Décollage ce soir pour le premier satellite estampillé "Space Force"

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 26 mars 2020 à 16h32
Atlas V AEHF-6 Space force
Atlas V vole pour la première fois pour la Space Force. © ULA

Le décollage du lanceur Atlas V est prévu à 19h57 (heure Paris), emportant le satellite de communication AEHF-6, destiné à la chaîne de commandement des Etats-Unis. C'est la première campagne de tir dédiée à un satellite de la « Space Force ».

Satellite tout temps

C'est un impressionnant satellite de 6,17 tonnes qui s'apprête à décoller ce soir depuis le site LC-41 à Cape Canaveral. AEHF-6 (pour Advanced Extremely High Frequency) est la dernière unité de cette petite constellation qui permet à la chaîne de commandement américaine de communiquer de façon indépendante et sécurisée. Et si le débit de données fourni semble ridicule (les terminaux fournissent au maximum un débit de 1 Mo/s), c'est parce que ces satellites sont conçus pour transmettre leurs signaux dans les pires situations, y compris celle d'une guerre nucléaire.

Avec leurs signaux chiffrés, ces satellites blindés aux antennes étranges sont de véritables bijoux technologiques en orbite géostationnaire. Ils sont en outre capables de se transmettre des communications, entre eux, sans passer par des relais au sol pour relier n'importe quel point de la planète.


Décoller pile à l'heure

Le décollage d'un satellite comme AEHF-6 est considéré comme une priorité militaire, il n'y a donc pas eu de report lié au confinement, même si le site de Cap Canaveral tourne au ralenti. Selon United Launch Alliance, qui s'occupe du lanceur, 20 à 25 % des employés présents habituellement sur le site n'ont pas fait partie de cette campagne de tir.

L'entreprise compte sur la version la plus puissante d'Atlas V (551, soit cinq boosters auxiliaires, une coiffe de 5 mètres de diamètre, et un étage supérieur Centaur avec un seul moteur RL-10) pour envoyer le satellite directement en orbite géostationnaire. Profitant de la puissance du lanceur, un micro-satellite de test de l'US Air Force sera largué sur une orbite basse intermédiaire. La mission durera 5 heures et 41 minutes, et malgré son caractère confidentiel un direct du lancement sera assuré pour la première partie du vol :




Space Force ! Space Force !

C'est la première fois qu'un décollage est directement dédié à un satellite de la jeune « Space Force » officialisée en décembre dernier (auparavant, AEHF était gérée par l'Air Force Space Command). Les satellites AEHF, construits par Lockheed Martin et Northrop Grumman, sont prévus pour fonctionner une quinzaine d'années au moins.

La constellation a coûté une fortune au contribuable américain, chaque unité étant estimée à environ 850 millions de dollars (un prix fort, même si leurs capacités sont uniques...). C'est d'ailleurs ce qui explique l'ouverture des capacités d'AEHF à quelques-uns des plus proches partenaires militaires des Etats-Unis, en échange d'une contribution : les Pays-Bas, le Canada, l'Australie et l'Angleterre utilisent ainsi ce réseau. Le remplacement des AEHF actuels par la génération suivante n'est pas envisagé avant 2030.

Source : Space Flight Now
Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Gus_71

« …ces satellites blindés aux antennes étranges sont de véritables bijoux technologiques… » :
Où peut-on voir ces étranges antennes ?

ebottlaender

Vous n’aurez jamais de documentation détaillée (et moi non plus) mais on les voit un peu sur ce cliché. La majorité sont dites « de suivi » c’est à dire qu’elles peuvent très précisément se diriger sur une zone particulière sur Terre et suivre un mouvement (comme celui d’un avion pour n’envoyer ses signaux qu’à lui et à une zone très restreinte).
Imgur

Gus_71

Merci !
Je me doutais bien qu’on n’aurait pas beaucoup de détails sur ces antennes, et pourtant ça intéresserait tellement de monde (pour les applications courantes et civiles, et pas pour tenter d’espionner l’armée des USA ou la NASA, en tous cas pour moi)

Cmoi

C’est un détail mais: Royaume-Uni et non Angleterre…car cela voudrait dire que le Pays de Galles, Écosse et Irlande du Nord n’en bénéficient pas.

ebottlaender

Ah oui, très juste ! Je confonds parfois les deux.

Element_n90

Franchement, c’est vraiment nécessaire de mettre de l’argent là dedans ? Les Etats-Unis, les Pays-Bas, le Canada, l’Australie croient vraiment que quelqu’un va, un jour, les attaquer aux pruneaux nucléaires et qu’il auront besoin de satellites comme ça?
Quand on voit les projets de missions d’exploration spatiales qui sont annulés ou aux instruments rabotés, c’est triste…

ebottlaender

Ce ne sont pas les mêmes budgets (militaires vs civils), en général les uns font partie des ministères de la défense et l’autre de la recherche.

D’autre part, ces satellites ne sont pas là QUE en cas de guerre nucléaire, ils assurent aussi (comme précisé dans l’article) les communications chiffrées dans les chaines de commandement.

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