce faire d'un très gros train. Le voyage a été dense et la route cabossée de partout, mais il aurait été idiot de ne pas y prendre part.
Test réalisé sur Xbox One X via une version fournie par l'éditeur