Le Chromebook de Google s'est fait une place sur le marché des ordinateurs portables. Devant le succès rencontré par ces machines, de plus en plus de constructeurs se sont associés à la firme de Mountain View pour produire leurs netbooks à la sauce Chrome OS. Et forcément, ces marques cherchent à se distinguer, en proposant des produits différents, et en s'adressant à des cibles précises.
C'est ce que tente de faire Dell avec son Chromebook 11 version 2015. Un modèle qui s'inscrit dans le programme « Google for education », qui vise les institutions scolaires et les étudiants.
Les qualités dont doit disposer un Chromebook pour satisfaire cette cible ? Robustesse, endurance, simplicité et prix-plancher. Le Chromebook 11 de Dell est-il le bon candidat ?
Un Chromebook reste un Chromebook
Les Chromebook sont, d'une certaine façon, les netbooks du moment, si l'on met de côté le Pixel, la machine de Google, vitrine de Chrome OS. Deux critères caractérisent ces machines : petits prix, configurations très modestes et qui ne varient que très peu d'un modèle à l'autre.En effet, mis à part une légère liberté dans le choix du SoC (Intel Celeron ou puce Rockchip), la quantité de mémoire vive (2 ou 4 Go) et la capacité de stockage (16 à 32 Go), la fiche technique est souvent la même.
La définition est systématiquement de 1366 × 768 (sauf sur l'Asus Chromebook Flip : 1 280 x 800), Wi-Fi 802.11n et Bluetooth 4.0 côté connectivité, deux ports USB (2.0 et 3.0, pour la plupart des modèles), une sortie HDMI, une prise micro-casque et un lecteur de cartes SD pour la connectique.
Tous adoptent un format 11 pouces, à deux exceptions près : le Chromebook Flip d'Asus, au format 10 pouces, et le Chromebook 15 d'Acer, et sa diagonale de 15,6 pouces. Mis à part ces deux modèles, tous les Chromebook ont un poids qui s'échelonne entre 1,1 et 1,3 kg.
Le Chromebook 11 de Dell s'inscrit complètement dans cette fiche technique type : Intel Celeron N2840 (fonctionnant à 2,16 GHz), 16 Go de eMMC (avec seulement 9,7 Go d'espace libre pour l'utilisateur), et 4 Go de mémoire vive sur notre modèle de test. Autrement dit, une machine capable de supporter du surf et de la bureautique, mais pas plus, et dont la capacité de stockage est limitée.
Ce dernier point est une critique récurrente à propos des Chromebook, mais cet espace réduit trouve sa source dans le fonctionnement même de Chrome OS.
Ce système d'exploitation est basé sur un noyau GNU/Linux (en version 3.10.18 ici, alors que la dernière version stable est la 4.2.1) et repose en grande partie sur le navigateur maison, Chrome (à jour, en version 45.0.2454). Véritable porte d'entrée sur l'écosystème Google, Chrome donne accès à Google Play Music, Books et Movies, à l'Agenda, à Gmail, à Google Documents, à Maps, Google+ et Drive...
Depuis notre dernier test de Chromebook (voir Le Chromebook de Samsung en test), Chrome OS n'a pas vraiment évolué. On est toujours aussi dépendant du réseau, car même si les applications hors-ligne disponibles sur le store de Google compte de très nombreux éléments, ce sont des jeux pour la plupart.
Docs est heureusement accessible en dehors de toute connexion, à l'instar de quelques applications comme celle qui gère la webcam (mais quel intérêt ?) et la calculatrice.
Oh le joli filtre « grands yeux » !
On ne peut toujours pas lire de mkv correctement (pas de son sur notre fichier de test), et même des mp4 peuvent poser problème (saccades sur notre vidéo). Chrome OS est donc un frein potentiel pour qui est plus habitué à l'environnement Windows qu'à l'univers ultra-connecté de Google. Mais il peut présenter quelques avantages pour certains usages.
Les atouts du Dell Chromebook 11
Dans le cadre d'un portable destiné aux étudiants, ou dans celui d'un parc informatique pour écoliers, ce Chromebook dispose de véritables atouts.
Chrome OS, tout d'abord, est un système mis à jour automatiquement et pour l'instant épargné par les virus : deux véritables arguments lorsqu'on pense à une gestion de parc ou même à un particulier. Il permet également un changement très simple d'utilisateur (avec un environnement qui évolue en fonction du compte) et se lance rapidement, du fait de sa légèreté et grâce à l'utilisation de la mémoire flash.
Chrome OS reste dépendant d'une connexion pour beaucoup d'applications disponibles, mais avec le développement des forfaits abordables incluant le tethering et une offre importante en data, ce problème est quelque peu minimisé.
Concernant ce Chromebook 11 plus spécifiquement, on apprécie son silence, du fait de l'utilisation d'un SoC peu gourmand et d'absence de ventilation. Son poids (1,25 kg) et ses dimensions réduites en font un bon compagnon dans vos déplacements, tout comme son excellente autonomie (9h20 sur notre test vidéo, Wi-Fi activé) ou son écran dont le traitement mat compense une luminosité à peine suffisante (252 cd/m²). Dommage en revanche que ce dernier dispose d'angles de vision très étriqués.
Une dalle qui s'incline par ailleurs à 180°, puisque Dell propose une version tactile de son Chromebook 11, à l'image de ce que fait Asus avec son Chromebook Flip. Si nous ne sommes pas convaincus par l'usage tactile avec l'écran plaqué contre le bureau, la possibilité offerte par Dell de coller à cette tendance est un plus, et pourrait être un argument, notamment dans le monde éducatif. D'autant que Chrome OS gère tout à fait bien une couche tactile.
La robustesse de ce Chromebook est un autre avantage dans le cadre d'une utilisation nomade comme dans celui d'un déploiement dans une école. Répondant à des tests de la norme MIL-STD 810G pour les chutes, les projections de liquide sur le clavier et le pavé tactile, les vibrations, la chaleur, la poussière et l'humidité, ce portable est doté d'un châssis à même d'affronter un usage intensif et pas forcément soigneux. Nous l'avons fait tomber à plusieurs reprises de 70 cm de haut sans dommage.
Contrepartie indéniable : Dell a privilégié la résistance de sa machine à son design. Le Chromebook 11 est un petit char d'assaut, dont la coupe rappelle les portables d'il y a 10 ans, au bas mot. Et les grosses bordures autour de l'écran ne sont pas très flatteuses. Les acquéreurs du premier Chromebook 11 de la marque y verront là un changement drastique qui pourrait fortement leur déplaire.
Dell n'a cependant pas sacrifié outre mesure l'ergonomie de son portable : le touchpad dispose d'un clic franc, ne s'enfonce pas, permet un usage à deux doigts (défilement, zoom) et si la glisse est moyenne et manque de précision, un petit tour dans les réglages de Chrome OS permet de corriger en partie le problème. On regrette toutefois l'absence de clic droit, qui prive l'utilisateur de nombreux contrôles sur Chrome OS.
Le clavier chiclet n'a en revanche pas de véritables défauts : les touches sont de bonnes tailles, bien espacées, la course est suffisante et les raccourcis prévus par Dell collent très bien à l'utilisation de Chrome OS. En un mot comme en cent, la frappe y est agréable.
Les audiophiles vous diront que les enceintes de ce portable diffusent un son un peu bouché des médiums jusqu'aux aigus, que les basses sont presque complètement absentes. Mais pour une machine de ce prix, le son diffusé n'est pas si mauvais, et est même étonnamment puissant.
Notez enfin la présence d'une application spécifique à ce Chromebook 11 et utilisant la LED présente sur le capot de la machine. Une petite interface permet d'illuminer ce dispositif de trois couleurs différentes, couleurs qui doivent correspondre, pour un enseignant, à trois « états » de l'écolier / étudiant : Prêt, A une question, Veut intervenir. Un code que chaque classe pourra évidemment adapter à sa sauce, même si nous ne sommes que peu convaincus par ce système de « communication ».
Notre avis
Aujourd'hui, force est de constater que la mayonnaise a pris, et ce, pour plusieurs raisons. D'une part, Google a fait des efforts du côté du hors-ligne, avec Docs, mais aussi en créant un critère de sélection adapté dans son store applicatif. Parallèlement, les forfaits incluant le partage de connexion et une quantité de data importante ont fleuri, rendant l'usage en ligne beaucoup moins dépendant d'une connexion Wi-Fi.
Quant à la problématique du stockage, les développeurs s'adaptent et incluent dans leurs programmes la possibilité d'accéder aux fichiers présents sur Drive. Chrome OS, quant à lui, n'a pas franchement évolué. Mais il reste par conséquent tout aussi léger. Dans le même temps, le hardware a évolué, ce qui rend les Chromebook plus réactifs encore.
Enfin, ces machines ont trouvé une voie de développement importante, avec, dès 2012, un essor important dans l'éducation. Le programme de Google en la matière est particulièrement ambitieux et fonctionne très bien, notamment outre-Atlantique.
Tous ces éléments, associés au bon travail de Google pour convaincre des partenaires toujours plus nombreux, ont mené le Chromebook au rang des portables incontournables du moment. Le Chromebook 11 de Dell en est-il un digne représentant ?
Sans nul doute si l'on n'attache pas trop d'importance au design très spartiate de la machine. Silencieux, très robuste, léger, doté d'une excellente autonomie et d'un clavier confortable, ce portable ne souffre finalement que d'un touchpad perfectible (mais pourquoi cette absence de clic droit ?) et d'un écran qui manque un peu de luminosité et dont on ne sait pourquoi il s'incline à 180°.
A 269 euros, ce Chromebook 11 de Dell est une machine à considérer pour peu que l'on soit un adepte des services en ligne de Google. Mais la concurrence est désormais rude, et nous confronterons rapidement ce Chromebook à ceux d'autres marques, afin de vous fournir un panorama de l'offre actuelle en la matière.