OneWeb fait faillite !

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 30 mars 2020 à 08h59
OneWeb satellites
L'usine de OneWeb construite avec Airbus en Floride pouvait produire deux satellites par jour. © OneWeb

La rumeur se propageait depuis une semaine : vendredi, à la fermeture des marchés boursiers, OneWeb a déposé le bilan.

Quelles conséquences pour l'une des deux méga-constellations en construction ?


Quand l'investisseur s'en va

Les caisses sont vides, c'est aussi simple que ça. Avec 1,7 milliards de dollars de dettes, OneWeb n'a pas reçu le soutien de son principal actionnaire, la banque d'investissement SoftBank, pour aller plus loin. L'entreprise, qui avait lancé en 2015 la « guerre des méga-constellations » avec SpaceX et Starlink, fait faillite dans un contexte particulier.

Fortement touchée par la crise liée à l'épidémie de COVID-19, SoftBank a réduit la voilure pour se recentrer sur des projets moins risqués... OneWeb, qui aurait pourtant été « proche d'un accord » et aurait eu besoin de plusieurs milliards de dollars supplémentaires pour terminer sa constellation de connectivité internet de 648 satellites en orbite basse d'ici 2021, se retrouve sans les moyens de continuer. Plus de 500 employés ont été renvoyés chez eux, seule une poignée gère les 74 satellites déjà en orbite (dont 68 sont en transit).


Freinage d'urgence

L'entreprise se retrouve sous la protection du « chapitre 11 » sur la loi des faillites américaines. Cela signifie que pour l'instant, ses actifs sont gelés, One Web ne peut donc plus investir ni dépenser, et la production de nouveaux satellites est évidemment à l'arrêt, tout comme les chantiers de construction du réseau d'antennes au sol, les partenariats avec les opérateurs de télécom et les campagnes de lancement des satellites déjà produits.

OneWeb avait signé pour 21 décollages de fusée Soyouz, seuls trois ont pu avoir lieu jusqu'ici... Et c'est sans compter sur le vol inaugural du lanceur Ariane 6 prévu l'hiver prochain, qui lui était également dédié. Arianespace est d'ailleurs la société la plus touchée par cette faillite : OneWeb compte 238 millions de dollars d'impayés avec l'opérateur européen.

OneWeb tir 3
Que faire des satellites ? Cela dépend de potentiels rachats. © Roscosmos

L'aventure ne s'arrête peut-être pas là

Il n'y a que trois solutions pour OneWeb, qui en l'état n'existe plus ce lundi. Pour sortir du « chapitre 11 », il faut soit réduire la voilure pour ne plus perdre d'argent, soit vendre ses actifs pour régler ses dettes, soit passer par la liquidation. Malheureusement, comme l'entreprise ne gagne pas un centime aujourd'hui (la constellation n'est pas déployée, même pour un service minimum), elle ne peut cesser de creuser sa dette pour le moment.

Malgré le contexte très délicat (crise économique, crise de confiance, crise sanitaire), de potentiels repreneurs vont être contactés, pour racheter l'entreprise et restructurer sa dette, ou pour racheter une partie de sa valeur. Sur la toile, on évoque déjà plusieurs scénarios : intérêt d'Amazon et sa constellation Kuiper pour les fréquences attribuées à OneWeb, intérêts d'Airbus... Des revirements de situation ne sont pas à exclure : plusieurs constellations florissantes aujourd'hui comme Orbcomm ou Iridium sont issues de faillites à la fin des années 90.

Source : Space News
Eric Bottlaender
Spécialiste espace
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Commentaires (10)
cirdan

Nul doute que les vautours auront de quoi satisfaire leur appétit. Maintenant, étant donné le nombre délirant de satellites prévus pour être envoyés dans l’espace, on peut se demander si un acteur en moins n’est pas une bonne chose pour la pollution spatiale.

lapin-tfc

quels vautours et pourquoi les appeler des vautours ?

cirdan

A moins de penser que le monde des affaires est un monde de bisounours, tu peux très bien comprendre pourquoi. Ca n’est pas la philanthropie ni la situation dramatique des employés sur le carreau qui intéresse les autres acteurs, mais dans un monde capitaliste qui accepte dès le départ une concurrence féroce dans laquelle on sait qu’il y aura forcément des perdants, alors l’entreprise en difficulté devient la proie des autres. On aime ou on n’aime pas, c’est simplement la réalité.

lapin-tfc

je ne pense pas que nous vivons dans un monde de bisounours au contraire mais je ne comprends pas pourquoi ceux qui avancent sont considérés comme des vautours… à moins bien sur de vouloir leur destruction ce qui semble être ton raisonnement

L’entreprise coule ok mais des compétences seront reprises ailleurs donc non tout le monde ne sera pas sur le carreau

C’est mignon de dire " un monde capitaliste qui accepte dès le départ une concurrence féroce" si tu as un meilleur modèle indique nous lequel car je ne vois pas

nelectron

Note : lorsqu’une entreprise plie en laissant un gouffre d’impayés c’est la Société (c’est-à-dire nous) qui in fine éponge les dettes. Un aventurier d’industrie qui « prend des risques » est récompensé quand il gagne, mais quand il perd c’est nous tous qui payons.

cirdan

Oula ! Tu y vas un peu fort et je crois que tu as largement extrapolé mon message. Je ne suis pas un nostalgique de l’empire soviétique et je n’ai pas plus de solutions à apporter pour redéfinir un nouveau système économique bien que je puisse avoir des idées. Par contre, j’ai bien le droit d’avoir un avis sur le monde qui m’entoure.
La métaphore du « vautour » a l’air de t’avoir dérangé, alors une dernière fois : cet animal se repaît de restes dont il se nourrira jusqu’à plus faim. Que fait un industriel qui veut reprendre une boite en faillite ? Il ne va reprendre que ce qui va l’intéresser jusqu’à ce qu’il en tire un maximum de profit pour sa boite. Le reste, il ne s’en occupera pas et les compétences qui ne rentreront pas dans ses plans resteront sur le carreau.
Le critère principal de reprise n’est pas humain, il est financier. Crois-tu que Musk ou les autres concurrents du secteur ont d’abord pensé aux employés sur le carreau en lisant la nouvelle ? Ils y ont surtout vu une opportunité pour être encore plus fort et dominer le « business ».
Ca n’est pas un jugement moral, c’est un constat et je suis très heureux que des gens compétents et méritants puissent continuer une activité, mais ça n’enlève rien à mon jugement.

Bombing_Basta

« Malgré le contexte très délicat (crise économique, crise de confiance, crise sanitaire), de potentiels repreneurs vont être contactés, pour racheter l’entreprise et restructurer sa dette, ou pour racheter une partie de sa valeur. »

Et Ariane Space aura-t-elle droit à 238M$ de part dans cette sorciété? (Question rhétorique)

lapin-tfc

Merci pour tes précisions, en effet j’ai extrapolé ta pensée

wackyseb

Un article expliquant comment çà marche pourrait être pas mal.
Je ne comprend pas en quoi un réseau de satellite qui coute une blinde et qui a un timing ultra lent. Nos données parcourent plusieurs milliers de kilomètres pour être acheminés d’un point à un autre.
On déploie la fibre optique partout dans le monde. En quoi cette technologie est meilleure ? ou différente ?

Parceque de ce que je vois, j’aurais interdit toute cette pollution inutile.
La seule chose qui serve vraiment en orbite c’est le GPS, et à la rigueur le téléphone satellite pour les zones où il n’y a rien d’autre.
La TV par satellite, bah çà sert plus trop. L’image n’est pas meilleure, c’est un service très cher.
Internet par satellite, certains le propose déjà c’est cher et c’est bien pourri. Débit pas top et latence de fou donc c’est ridicule en rapport prix/prestation.
Pourquoi payer plus cher pour avoir moins bien ?

ebottlaender

La fibre et la 4G ça marche bien en France dans un territoire dense et bien peuplé, mais dès qu’il y a des questions de grandes distances, ou des zones isolées, ça n’est pas mis en oeuvre car beaucoup trop cher. Une constellation satellite de connectivité internet permet de faire un petit maillage au sol (installer genre une antenne 4G) et de relier ce maillage au réseau par des satellites. Avec une liaison optique ou Ku, les débits sont importants, il y a très peu de latence. C’est donc une soluce envisagée pour relier les avions, les bateaux, les zones isolées à internet haut débit.

Après, il ne faut pas trop extrapoler notre situation ultraconnectée au reste du monde. La télé par satellite, c’est des milliards de télespectateurs dans le monde chaque jour en Asie et Amérique du Sud, notamment.

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