L'éditorial de Anicet Mbida, rédacteur en chef de Clubic Pro.
Rassurante d'abord par son objectif : éviter le logiciel fourre-tout où l'on n'utilise qu'une fonction, et n'avoir que des applis centrées sur un usage précis avec une interface simplifiée. C'est ce principe qui a poussé à éclater Google Drive en quatre : Documents, Feuilles, Slides et Drive. Ou encore à découper Office sur iPhone en Word, Excel et Powerpoint. La tendance va au-delà des suites bureautiques et des « Messenger ». Foursquare, Evernote, Readdle préfèrent tous multiplier les applis plutôt que les fonctions. L'idée étant d'accéder plus vite à ce que l'on cherche et donc de doper l'utilisation de chaque programme.
Pourtant, cette tendance m'inquiète. Je déteste les « obésiciels » qui en font trop. Mais je déteste également avoir à installer une centaine de « maigriciels ». Pour mémoire, les différents « stores » recensent aujourd'hui plusieurs millions d'applis (oui Millions !). Avec une telle profusion, comment savoir celles dont on a besoin ? Combien d'entre-elles peut-on raisonnablement gérer sur un téléphone ? Une tablette ? Pour ma part, j'en compte déjà plus de 10 pages. Je ne sais même plus ce qui est installé, où est rangé quoi. Du coup, je passe systématiquement par le moteur de recherche... quand je me souviens encore du nom. Je préfèrerais donc tendre vers moins d'applis; pas vers plus.
Un début de solution avec App Links et les liens en profondeur
Sans oublier l'aspect ergonomique. Ceux qui utilisent régulièrement Facebook et Messenger, doivent désormais jongler d'une appli à l'autre, ce qui est loin d'être une sinécure sur mobile. Il faut sortir de l'une, entrer dans l'autre, revenir... Beaucoup finissent par regretter le temps où les deux étaient réunies. Là où l'on se contente d'une seule îcone aujourd'hui, demain nous en utiliserons deux, trois, voire quatre pour remplir exactement les mêmes fonctions. Dans ces conditions, difficile d'imaginer augmenter le taux d'utilisation.Une solution serait de décloisonner davantage nos smartphones et tablettes. Sur Windows Phone, par exemple, les applis des réseaux sociaux ont l'avantage d'enrichir la gestion de contacts du système. Idem sur BB10 de Blackberry où Box, Dropbox, Onedrive et consort cherchent d'abord à étendre le gestionnaire de fichiers du mobile, pas à en créer un nouveau. Avec ces environnements, il s'agit moins d'ajouter de nouvelles icônes à l'écran d'accueil, que de nouvelles fonctions à l'ensemble des applis.
Sur ce point, les leaders Android et iOS restent à la traine. Mais difficile de leur en vouloir, leur fondamentaux étant définis il y a sept ans, une époque où ni Apple, ni Google n'imaginaient bâtir un « App Store ». C'est pourquoi je fonde beaucoup d'espoirs sur les technologies permettant des liens directs et en profondeur d'une application à l'autre (Deep linking). Google et Facebook commencent à s'y intéresser avec leurs programmes maison : bavarder avec Messenger, visionner dans Youtube, appeler avec Hangout, etc. On attend désormais l'adoption d'un standard multiplate-forme comme le pousse Facebook avec App Links.
Ce n'est que lorsque les liens inter applications seront généralisés que j'applaudirai ce découpage par fonction. Car les dizaines d'applis qui en découleront pourront réellement travailler ensemble et s'enrichir les unes les autres.