Dans le détail, l'Arcep relève que les opérateurs ont investi 7,2 milliards d'euros au cours de l'ensemble de l'année 2013, ce qui est comparable au niveau relevé l'année précédente. Ces chiffres sont collectés sur la base d'un questionnaire remis aux cinq principaux acteurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom, Iliad et Numericable). Poussées par le gouvernement dans le cadre du plan France très haut débit, les dépenses en matière de 4G mais aussi de fibre optique devront atteindre au moins 20 milliards d'euros d'ici à 2020.
Historiquement, Orange resterait celui qui a le plus dépensé pour ses infrastructures de très haut débit mobile, hors licence, avec 2,7 milliards d'euros en 2012 selon des chiffres compilés par Challenges, devant SFR avec 2,1 milliards et Bouygues Telecom et Free, tous deux à 0,9 milliard. Ces chiffres, complexes à calculés et quelque peu datés, permettent toutefois d'établir une hiérarchie entre les opérateurs.
Evolution du nombre de supports autorisés pour la 4G par opérateur (ANFR).
Dans son dernier observatoire (.pdf) sur la 4G, l'Agence nationale des Fréquences, qui se base sur les déclarations des opérateurs, relève que Bouygues Telecom reste le premier en termes de supports 4G, toutes bandes confondues, avec 6 056 antennes en service, talonné par Orange avec 5 424 relais, puis SFR qui revendique 1 546 supports 4G et enfin Free Mobile qui aurait allumé 1 211 antennes. Au 1er avril, 14 293 sites pour le très haut débit mobile ont été autorisés, une croissance de 5% comparable à celle de février.
Vers une explosion de la data consommée
Le prochain chantier, et axe d'investissement pour les opérateurs, concerne la bande des 700 MHz. Le marché doit anticiper la demande croissante des utilisateurs pour que le réseau puisse absorber leur consommation gloutonne, notamment en matière de vidéo : le volume de données échangées sur le mobile a grimpé de 67% entre 2012 et 2013 avec 47,5 pétaoctets transférés au quatrième trimestre de l'année dernière. La consommation moyenne mensuelle en data atteint 221 Mo par client, c'est une hausse annuelle de 70%.Volume de données consommées par les clients des opérateurs mobiles (Arcep).
Reste que le véritable décollage de la consommation de données n'a pas encore eu lieu. Sur les plus de 54 millions d'abonnés à la téléphonie mobile, un peu plus de 3 millions seraient connectés en 4G. Nul doute que l'augmentation de la pénétration de cette technologie va s'accompagner d'un pic dans le volume de data. En discussions à l'échelon européen, la bande des 700 Mhz (celle de la TNT) aiderait à dimensionner le réseau.
Et cette bande combine plusieurs avantages, que ne manque pas de souligner l'Arcep pour inciter l'Etat à en affecter une partie au mobile. Plus que la fréquence « en or » (800 MHz), sa portée est supérieure, ce qui permettra aux opérateurs d'améliorer leur couverture en zone moins dense, contribuant aussi à réduire la fracture numérique. Les 700 MHz ont aussi une meilleure faculté à pénétrer à l'intérieur des bâtiments.
Concilier investissements et recul des revenus
Tout cela aura un coût pour les opérateurs, qui pourrait atteindre 1,4 milliard d'euros à l'issue d'une vente aux enchères. Mais dans le même temps, leurs revenus ne cessent de s'éroder. Guerre des prix acharnée depuis l'arrivée de Free Mobile en 2012, émergence d'acteurs low-cost et bradage de la 4G alors qu'elle était attendue comme le messie pour recréer de la valeur, ont terminé d'achever les espoirs de rentabilité.Revenus de la téléphonie et de l'accès à Internet (Arcep).
Les revenus totaux des opérateurs en 2013 ont reculé de plus de 8% à 9,4 milliards d'euros, mais la baisse a été plus forte dans le mobile avec une chute des revenus proche de 16%, à 3,5 milliards d'euros. Pourtant les opérateurs ne seraient pas encore à plaindre, estime le patron de l'Arcep. Jean-Ludovic Silicani rappelait en novembre dernier que les marges des opérateurs restaient « importantes », situées autour des 30%.
Ces derniers préfèrent réaliser des économies sur le déploiement en mutualisant leurs infrastructures. C'est le cas dernièrement de Bouygues Telecom et de SFR qui ont conclu un accord en février. Sans partager leurs fréquences, les deux opérateurs exploiteront 11 500 sites communs, contre 18 500 aujourd'hui. Les 7 000 relais restant seront revendus. Au total, 100 à 200 millions d'euros d'économies sont attendues.
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