Blue Origin s'est positionné pour fabriquer des cellules solaires à partir de régolithe lunaire. Crédits Blue Origin
Blue Origin s'est positionné pour fabriquer des cellules solaires à partir de régolithe lunaire. Crédits Blue Origin

La NASA a attribué hier près de 150 millions de dollars pour le développement de nouvelles technologies spatiales, avec un focus tout particulier sur les projets lunaires. Au menu ? D'alléchantes idées pour exploiter le régolithe, générer de l'électricité ou la transmettre à des véhicules. Le tout avant même d'y retourner !

La Lune s'affirme véritablement comme le sujet central de la décennie.

L'alchimiste bleu, encore lui !

Pour pouvoir explorer la Lune à moyen et surtout long terme, la NASA pousse les entreprises américaines de toutes tailles à lui envoyer ses propositions d'innovation technique. Appelée « Tipping points » (points d'inflexion), l'initiative dispose d'un budget de 150 millions de dollars cette année, qui a été réparti sur onze projets portés par des entreprises différentes.

Le nom le plus connu de la liste est sans doute celui de Blue Origin, qui reçoit 35 millions pour développer et tester son concept « Blue Alchemist » qui consiste à mettre au point un procédé original qui transforme du régolithe lunaire en cellules solaires pour former des panneaux photovoltaïques ! Bien entendu, il ne faudrait pas que le démonstrateur soit un véritable monstre de dizaines de tonnes, mais il s'agit de recherche avant tout à ce stade, pour passer d'un concept à un véritable projet digne (ou non) d'être industrialisé. Autre avantage de « Blue Alchemist » selon l'entreprise de Jeff Bezos, elle permet également d'extraire de l'oxygène…

Chez Astrobotic, on prévoit de dérouler du câble. Crédits Astrobotic
Chez Astrobotic, on prévoit de dérouler du câble. Crédits Astrobotic

Des technologies lunaires pour durer

Les projets « Tipping Point » sélectionnés sont particulièrement axés sur les futurs besoins d'électricité à la surface lunaire. On retrouve par exemple Astrobotic, qui fera une démonstration de transmission d'électricité sur un câble d'un kilomètre de long à partir d'un de ses véhicules atterrisseurs Griffin (la NASA est déjà partenaire de ces véhicules dont elle subventionne deux missions pour l'instant) et destinés à alimenter de petits rovers de quelques dizaines de centimètres de long.

Lockheed Martin étudie de nouvelles techniques de construction et d'inspection de futurs habitats lunaires (9 millions), Redwire travaille sur un petit concept de machine niveleuse, compacteuse et de traitement du régolithe pour 13 millions… tandis que d'autres comme Psionic travaillent sur de nouveaux instruments adaptés à la navigation lunaire (un Lidar particulier).

Côté génération d'électricité, les travaux de Zeno Power Systems ont été remarqués : l'entreprise devrait produire, à partir d'une source radioactive en Americium 241, un SRG ou Stirling Radioisotope Generator. L'objectif est double : disposer d'un générateur capable de fonctionner au cours d'une nuit lunaire (qui dure quinze jours terrestres) et s'affranchir de l'habituel Plutonium, qui est aussi cher qu'il est difficile à produire en quantité suffisante pour de grands projets spatiaux.

Ces études n'aboutiront pas demain, mais elles seront importantes lorsqu'il faudra effectivement choisir des solutions pour les utiliser de façon concrète sur une ou plusieurs missions Artemis, sur ou autour de la Lune. Les constructions lunaires, la transmission d'électricité filaire à longue distance ou les générateurs ne sont pas légion pour l'instant sur la Lune, et ces produits n'existent pas sur étagère, l'agence américaine aide donc les industriels à sauter le pas et à étudier la question.

Un petit réacteur Zeno Power pour alimenter un atterrisseur d'Intuitive Machines ? C'est déjà dans les tuyaux... Crédits Zeno Power

Des projets lunaires jusqu'à la traversée de l'atmosphère terrestre

Enfin, la NASA a aussi profité de ces attributions pour une subvention de 25 millions de dollars supplémentaires à United Launch Alliance (ULA) et son bouclier gonflable pour le retour sur Terre de matériel spatial ou orbital.

L'entreprise avait testé le LOFTID (Low Earth Orbit Flight Test of an Inflatable Decelerator) de 6 mètres de diamètre en 2022, et la NASA souhaiterait cette fois un essai à encore plus grande échelle, avec un démonstrateur de 10 mètres de diamètre ! Le contrat « Tipping Point », comme pour les autres entreprises, ne comportera pas toutes les étapes jusqu'à l'essai ou la production, mais il permettra une étude poussée du concept et de son adaptation à des charges utiles toujours plus imposantes. Y compris, on l'aura deviné, pour celles que la NASA souhaiterait un jour ramener de la Lune.

Source : SpaceNews