La décision commune entre l'agence spatiale européenne et son homologue russe est tombée : pour se donner le plus de chances de réussite possible, l'atterrissage sur Mars et la mission du petit rover Rosalind Franklin attendront deux ans de plus.
Déception commune
La prise de parole de Jan Woerner (directeur de l'ESA) et de son collègue russe Dmitri Rogozine n'aura finalement pas eu lieu en commun, coronavirus oblige. Mais les deux homologues ont entériné ce matin leur décision : le nouveau volet de la mission ExoMars, qui devait décoller en juillet 2020 et viser un atterrissage sur la planète rouge huit mois plus tard, est repoussé de deux ans.« C'est une décision difficile », a admis Mr Woerner, mais prévisible. Il n'y avait tout simplement plus le temps de terminer les tests du matériel, de l'installer et de finaliser le logiciel de vol avant la fenêtre de tir qui s'ouvre en juillet prochain. Malheureusement, Mars n'offre des conditions idéales de trajet que tous les 26 mois.
Trop d'inconnues
La décision était attendue et semblait en sursis depuis plusieurs mois : d'importants problèmes de parachute ont été découverts lors d'essais l'année dernière, et une version corrigée de ces derniers fait l'objet d'une campagne de tests aux Etats-Unis actuellement avec l'aide de la NASA. C'est l'une des principales raisons du décalage de la mission ExoMars : même si les tests se terminent avec succès fin mars/début avril (ce qui n'est pas acquis), il faudra plus de temps pour préparer l'atterrisseur Kazachok, puis l'attacher sur son véhicule de transfert qui s'occupe des 7 mois de vol jusqu'à la planète rouge.Le petit rover Rosalind Franklin, on l'a appris il y a quelques jours, a lui aussi subi un petit contretemps à cause d'un maintien de panneau solaire, mais ce défaut mineur n'aurait pas retardé à lui seul la mission (tout comme les soucis que rencontrent actuellement les lanceurs russes Proton).
Protection de mission
La mission ExoMars dispose de deux volets, dont le premier est en orbite de Mars depuis l'année 2016. Il s'agit de la sonde TGO (Trace Gas Orbiter) qui remplit admirablement sa mission en observant les concentrations de gaz dans l'atmosphère martienne, tout en jouant le rôle d'un relai de communication pour les véhicules (américains) au sol. Selon les projections actuelles, il aura toujours un important potentiel au printemps 2023 pour la nouvelle date d'atterrissage du volet « au sol » d'ExoMars. C'est déjà le second report pour cette partie de la mission, qui au lancement du projet était prévue en 2018, mais c'est pour son bien.Les communiqués européens et russes évoquent (et c'est une première) un impact du coronavirus. Pour l'instant trois autres missions devraient décoller cet été pour Mars : la sonde des Emirats Arabes Unis « Hope », le rover de la NASA Perseverance, et la mission chinoise « Huoxing-1 ».
Source : Roscosmos