Bonjour, Jean-Daniel Guyot. Pouvez-vous présenter Capitaine Train ?
Notre but est de proposer une solution pour acheter des billets de train, et uniquement de train, le plus simplement et le plus rapidement possible. À terme, nous voulons offrir une plateforme européenne afin que les clients accèdent aux billets à meilleur prix sur un site unique. Pour l'instant, on recense des billets SNCF, iDTGV, qui en est une filiale, Lyria, Thalys, Eurostar et Deutsche Bahn, la compagnie nationale allemande.
Pourquoi est-ce que les usagers du train devraient préférer Capitaine Train à Voyage-SNCF ?
Capitaine Train ne vend que des billets de train, et rien d'autre. Par contre, nous essayons de le faire au mieux. Sur le site de la SNCF, on peut réserver des vols, des hôtels, et d'autres choses. Alors, le client qui ne veut qu'un billet de train, a intérêt à utiliser notre service. Nous, on ne va pas essayer de vous vendre un trajet Lens - Lille parce que vous venez d'acheter un Paris - Marseille.
Comment vous-est venue l'idée de ce service ?
À la base, nous sommes trois cofondateurs intéressés pour trouver une solution de réservation simplifiée. Le déclencheur a été la condamnation de la SNCF par l'autorité de la concurrence en février 2009 à verser 5 millions d'euros d'amende pour abus de position dominante sur le marché de la distribution de billets de train, qui a été ouvert. La SNCF n'a pas le monopole sur ce point, car les agences de voyage assurent environ 20% des ventes. On a donc une carte à jouer.
Quelles ont été les étapes qui vont ont permis de mettre Capitaine Train sur pieds ?
D'abord, on a créé notre agence de voyage, même si ça n'en n'est pas vraiment une du fait de notre positionnement très ciblé. Ensuite, nous avons obtenu l'agrément de la SNCF, puis un contrat d'accès technique qui nous autorise à vendre les billets. C'est le point qui a pris le plus de temps, près d'un an et demi. Je crois que le temps ne passe pas à la même vitesse pour une start-up et pour une société de la taille de la SNCF. Au début, ils étaient un peu rétifs, puis ils ont fini par comprendre ce qu'on faisait, c'était une question de maturité.
Avez-vous évalué le potentiel de Capitaine Train ? Quel est votre objectif en termes de part de marché ?
En France, la vente de billet de train représente 10 milliards d'euros, et en Allemagne c'est 12 milliards. Ce sont les deux plus gros marchés européens, et nous les opérons grâce aux partenariats avec la SNCF et la Deutsche Bahn. Ensuite, notre positionnement va nous permettre d'exploiter l'ouverture de la distribution, qui a aussi eu lieu en Italie. Au Royaume-Uni par exemple, où le train est privatisé depuis une dizaine d'années, il y a un acteur qui est chargé de distribuer tous les billets de train des différentes compagnies, même si la situation n'est pas exactement comparable. Pour l'instant, nous avons plus de 22 000 utilisateurs et 40 000 billets achetés. Nous pensons décupler ce chiffre en 2012 et, concernant la part de marché, nous visons la plus haute possible !
Capitaine Train a-t-il déjà obtenu des financements ? Au passage, un avis sur le projet de loi de finances 2013 qui prévoit d'augmenter la taxation sur les plus-values de cession ?
Nous avons réussi à obtenir une levée de fonds du capital-risqueur Index Ventures, très présent sur les projets Web et sur le marché anglo-saxon, mais qui se développe en Europe, et aussi du fonds CM-CIC Capital Privé. En tout, nous avons levé 1,4 million d'euros en février 2012, mais nous avons choisi de communiquer dessus qu'en septembre. Concernant le projet de loi de finances, je pense qu'il risque de couper le circuit des investissements. Les start-ups ont une croissance rapide et ont besoin d'un accès fluide aux financements. À ce niveau, la France risque de s'isoler sur le plan européen.
Comment est-ce que Capitaine Train se rémunère ? Garantissez-vous de vendre les billets au même prix que la SNCF ?
Notre business model est très simple. On négocie une commission avec les opérateurs pour vendre les billets au même prix, en effet. Ils peuvent même être moins chers pour les trajets transfrontaliers, dans la mesure où deux tarifs peuvent être pratiqués par deux compagnies ferroviaires. Nous choisissons le moins élevé. Concernant la marge, elle est très variable selon le cas.
Sur le volet du paiement, comptez-vous faire gagner du temps au voyageur en adoptant par exemple une solution en un clic ?
Pour l'instant, on ne peut régler que par carte bancaire, mais si nous pouvions adopter un système de paiement one clic, je pense qu'on le ferait. En fait, on étudie déjà la question mais cela pose quelques soucis d'ordre technique.
J'imagine que vous avez des projets pour l'avenir. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous en avons plein ! Pour l'instant, on se focalise sur la sortie de l'application mobile, qui sera disponible sous Android et iOS avant la fin de l'année. L'objectif est de grappiller du temps dans le processus d'achat, ce qui pourrait être rendu possible par l'exploitation de la géolocalisation par exemple. Sinon, nous discutons avec d'autres acteurs du train en Europe pour continuer de nous développer à cette échelle.