La sénatrice démocrate de 69 ans, qui participe à la course à la présidence américaine de 2020, veut empêcher les mastodontes du numérique de vendre leurs produits sur leurs propres plateformes.
Sénatrice dans le Massachusetts et Vice-présidente du groupe démocrate de la chambre haute du Congrès américain, Elizabeth Warren est une spécialiste des questions économiques, elle qui fut Conseillère spéciale au secrétaire du Trésor des USA sous la présidence Obama. Ancienne professeur de droit, elle milite depuis des années en faveur de la régulation des marchés financiers. Aujourd'hui, elle s'attaque aux Gafa, qu'elle veut démanteler.
Les entreprises qui génèrent plus de 25 milliards de dollars par an concernées
Dans les sondages, Elizabeth Warren est encore derrière ses concurrents Joe Biden et Bernie Sanders, avec 7 % des suffrages selon les dernières estimations de Morning Consult. Cependant, elle s'illustre de plus en plus dans cette primaire présidentielle du Parti démocrate.La native d'Oklahoma City accuse les géants que sont Google, Facebook, Apple et Amazon d'utiliser leurs propres ressources pour établir un marché à leur guise de façon à éteindre la concurrence. Ainsi, elle souhaite que toutes les entreprises présentes sur un marché, en bourse ou en ligne, dont le chiffre d'affaires annuel dépasse les 25 milliards de dollars, soient désignées comme étant des « utilitaires de plateformes ».
Les géants du numérique perdraient la double casquette
En somme, Elizabeth Warren veut interdire aux sociétés concernées d'utiliser leurs plateformes pour y vendre leurs produits. Cela signifie qu'un géant comme Amazon ne pourrait plus proposer de produits Amazon Basics sur sa Marketplace, que Google ne pourrait plus faire figurer son enceinte Home, ses lunettes Glass et ses autres produits dans Google Search, ou qu'Apple ne pourrait plus distribuer ses propres applications sur l'App Store.Les géants du numérique ne pourraient donc plus jouir de leur double casquette. Si un tel projet venait un jour à être adopté, il constituerait de loin l'argument répressif le plus puissant de la politique américaine antitrust.
Une amende dissuasive de 5 % sur le CA annuel proposée par Warren
Pour dissuader les éventuels réfractaires violant ces exigences, Warren voudraient faire « payer une amende de 5 % du chiffre d'affaires annuel ». De quoi faire de sérieux dégâts... Pour cela, la sénatrice souhaite que les régulateurs fédéraux, les procureurs et les usagers ou entreprises lésés bénéficient d'un droit à poursuivre toute entreprise qui enfreindrait la réglementation.Elizabeth Warren veut que les plus petites entreprises puissent vendre leurs produits sur Amazon sans redouter que le géant du e-commerce ne les dirige vers la faillite, que Google ne rétrograde plus ses concurrents dans Google Search, et que Facebook soit totalement dissocié de WhatsApp et Instagram. « Nous pouvons y arriver. Nous pouvons faire de grands changements structurels. Mais il va falloir un mouvement populaire, et ça commence maintenant », lance la sénatrice.