Une semaine après son décollage, le télescope japonais XRISM commence à préparer sa campagne scientifique. Les équipes internationales, prudentes, comptent sur ses deux instruments en bande X pour mieux comprendre les événements les plus énergétiques de l'Univers et les clusters de galaxies.
Les équipes japonaises qui s'occupent du télescope orbital XRISM savaient ce 11 septembre que leur communiqué allait générer un certain nombre de soupirs de satisfaction. Quelques jours à peine après le décollage du 6 septembre depuis Tanegashima, elles étaient capables de confirmer que les communications sont stables, que la génération électrique est conforme, que les batteries remplissent leur rôle et que tout est normal sur le véhicule. La recette en vol et l'étalonnage des instruments vont pouvoir commencer.
Un grand télescope neuf en bande X !
Il faut dire que tout le monde a encore en tête la mésaventure du précédent télescope en bande X japonais, Hitomi. Quelques semaines après son décollage en 2016, une perte de contrôle l'a fait tourbillonner sur lui-même, jusqu'à sa propre destruction. Il y a donc une attention toute particulière à ne pas répéter cette erreur.
XRISM (X-Ray Imaging and Spectroscopy Mission, qui se prononce CRISM) est un imposant télescope de 2,3 tonnes au décollage. Il embarque deux instruments qui vont tous les deux travailler avec des rayons X « mous » (longueurs d'onde jusqu'à 10 nanomètres) avec des assemblages de miroirs concentriques, mais des capteurs différents. Il y a tout d'abord l'instrument japonais Xtend, capteur CCD qui va tenter de tout simplement « voir » le plus possible et à la meilleure résolution qui soit les émissions de rayons X, puis l'instrument Resolve, équipé d'un microcalorimètre, c'est-à-dire capable d'enregistrer de minuscules variations de températures et de couleurs des sources d'émissions en bande X.
Cet instrument fourni par la NASA, qui est le plus gros (à cause d'un impressionnant système de refroidissement à l'hélium), sera capable, avec la résolution optique de son voisin, d'identifier une partie des éléments chimiques présents sur la source des émissions (fer, nickel, oxygène…). Et il faut l'avouer, XRISM est aussi très attendu, car la majorité des grands télescopes en bande X sont de très vieilles unités, qui ont dépassé depuis longtemps leur durée de vie nominale.
Voir l'Univers autrement
« Avec XRISM, nous aurons un nouveau regard sur l'Univers et ses événements les plus énergétiques », explique l'astrophysicienne Irina Zhuravleva, membre de l'équipe scientifique américaine. Le télescope va s'attaquer à plusieurs questions clés, notamment la forme, l'évolution et l'origine des clusters de galaxies, la distribution des différents éléments dans l'Univers avec des éléments comme les supernovae, ou la formation de trous noirs.
En observant des zones où l'attraction gravitationnelle est titanesque, comme les trous noirs supermassifs au cœur des galaxies, XRISM obtiendra aussi des mesures sur la déformation de l'espace-temps ainsi que sur l'influence des trous noirs sur la création de nouvelles étoiles. Des objectifs… cosmiques !
Source : Phys.org