Le décollage du lanceur Atlas V est prévu à 19h57 (heure Paris), emportant le satellite de communication AEHF-6, destiné à la chaîne de commandement des Etats-Unis. C'est la première campagne de tir dédiée à un satellite de la « Space Force ».
Satellite tout temps
C'est un impressionnant satellite de 6,17 tonnes qui s'apprête à décoller ce soir depuis le site LC-41 à Cape Canaveral. AEHF-6 (pour Advanced Extremely High Frequency) est la dernière unité de cette petite constellation qui permet à la chaîne de commandement américaine de communiquer de façon indépendante et sécurisée. Et si le débit de données fourni semble ridicule (les terminaux fournissent au maximum un débit de 1 Mo/s), c'est parce que ces satellites sont conçus pour transmettre leurs signaux dans les pires situations, y compris celle d'une guerre nucléaire.Avec leurs signaux chiffrés, ces satellites blindés aux antennes étranges sont de véritables bijoux technologiques en orbite géostationnaire. Ils sont en outre capables de se transmettre des communications, entre eux, sans passer par des relais au sol pour relier n'importe quel point de la planète.
Les agences spatiales à l'heure de la pandémie
Décoller pile à l'heure
Le décollage d'un satellite comme AEHF-6 est considéré comme une priorité militaire, il n'y a donc pas eu de report lié au confinement, même si le site de Cap Canaveral tourne au ralenti. Selon United Launch Alliance, qui s'occupe du lanceur, 20 à 25 % des employés présents habituellement sur le site n'ont pas fait partie de cette campagne de tir.L'entreprise compte sur la version la plus puissante d'Atlas V (551, soit cinq boosters auxiliaires, une coiffe de 5 mètres de diamètre, et un étage supérieur Centaur avec un seul moteur RL-10) pour envoyer le satellite directement en orbite géostationnaire. Profitant de la puissance du lanceur, un micro-satellite de test de l'US Air Force sera largué sur une orbite basse intermédiaire. La mission durera 5 heures et 41 minutes, et malgré son caractère confidentiel un direct du lancement sera assuré pour la première partie du vol :
Space Force ! Space Force !
C'est la première fois qu'un décollage est directement dédié à un satellite de la jeune « Space Force » officialisée en décembre dernier (auparavant, AEHF était gérée par l'Air Force Space Command). Les satellites AEHF, construits par Lockheed Martin et Northrop Grumman, sont prévus pour fonctionner une quinzaine d'années au moins.La constellation a coûté une fortune au contribuable américain, chaque unité étant estimée à environ 850 millions de dollars (un prix fort, même si leurs capacités sont uniques...). C'est d'ailleurs ce qui explique l'ouverture des capacités d'AEHF à quelques-uns des plus proches partenaires militaires des Etats-Unis, en échange d'une contribution : les Pays-Bas, le Canada, l'Australie et l'Angleterre utilisent ainsi ce réseau. Le remplacement des AEHF actuels par la génération suivante n'est pas envisagé avant 2030.
Source : Space Flight Now