Retenu dans notre dernière sélection du guide d'achat de moniteurs LCD dans la section bureautique, le Philips Brilliance 241P4(QPY) méritait bien un test complet. Pourquoi ? Parce qu'en plus des atouts ergonomiques caractéristiques de cette gamme P-Line, le 241P4 (nous nous en tiendrons à cette référence tronquée) embarque une dalle AMVA prétendue plus qualitative, une nouveauté dans l'offre du fabricant.
Présentation de l'écran[/anchor]
En matière de design comme de finition, gamme P-Line oblige, le 241P4 est une copie quasi identique du Brilliance 235PL2. L'esthétique est banale, même vieillotte, mais l'assemblage apparaît sérieux et les matériaux solides (à défaut d'être élégants). Les différences majeures tiennent dans la taille mais surtout la qualité de la dalle LCD. Le 235PL2 embarquait un panneau TN de 23 pouces, le 241P4 inaugure dans cette famille d'écran une dalle AMVA de 24 pouces, en 1 920 x 1 080 pixels. L'Advanced Multi-domain Vertical Alignment est une variante de la technologie MVA, elle-même évolution de celle dite VA.
Pour faire simple, ces technologies, assez complexes à détailler, diffèrent sur l'agencement des cristaux liquides contenus dans les cellules des pixels et la façon dont ces cristaux changent d'état (pour effectuer les transitions image noire / image lumineuse). De ces technologies (TN, VA et IPS pour les trois grandes familles) dépendent le rendu des couleurs, la densité des noirs (donc le contraste), le temps de réponse, les angles de vision ou encore la sensibilité au phénomène de fourmillement dans les vidéos. Dans la pratique, les dalles AMVA sont supposées offrir de bons angles de vision tout en conservant un rendu fidèle des couleurs. Elles atteignent des temps de réponse corrects (mais inférieurs aux TN) et surtout proposent les noirs les plus denses et un fourmillement modéré. Nous verrons si cela se vérifie.
Le Brilliance 241P4 intègre bien évidemment le rétro-éclairage à LED qui gagne tous les moniteurs. Philips indique un temps de réponse de 12 ms, pouvant tomber à 6 ms avec overdrive (traitement électronique pour accélérer le temps de réponse naturel). En matière de connectique, le 241P4 ne se montre pas avare pour un écran bureautique : DisplayPort, DVI-D (compatible HDCP) et VGA pour l'image, entrée son (pour les haut-parleurs symboliques de 2 x 1,5 W) et sortie casque mini jack et 4 ports USB sur la tranche. C'est dommage, il manque juste une prise HDMI !
La connectique principale, avec DisplayPort, DVI-D et VGA, l'audio et les ports USB sur la tranche de l'écran
Philips annonce une luminance de 250 cd/m² et un taux de contraste de 5 000 : 1 pouvant atteindre 20 millions pour un, via le traitement numérique ! Du bluff ? Pas tant que ça... Nous ne nous prononcerons pas sur le contraste dynamique, impossible à mesurer, mais nous confirmons que la dalle est sacrément contrastée. La sonde LaCie Blue Eye Pro en atteste, en retournant un taux de contraste par défaut de 4 053 : 1 ! Le point blanc est assez clair (324,3 cd/m²) mais c'est surtout le point noir qui reste exceptionnellement bas, à 0,08 cd/m². En passant la luminosité à 29/100, pour obtenir la luminance de calibrage souhaitée (140 cd/m²), le point noir tombe à 0,03 cd/m², propulsant le taux de contraste à près de 4 700 : 1 ! Il suffit d'afficher un aplat noir en plein écran puis d'éteindre la dalle pour se rendre compte du changement infime de luminance, et donc de la profondeur du noir. Impressionnant !
Taux de contraste mesurés
Quid de l'ergonomie ?
Rien de nouveau ici, le 241P4 est équipé du même pied ergonomique que les autres modèles de la gamme P-Line. En plus de l'inclinaison avant / arrière, l'écran profite donc du socle rotatif, du réglage en hauteur sur 13 cm, de l'orifice pour passer les câbles et du pivot de la dalle à 90° : c'est excellent ! D'autant que les 4 ports USB latéraux susmentionnés s'avèrent tout à fait commodes.
L'ergonomie du 241P4 est irréprochable
Le fameux pied qui permet cette ergonomie si flexible, et l'orifice permettant de passer les câbles discrètement à l'arrière de l'écran
La dalle AMVA procure des angles de vision confortables, même si la luminosité apparaît moins constante que sur une dalle IPS. C'est en tout cas beaucoup plus uniforme qu'avec une dalle TN.
En dehors du changement de coloris par rapport au 235PL2ES, passant du bleu Philips à un gris/noir élégant (comme sur le Brilliance 248CLH), l'OSD n'a pas foncièrement changé. On navigue dans le menu à onglets via les quatre touches sensitives situées en façade. La réponse est fiable, la réactivité correcte. Le découpage du menu n'évolue guère : PowerSensor, entrée, image audio, couleur, langue, réglages OSD et configuration. En revanche, quelques nouveaux arrivants font leur apparition au sein de l'importante section Image. Philips a en effet ajouté un overdrive, dont nous vous dirons plus loin s'il est efficace ou pas, mais également les fonctions Orbite de pixel et OverScan.
La première consiste à opérer une translation régulière de chaque pixel successivement vers la gauche, en bas, vers la droite puis en haut (décrivant ainsi une orbite) afin de limiter les risques de brûlure du panneau LCD en cas d'affichage prolongé d'une même image. Aussi connu sous le nom de burn-in, ce phénomène ne serait donc pas exclusivement réservé à la technologie plasma. Quant à la deuxième, toujours grisée, Philips nous a indiqué qu'elle « servait à afficher une résolution légèrement supérieure ou différente de ce qui était décrit dans le manuel »... Mouais...
<center>Le premier onglet propose de régler le capteur de présence humaine PowerSensor sur 4 niveaux</center>" alt="
<center>Le deuxième onglet sert au choix des entrées vidéo</center>" alt="
<center>L'onglet image est le plus important. C'est là qu'on règle la luminosité, le contraste, mais aussi le gamma, l'overdrive ou encore le contraste dynamique</center>" alt="
<center>L'overdrive est paramétrable sur 3 niveaux</center>" alt="
<center>Quant au gamma, il est ajustable de 1,8 à 2,6 !</center>" alt="
<center>L'onglet audio, peu intéressant compte tenu de la prestation "crin-crin" des haut-parleurs</center>" alt="
<center>L'onglet couleur est l'autre incontournable du menu, puisqu'il donne accès au dosage manuel de la composante RVB mais aussi aux températures de couleur et au pré-réglage sRVB</center>" alt="
<center>Philips a scindé les réglages de l'OSD qu'on trouve ici...</center>" alt="
<center>... des réglages plus généraux de l'écran qu'on trouve là</center>" alt="
L'étalonnage à vue, la gestion de l'espace de travail Smart Desktop et la programmation énergétique
Consommation énergétique
Le Brilliance 241P4 est très attendu sur ce terrain, et clairement, il a les épaules pour supporter la pression. Rétro-éclairage LED, interrupteur physique pour couper totalement la consommation électrique sans débrancher l'écran et capteur de présence humaine PowerSensor sont ses principales armes contre le gaspillage. Est-ce que cela fonctionne ?
L'interrupteur au dos de l'écran et les capteurs PowerSensor en façade
Nous répondrons sans détours par l'affirmative. Le 241P4 consomme au maximum 33,1 watts (en utilisant les haut-parleurs), une valeur proche de la consommation par défaut (32,3 watts) puisque le rétro-éclairage est paramétré sur 100 % en sortie d'usine. Calibré, le moniteur se contente de 19,1 watts, c'est très peu. Lorsque le PowerSensor s'active et baisse automatiquement la luminosité après avoir détecté le départ de l'utilisateur, la consommation tombe à 13,8 watts ! Notez que le réglage d'intensité du PowerSensor (sur 4 niveaux) ne porte pas sur la quantité de luminosité que l'écran va faire chuter mais sur la distance d'éloignement à partir de laquelle le 241P4 peut décréter que l'utilisateur est parti. En veille, l'écran ne grignote que 0,3 watts et il fait carrément la grève de la faim lorsqu'on l'éteint.
Consommations mesurées en watts à l'aide d'un wattmètre
Tout ceci s'ajoute à la conception « eco-friendly » du moniteur : 65 % de plastiques recyclés, emballage 100 % recyclable, pas de PVC ni de retardateurs de flamme bromés (BFR)...
Quid de la colorimétrie[/anchor]
Que faut-il espérer de cette dalle AMVA en matière de restitution colorimétrique ? Globalement des bonnes choses. En effet, par défaut le 241P4 obtient un Delta E moyen de 2,5 seulement. Il y a certes ce pic à 8,8 dans le vert, mais le gamma est proche de ce qui est attendu, tout comme la température de couleur. Il suffit d'abaisser la luminosité à 29 / 100 dans l'OSD pour arriver aux 140 cd/m² de luminance souhaitée. Pour calibrer, nous n'avons qu'à rectifier légèrement la composante RVB sur 98/99/99 et lancer la procédure. Il en ressort un rapport impeccable, avec un Delta E moyen à 0,8 et un pic à 1,9 dans le bleu. Le diagramme nous montre que l'écran ne couvre pas pour autant tout l'espace sRVB mais ce qui est couvert l'est correctement.
A gauche, la colorimétrie de base, à droite après calibrage
La technologie AMVA offre-t-elle une belle homogénéité ? Là, notre verdict sera un peu moins enjoué. Le 241P4 propose en effet un écart moyen de luminance de 11,7 % par rapport au centre, avec un pic à 19,8 % (bord supérieur droit). C'est sensiblement le même résultat qu'avec la dalle S-PVA de l'Eizo Foris FS2331 : rien de catastrophique, mais l'œil ressent de légères variations lumineuses en parcourant la surface de la dalle.
Et matière de colorimétrie, notre sonde relève des écarts conséquents de Delta E moyen, avec un minimum à 12,5 % mais un maximum à 287,5 % (et une moyenne à 68,7 %). Le Delta E moyen ne dépasse pas 2,3 mais tout de même ! Bref, les angles de vision sont meilleurs que sur une dalle TN (moins de perte de luminosité et pas de virage au noir), mais l'homogénéité face à la dalle reste en tout cas assez loin de celle d'un Asus PA246Q en dalle IPS !
Et pour des images en mouvement ?[/anchor]
Une dalle qui propose par défaut un temps de réponse de 12 ms n'est clairement pas destinée au jeu vidéo. Notre épreuve du logo défilant avec capture rapide de photos le démontre clairement : aucune image nette, 1,8 image sur 10 avec un léger fantôme et tout le reste se partage entre les images doublées (2,3 / 10), triplées (4,9 / 10) voire quadruplées (1 / 10) ! Aïe...
Résultats obtenus, de la meilleure image à la moins bonne
Mais ô surprise, dès qu'on active l'overdrive baptisé Réponse intelligente en le réglant sur 1, la réactivité s'améliore considérablement. Le nombre d'images nettes passe à 2 / 10, celles avec un léger fantôme à 4 / 10. Ce qui nous fait 60 % d'images satisfaisantes ! Il reste 2,8 images sur 10 doublées et 1,2 triplée. Pas de quoi de crâner sur un FPS, mais le visionnage d'un film passe ainsi bien mieux !
Résultats obtenus, de la meilleure image à la moins bonne
Va-t-on obtenir un écran survolté en poussant l'overdrive à 2 ou 3 ? Hélas non... C'est même le contraire qui se produit : le reverse ghosting est tellement marqué qu'il fait ressortir la rémanence au lieu de la gommer. Les images nettes se font alors rarissimes (0,2 / 10 voire 0 / 10 avec l'overdrive sur 3) tandis que pullulent celles triplées et que ressurgissent même des traînées quadruplées. Accessoirement, ça se voit distinctement à l'œil nu...
Ce qu'on obtient avec overdrive sur 2 et pire encore sur 3 : le retour du reverse ghosting
Angles de vision ouverts, contraste surpuissant et réactivité suffisante avec l'overdrive réglé sur 1 rendent le 241P4 tout à fait adapté pour regarder des films dans de bonnes conditions. Le fourmillement reste par ailleurs bien contenu. Quid du contraste dynamique ? Si vous avez laissé la luminosité par défaut sur 100, vous ne verrez de différence que dans les scènes sombres, où le traitement tend à limiter la luminance pour maintenir le noir au plus bas niveau. Si votre luminosité est plus proche du rendu calibré, l'accentuation sera marquée essentiellement dans les scènes claires. Mais bon, avec un taux de contraste naturel à plus de 4 000 : 1, l'activation du contraste dynamique n'est franchement pas nécessaire.
<center>Si votre écran est calibré à 140 cd/m², voici le rendu sans contraste dynamique...</center>" alt="
<center>... et quand on active le contraste dynamique, l'accentuation se voit bien !</center>" alt="
<center>Au passage, voilà ce que donne le mode pré-réglé cinéma</center>" alt="
<center>Mais si votre écran est réglé par défaut avec la luminosité à 100 / 100 comme ici...</center>" alt="
<center>... l'application du contraste dynamique ne changera rien.</center>" alt="
<center>En revanche, dans les scènes sombres l'effet du contraste dynamique se voit bien. Ici il est désactivé...</center>" alt="
<center>... là il est activé</center>" alt="
Conclusion[/anchor]A environ 280 € prix constructeur, le 241P4(QPY) en donne pour son argent. Nous nous attendions à un bon moniteur bureautique, et nous avons en fait découvert un écran qui peut être utilisé pour de la retouche photo et qui se montre très agréable pour visionner des films grâce à son contraste monumental. En photo, il n'égale bien sûr pas une référence comme l'Asus PA246Q mais il fait mieux que les écrans en dalle TN. Et c'est à l'évidence un excellent moniteur bureautique, économe et ergonomique. Bref, une nouvelle valeur refuge !
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